Formation OpenStack : un passage presque obligé vers le cloud IaaS
Instrument phare de la démarche Open Source pour la mutation des infrastructures vers le cloud, OpenStack suscite une offre et une demande croissante de formations ad-hoc.
Comme pour le cloud en entreprises, ce n'est pas encore la ruée vers OpenStack. Néanmoins, les directions informatiques s'y préparent. Pour preuve, la montée en charge des sessions de formation dédiées à cet écosystème Open Source lié la mutation des infrastructures vers le cloud.
Dernier signe en date, le lancement par la société californienne Mirantis, acteur majeur de la distribution spécialisée OpenStack, d'un programme de partenariat « pour développer la communauté des développeurs OpenStack en Europe ». Cinq pays sont d'ores et déjà desservis : Grèce, Pologne, Slovénie, Pays-Bas, Italie. Et en France ? Cela ne saurait tarder. Confidence de Stéphane Vincent, directeur des offres stratégiques et de l'innovation d'AlterWay : « la discussion est en cours, il reste la partie contractuelle à finaliser ». Cet intégrateur/hébergeur de cloud privés a d'autant plus de raison de figurer en tête de liste des partenaires formation de Mirantis qu'OpenStack est en production depuis deux ans au sein de ses prestations. Avec, depuis début 2013, un programme de formation « pour aider les clients à monter en compétences ».
« OpenStack a dépassé le stade de la confidentialité », avance Damien Boureille, consultant formateur, à qui l'organisme de formation Orsys a confié le cursus dédié ouvert depuis l'automne 2013 avec une session organisée tous les deux mois. «Ce n'est plus un objet de curiosité mais une composante majeure de la progression du cloud computing. On le ressent notamment dans les attentes des participants qui ne viennent plus seulement pour l'évaluer, mais bien pour l'intégrer ».
Chez AlterWay, au rythme d'une session par mois, les déclinaisons du programme de formation répondent à la typologie classique de ce genre de formations destinées principalement aux architectes et administrateurs de systèmes. D'abord évaluer et comprendre les enjeux, puis installer et apprendre à gérer/administrer au jour le jour. S'y ajoute une formation pour les développeurs chargés de l'adaptation de la solution au contexte de l'entreprise : deux jours pour ceux qui maîtrisent Python (langage du framework OpenStack) et qui, du point de vue méthodologique, doivent passer à la pratique de Devops (une approche mettant directement en relation développement et contraintes de l'exploitation); cinq jours pour ceux qui doivent être initiés à la fois à Python et au concept Devops.
Une importante « customisation »
Pour Orsys, selon Damien Boureille, « dans la demande des entreprises se manifestent aussi bien des besoins d'évaluation fonctionnelle que d'intégration de la suite. Dans les cas les plus avancés, des socles sont en production et il s'agit de former des collaborateurs pour poursuivre l'intégration, voire l'exploitation de leur infrastructure ». De fait, la particularité de cette plateforme, conçue a priori pour supporter tous types d'infrastructure – du cloud privé de quelques dizaines de serveurs au cloud public déployant plusieurs centaines de machines – est d'impliquer « une importante customisation », comme le souligne Stéphane Vincent. Une adaptation qui, de plus, doit tenir compte de l'évolution des technologies et des contributions de la communauté. « L'essentiel – et le plus difficile – est d'avoir une vision d'ensemble car le périmètre est large et s'élargit sans cesse », confirme Damien Boureille. Autrement dit, OpenStack a tout d'une solution complexe qui nécessite de se former quel que soit son niveau d'expérience de l'administration d'infrastructure. « Avec pour contrepartie, d'être à la pointe de l'innovation », ajoute Stéphane Vincent
Ainsi, le profil des stagiaires va du décideur informatique, DSI ou directeur technique, souhaitant évaluer les capacités de la plate-forme face à une problématique IaaS, au technicien montant en compétences sur les différentes briques de la suite, en passant par l'architecte ou chef de projet débutant une mise en œuvre de cloud privé. Ce qui, précise Damien Boureille, amène à « composer avec des groupes aux besoins hétérogènes, allant de la découverte pour les besoins de la maîtrise d'ouvrage à la spécialisation pour les besoins de la maîtrise d'oeuvre ».
