Oceanet Technology héberge du cloud sur mainframe
Hébergeur français, Oceanet a récemment fait le choix d'ajouter un grand système System z à son infrastructure et l'utilise pour proposer des services de cloud.
Oceanet Technologies est depuis peu le premier hébergeur en France à pouvoir faire tourner des offres de cloud sur mainframe. « Depuis 2007, nous exécutions les machines virtuelles de nos clients sur de classiques serveurs x86. Puis l’idée nous est venue d’ajouter un mainframe à notre parc de serveurs. Car ce matériel est plus fiable, il permet à nos clients de payer moins cher et il nous ouvre même les portes d’une nouvelle clientèle », explique Cyril Pauty, le directeur associé d’Oceanet.
La nouvelle clientèle, ce sont les grands comptes qui disposent déjà d’un mainframe et pour lesquels Oceanet pourrait externaliser des ressources. Mais l’hébergeur vise plus classiquement, dans un premier temps, les entreprises qui utilisent une ou plusieurs bases de données Oracle, ainsi que les éditeurs de logiciels SaaS. « Un mainframe est si puissant sur certaines tâches qu’il a besoin de deux à quatre fois moins de cœurs pour exécuter une base Oracle, ce qui divise d’autant le nombre de licences à acheter. Tout cumulé, la facture logicielle de nos clients peut ainsi baisser d’au moins 30% », explique Cyril Pauty. Quant aux éditeurs, ils verraient les machines virtuelles Linux qui exécutent leurs applications fonctionner 30% plus rapidement, ce qui diminue aussi d’autant le nombre de VM à louer - et de licences à payer - pour supporter une certaine charge.
En revanche, pas question d’exécuter ici des machines virtuelles Windows, le mainframe ne les supporte pas. « Windows représente 35% des machines virtuelles que nous hébergeons aujourd’hui ; il s’agit notamment de tous les logiciels utilisés par les experts compatbles. Ceux-ci resteront donc sur nos serveurs x86 », précise l’hébergeur.
Un tarif spécial pour une utilisation en cloud
Fêtant cette année ses 50 ans d’existence, le mainframe est un ordinateur composé de processeurs dédiés, qu’IBM vend le plus souvent aux banques, aux assurances, aux géants de la distribution et des télécom, ainsi qu'aux grands comptes industriels pour traiter les opérations financières, la facturation... La version qu’Oceanet a installée dans son datacenter de Nantes en février dernier est une nouvelle configuration du dernier modèle, le zEntreprise BC12. BaptiséeELS (Enterprise Linux Server), elle s'appuie sur l'offre IFL (Integrated Facility for Linux) d'IBM qui permet de spécialiser les processeurs d'un grand système IBM pour leur faire éxécuter Linux (en version Red Hat ou Suse). Cette spécialisation Linux permet de payer ses licences d'utilisation bien moins cher que si le processeur était dédié à l'exécution de zOS, l'OS natif des mainframes IBM. Chez Oceanet, châque processeur IFL exécute environ 60 machines virtuelles Linux. La particularité de la configuration ELS, retenue par Oceanet est qu’il faut acheter le Mainframe, avec ses licences et ses trois ans de maintenance incluse, alors qu’habituellement IBM facture la puissance utilisée chaque mois. « L’achat de matériel est le fonctionnement classique pour un hébergeur. À nous d’amortir les lames que nous possédons et à en ajouter des plus modernes au fil du temps ou des besoins croissants de nos clients », commente Cyril Pauty.
L’hébergeur n’a pas souhaité indiquer à quel prix il avait acheté son mainframe. On sait juste qu’une configuration de base, avec comme ici deux lames IFL, coûte officiellement dans les 75.000 dollars. Avant ristourne.
Ne pas avoir peur de l’exotique
Le fait que le mainframe ne soit pas un serveur classique - le nœud central étant constitué de processeurs zEC12 à 5,5 GHz ainsi que de systèmes z/OS-z/VM totalement exotiques - n’a pas effrayé outre mesure Oceanet. « Honnêtement, il s’avère moins compliqué d’installer un mainframe que de relier un stockage SAN à une lame serveur x86. Et puis nous avons l’habitude de nous lancer dans des technologies hors normes. Nous étions déjà parmi les premiers à virtualiser nos firewalls avec des boîtiers Fortinet et à optimiser notre stockage avec des baies Pillar (aujourd’hui rachetées par Oracle, ndlr) », se félicite Cyril Pauty. Il concède néanmoins être épaulé par un spécialiste certifié mainframes IBM, le prestataire Blondeau Informatique. Celui-ci a dépêché chez Oceanet deux techniciens à plein temps, notamment pour former les équipes d’informaticiens et les ingénieurs avant-vente.
Administration facile
Cyril Pauty s’attend à rencontrer 100 fois moins d’incidents sur son mainframe que sur ses serveurs x86. « Outre le fait que la fiabilité de cette machine soit éprouvée, alors que le matériel x86 tombe encore en panne en 2014, il y a aussi l’avantage que l’intégration soit mieux pensée. Par exemple, nous connectons un firewall par châssis mainframe, alors qu’il en faut un par client sur x86, ce qui réduit drastiquement les points de faille possibles », explique l’intéressé.
Il assure superviser l’ensemble avec ses outils classiques, Nagios et Cacti, lesquels disposent de plug-ins pour se connecter aux outils d’administration du mainframe. A terme, il pense utiliser le logiciel Wave d’IBM, lequel permettrait aux clients d’Oceanet de déployer des machines virtuelles à la carte, comme le font déjà certains d’entre eux grâce au logiciel vCloud Center pour les machines virtualisées sur x86 avec VMware.
En définitive, la seule particularité "saillante" du mainframe est physique : sa baie est plus profonde que des racks classiques, ce qui oblige à adapter les couloirs d’un datacenter. « Nous n’avons pas souffert de ce problème du fait que nos autres racks sont eux-mêmes encastrés dans des baies APC plus profondes », conclut Cyril Pauty en précisant que, à la base, ses datacenters avaient été urbanisés par IBM.
Yann Serra