Didier Renard nommé à la tête de CloudWatt

Cloudwatt a annoncé aujourd'hui la nomination de Didier Renard en remplacement de Patrick Starck. LeMagIT revient sur son parcours et les défis qui l'attendent.

Cloudwatt a annoncé aujourd’hui sur son blog la nomination de Didier Renard à la tête de l’entreprise en remplacement de Patrick Starck qui avait annoncé son départ en début d’année. Patrick Starck, nommé P.-D.G. de Cloudwatt en septembre 2012, avait officiellement quitté ses fonctions fin mars et son intérim avait été assumé par Nadine Pichelot, la directrice financière et responsable RH du fournisseur de cloud. Didier Renard, prendra ses fonctions le 28 avril à la tête du fournisseur de services cloud.

Didier Renard

Didier Renard est le nouveau PDG de Cloudwatt

Didier Renard, 50 ans, est l’actuel dirigeant de Tasker, un courtier en services de cloud basé à Lille qui a réalisé un CA de 141 000 € en 2012. Mais il a une longue carrière dans l’IT. Tout d’abord commercial pour la division services financiers d’IBM, il a ensuite été responsable du contrôle de gestion de Compaq France entre 1997 et 1999, à l’époque ou Patrick Starck en était directeur commercial. Didier Renard est ensuite repassé par la case IBM pour prendre la direction financière des activités d’outsourcing avant de basculer à la direction opérationnelle des systèmes d’information de Crédit Agricole Finaref  puis d’en devenir DSI. Il a enfin été directeur des opérations du pôle services financiers spécialisés de Crédit Agricole S.A. pendant 19 mois, avant de fonder Tasker.

En mars 2013, dans un billet de blog Didier Renard expliquait « que le fait qu'Orange soit actionnaire ne clarifie en rien les offres d'OBS d'une part et de CloudWatt d'autre part ».  Il indiquait alors que le fait qu'Orange soit fournisseur d'infrastructure de CloudWatt était de son point de vue « d'une totale incongruité », car de nature à plomber les coûts de CloudWatt. Et il critiquait le fait qu’Orange « veuille limiter le terrain de jeu de CloudWatt à la France », une stratégie menaçant « de faire de CloudWatt, une sorte de Plan Calcul bis des services d'infrastructure ».

Il soulignait enfin que l’IaaS est un modèle de vente industriel on-line (sous-entendu en direct) et que le fait « qu'OBS réintègre des offres CloudWatt est un canal secondaire de distribution qui ne devrait pas être mis en avant alors même que le canal primaire n'est pas opérationnel ». Une opinion pour le moins curieuse pour le patron d’un broker de cloud, dont le métier était par nature d’être un intermédiaire entre clients et acteurs du cloud.

CloudWatt : A la recherche du temps perdu

Vu de la fenêtre du MagIT, le principal problème de CloudWatt à ce jour n’a pas été son actionnaire mais son inaptitude à intégrer dans les délais prévus les premières briques de son cloud OpenStack. Alors que le fournisseur, par la voix de Philippe Starck et de son directeur de la stratégie et du Marketing Pierre Paperon assurait l’an passé,  dans une interview avec LeMagIT, que la brique compute de son cloud ferait ses premiers pas en mars 2013, cette brique n’est toujours pas disponible commercialement sur le site du fournisseur de cloud. La seule offre vraiment accessible est le succédané de Dropbox, dont on se demande franchement s’il est la vocation du fournisseur. À force de vouloir tout contrôler et développer à façon son cloud OpenStack, CloudWatt a accumulé les retards pendant que ses concurrents lançaient leurs premières offres et séduisaient leurs premiers clients. Ainsi OVH a dans le même temps lancé une offre de cloud vCloud, une offre de cloud Hyper-V et mis au point son cloud de stockage OpenStack (la brique de compute est en bêta fermée). Ikoula de son côté a lancé ses services IaaS basés sur CloudStack tandis que Numergy avançait avec son offre existante VMware tout en poursuivant ses travaux d’intégration d’un cloud OpenStack basé sur la distribution d’HP (CloudOS).

Le problème fondamental de CloudWatt n’est donc sans doute pas Orange, mais le fait que monté ex-nihilo, la structure a vraisemblablement rencontré de gros soucis de croissance et de gestion de projets, sans compter sa dépendance vis-à-vis de fournisseurs de technologie tiers, comme e-novance, dont on peut se demander si elle a aidé ou handicapé la firme. Le pire sans doute est que ce grand moment de gabegie est partiellement financé par le grand emprunt, donc ultimement par nos impôts. Cela ne veut pas dire que l’idée même de CloudWatt est mauvaise. Un acteur de cloud disposant de moyens financiers puissants pour offrir une alternative souveraine aux grands clouds américains n’est pas forcément une idée stupide, tant pour des raisons géostratégiques, que pour fournir une assise au développement d’une industrie IT solide dans notre pays. À condition que cet acteur innove, tienne ses promesses et utilise judicieusement les fonds qui lui ont été confiés. Le mécano qu’est CloudWatt n’a, à ce jour, fait ses preuves sur aucun de ses critères, peut-être par manque d’un vrai gourou technique à sa tête comme dans toute bonne start-up américaine. 

Ce n'est pas le profil qu'ont retenu les actionnaires de Cloudwatt en optant pour un profil d'ex-DSI/responsable financier. Didier Renard a donc désormais la lourde charge de prouver qu'il peut faire de Cloudwatt une structure viable. Ce qui veut sans doute dire qu’il pourra personnellement mettre en pratique certaines des propositions qu’il faisait, il n’y a pas si longtemps sur l'innovation dans une lettre ouverte au Président de la République, François Hollande. Chiche ?

 

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