S'y ajoute une certaine transversalité de la montée en compétences nécessaire, l'écosystème OpenStack se présentant comme un ensemble de briques de technologies en interaction. « Par rapport aux solutions livrées clef en mains, dès lors que l'on a une bonne vision de l'ensemble, il s'agit de profiter pleinement de la modularité que ne proposent pas les solutions propriétaires », commente le formateur d'Orsys. Du coup, cette triple contrainte – hétérogénéité des besoins, transversalité et complexité du sujet –, incite à limiter le nombre de participants par session : « le bon nombre tourne autour de six personnes, voire huit personnes pour les formations de développeurs axées sur la pratique », précise Stéphane Vincent.
L'alternative de la e-formation
Parmi les sociétés ayant d'ores et déjà pris position sur le créneau en France se retrouvent ib-formation (groupe Cegos), m2i, Linagora, Enovance (membre de la fondation et contributeur), Zinux, l'organisme de formation PLB, ou encore la société toulousaine Objectif Libre.
L'autre possibilité de prise en charge de la complexité de cet environnement provient en toute logique des contributeurs majeurs de la fondation OpenStack. « Les éditeurs, comme Red Hat, Suse, Cisco, etc, répondent en jouant de la notion de distribution. L'idée étant de faciliter l'installation et la maintenance par l'ajout de surcouches. Soit un certain degré d'automatisation. Sauf qu'en masquant ainsi la complexité, cela ne vous assure pas que soyez capable de la maîtriser par rapport à vos propres besoins », commente le directeur de l'innovation d'AlterWay. Ce qui justifie, par ailleurs, l'intention affichée par Mirantis, « l'un des gros contributeurs inscrits dans cette dynamique de distribution » de booster l'offre de formation avec des partenaires de proximité.
Dans son approche générique, la fondation OpenStack mise pour sa part sur la diffusion de l'information en ligne avec le portail Training MarketPlace. Un site qui regroupe, notamment une abondante documentation, ainsi que le descriptif des sessions – en anglais pour la plupart – dispensées en ligne par les principaux contributeurs, Red Hat, RackSpace, la fondation Linux, Suse, HP, Mirantis, etc, Sachant là encore que la modalité de la e-formation voire de la classe virtuelle (comme l'organise Red Hat notamment en France, prochaine session en juin) qui joue sur la flexibilité d'organisation, ne saurait répondre que partiellement à la demande croissante en compétences cloud.
Du côté de la demande, chez Orsys comme chez AlterWay, ce sont principalement les grands comptes en phase d'évaluation ou d'intégration du framework qui se manifestent. « Ainsi que des consultants qui se positionnent sur le créneau du service IaaS », précise Stéphane Vincent. «Les sociétés de service qui s'y intéressent le font pour l'instant à la demande de leurs clients finaux, mais cela pourrait changer rapidement », estime Damien Boureille.
Des embauches à la clé
Pour AlterWay, ce cap est franchi avec de plus un volet recrutement. Sauf que trouver du personnel déjà opérationnel sur un thème qui relève encore de la R&D est compliqué. « On a la chance, avec notre institut de formation interne, de pouvoir jouer sur les deux tableaux. Tabler sur des professionnels qui ont un background d'administration système et les former. Ou encore, recruter des juniors qui développent en Python ou qui maîtrisent le développement objet pour les faire travailler sur la partie customisation et les faire monter en compétences sur des projets. Sachant que « ceux qui ont un certain recul sur des projets en production, au delà d'un « proof of concept » sont rares », commente Stéphane Vincent. Combien de temps pour devenir opérationnel ? De quelques jours à une semaine de formation, et des semaines de pratique derrière pour se faire la main, mais il n'y a pas de réponse toute faite », conclut-il.