SAP Innovation Forum : l’IT, moteur principal de la transformation des entreprises
A l’occasion de l’Innovation Forum, SAP a cartographié les défis qui entourent l’innovation et a montré comment les entreprises étaient parvenues à se l’approprier.
« Les entreprises qui innovent sont deux fois plus profitables et embauchent quatre fois plus. » C’est par ces chiffres que SAP a ouvert son Innovation Forum dans l’espace Pierre Cardin à Paris. Un leitmotiv que l’éditeur allemand a ensuite décliné en soulignant l’impact majeur de l’IT dans cette « innovation » et l’évolution de la fonction du DSI qui en découle.
« L’entreprise en temps réel est devenue une réalité »
Un forum sur ce sujet ne pouvait néanmoins pas débuter sans avoir défini ce qu’est cette « innovation ». Pour Eric Verniault, responsable du pôle Big Data de l’éditeur, il ne s’agit pas simplement de la conception de produits différents - même si ce point reste central -, mais aussi de la mise en place de nouveaux processus et de l’invention de nouveaux métiers dans un monde à un tournant de son Histoire.
Pour SAP, nous sommes en effet à l’aube d’une « rupture technologique sans précédente ». Eric Verniault s’explique : « plusieurs technologies arrivent à maturité simultanément : le haut-débit, le Cloud, les smart devices. S’ajoutent à cela la baisse des prix du hardware de stockage et la hausse des performances des outils de compressions et analytiques ». Cette convergence ferait de « l’entreprise en temps réel une réalité ».
Concrètement, l’innovation ne serait plus aujourd’hui bridée par les contraintes de la technologie mais au contraire favorisée par elle grâce au « In-Memory », à l’analyse temps réel et aux objets connectés. Autant de domaines où l’éditeur SAP possède par ailleurs des solutions (sa base HANA, son outil de BI Business Object ou encore SAP BusinessWarehouse).
Pirelli, bientôt fournisseur officiel de prédictions pour les assureurs
Au-delà de l’exercice assez convenu d’autopromotion, de nombreux exemples très instructifs d’entreprises ayant initié des transformations par l’IT ont été présentés lors de cette matinée.
De John Deere (qui fait de la maintenance prédictive sur ses appareils agricoles connectés) à Celio (qui optimise sa chaine d'approvisionnements avec la remontée en temps réel de ses ventes en magasins, via Hana en mode SaaS) en passant par la Région Languedoc-Roussillon (qui utilise BO pour analyser les investissements faits avec ses 1,2 milliards d’euros de budgets et fournir des tableaux de bords à ses cadres et produire des données pour les administrés) et Givaudan (un des quatre gros créateurs mondiaux de parfums qui a développé sur HANA un « Compliance Engine » - un moteur de conformité qui apporte une vision claire des innombrables contraintes réglementaires locales imposées aux concepteurs de fragrances).
Sans oublier Pirelli qui a gonflé ses pneus avec des capteurs et qui a acquis depuis une telle capacité d’anticiper les comportements et les risques de ses utilisateurs que le constructeur italien serait en négociation avec des assurances pour revendre ses données et ses modèles prédictifs… se créant au passage un nouveau business entièrement immatériel.
« Le principal frein au changement n’est plus la technologie », insiste le porte-parole de SAP, « c’est la crainte… Il est toujours plus confortable de rester dans une zone de confort. Mais à terme, ne rien changer, c’est la crise assurée ».
La fin de la dichotomie OLAP / OLTP, l’évidence de demain ?
Invités à prendre la suite des clients des solutions SAP, les intégrateurs (Capgemini, Sopra, CSC) confirment. Mais ils soulignent également l’importance d’être bien entouré face à des nouveautés souvent déstabilisantes. « Il ne s’agit pas de sauter dans la piscine [de l’innovation], mais d’y aller avec un maillot de bain », résume de manière imagée Juan Carlos Martinez-Gil de Capgemini. « Il faut accompagner l’apprentissage. Il y a des phases à respecter », acquiesce Gilles Jacob de Sopra, par ailleurs professeur dans une grande école d’ingénieur.
Pour ce dernier, une des révolutions actuelles les plus importantes qui consiste à mélanger analytique et transactionnel n’en sera rapidement plus une. « Pour mes jeunes élèves, une base de données unique avec un référentiel unique, c’est juste normal en entreprise. Ils ne conçoivent pas qu’il ait pu en être autrement », constate-t-il, « HANA, c’est la porte pour le transactionnel analytique […] de la même manière, cela paraitra demain la norme à tout le monde d’avoir mis de l’intelligence dans les transactions ».
Pierre Gousset de SAP France reprendra ce point un peu plus tard : « la genèse de HANA n’est pas technologique, elle est dès le départ le fruit d’une vision qui veut réconcilier action et stratégie » ; faisant ainsi écho à Eric Verniault qui évoquait lui « un seul environnement pour le décisionnel et le transactionnel [avec] la fin de la dichotomie OLAP / OLTP ».
Moteur de l’innovation, le DSI change…
Ces évolutions technologiques « de rupture » et l’innovation ont également des répercutions internes fortes sur le DSI. Un point sur lequel tous les intervenants sont tombés d’accord.
Le DSI de CCPA, une entreprise spécialisée dans la santé animale pour l’élevage, le résume parfaitement. « On passe de celui qui gère ‘l’informatique’, avec son serveur et ses câbles, à celui qui soutient l’activité avec un ‘’Système d’Information’’ ». Même idée chez Gevaudan : « Chez nous, on ne sépare pas les deux. L’IT est dans le business ».
Le DSI de Celio va encore plus loin : « 80% de l’innovation du retail vient de l’IT ». Ce qui - de facto - en fait une personne clef du développement de l’entreprise. « Il faut être force de proposition et en avance de phase. Par exemple, quand nous avons introduit le temps-réel, les métiers n’ont pas tout de suite eu conscience de l’intérêt que cela avait. Ils faisaient un gros batch à la fin de la journée, l’analyse tournait la nuit et c’était bon pour le lendemain ». Un process qui ne permet évidemment pas de faire des promotions à la volée. « Aujourd’hui, cette instantanéité est nécessaire », constate-t-il. Bref, en plus d’être près du terrain, « le DSI doit tenter de projeter les opérationnels dans les métiers de demain ».
« Attention ! », nuance toutefois un des intégrateurs présents, « les métiers sont aussi des malins, ils sont des fois bien en avance sur leurs DSI ».
… les intégrateurs changeront aussi
Quoiqu’il en soit, face à des populations de plus en plus technophiles, le DSI change d’image. Pour le porte-parole de Sopra, il passe clairement du rôle d’empêcheur de tourner en rond à cause de contraintes techniques à celui de force de proposition pour accompagner les métiers.
Mais si les DSI changent, ceux qui les accompagnent également. En conclusion de cette matinée, Gilles Jacob prédit en effet que les prochaines évolutions (plus d’ergonomie, simplification des UI, etc.) vont influer sur les ESN. Pas nécessairement – et même si l’IT a de plus en plus d’impact - en les transformant en spécialistes du conseil en stratégie globale (« il faut respecter le rôle que nos clients décideront de nous donner » prévient-t-il), mais en cherchant par exemple plus de designers pour réaliser ces UI. « L’innovation a un impact RH chez les clients qui cherchent de nouveaux profils comme des statisticiens (NDLR, pour le Big Data). Elle en aura un également un chez les intégrateurs », observe-t-il. Avec une conséquence stratégique : « nous allons certainement devoir remonter dans la chaine de valeur ».