Infor parie sur AWS et réfléchit à Hana, selon son CEO

Dans un entretien, Charles Phillips revient sur sa stratégie en matière de suites pour l’industrie, son positionnement face à SAP et à Oracle ainsi que sur ses ambitions en matière de cloud et de bases de données in-memory.

Charles Phillips est arrivé à un point critique de ses activités chez Infor. Durant les trois dernières années, en tant que CEO, il a beaucoup travaillé à refondre l’offre logicielle du groupe afin de rattraper son retard par rapport aux autres éditeurs qui ont basculé plus vite vers les tendances du cloud et de la consumérisation et affichent des taux de croissance à la hausse.

Bien que toujours focalisé sur ses éléments différenciants - Infor cible avant tout les industries de niche et certains éléments spécifiques à ces industries -, la firme essaie désormais de faire migrer ses clients sur sa suite d’applications récemment lancée. Celles-ci s'appuient sur une plate-forme standard, dotée d’une interface utilisateur cohérente. Elles sont purement hébergées dans le Cloud et sont basées sur le middleware Ion du groupe, qui permet outre une intégration simplifiée le stockage de données.

Même si Infor est le numéro trois sur le marché des applications d’entreprise depuis longtemps - derrière SAP et Oracle -, Phillips décrit le groupe comme « la plus grande start-up du monde », grâce à la transformation totale de l’entreprise qu’il a initiée depuis son arrivée - il occupait auparavant le poste de président d’Oracle, et a notamment mené la stratégie de rachats du géant .

Estimant avoir franchi une étape, celle où les nouveaux produits d’Infor sont prêts pour la commercialisation, Charles Phillips entend désormais  démontrer leur valeur sur un marché déjà très concurrentiel et s'établir en concurrent d'acteurs du cloud bien établis comme Workday et Salesforce.

Parier gros sur Amazon Web Services

Phillips prévoit de faire une importante annonce à la fin du mois qui devrait consolider l’engagement d’Infor dans le Cloud, via notamment un partenariat avec Amazon Web Services (AWS). Il espère qu’en s’alliant avec un ténor du Cloud, il pourra dépasser les autres entreprises du marché en n’ayant pas besoin de bâtir des datacenters spécifiques à Infor dans tous les pays du monde. Facilitant ainsi la migration des applications des clients à très court terme.

Infor espère également que les clients ne se limiteront pas aux seules applications non critiques, à la marge, mais déplaceront l’ensemble de leurs outils industriels dans le Cloud. « Nous misons sur notre expertise en ce domaine et nous serons la première entreprise à faire passer les industries au Cloud. Aujourd’hui, dans nos activités, le cloud concerne le HCM (Human Capital Management) ou le CRM (Customer Relationship Management), des choses périphériques, mais aucune des opérations critiques », indique Phillips. «L’an passé nous avons pris chacune de nos briques, qu’il s’agisse des processus de fabrication, l’intégration produit, la gestion logistique et bien sûr, le HCM et le CRM, et nous les avons toutes intégrées dans une solution complète avec une structure de version identique, que nous pouvons gérer comme une suite. »

Il ajoute : « nous pouvons désormais dire voisi la suite cloud pour l’aérospatial et la Défense, la suite Cloud pour l’industrie automobile. Nous bâtissons désormais des clouds par secteur d'activité, plutôt que de créer des plates-formes génériques. »

Selon lui, Infor a passé beaucoup de temps à perfectionner ses applications pour la plate-forme AWS. Il affirme que son approche qui consiste à prendre le coeur des applications d’entreprise d’une société, plutôt que les solutions typiques en bordure du SI, et de les placer dans le cloud public, est assez osée. Une « voie différente » que jusqu'ici personne n'a empruntée.

Bien que Phillips pense qu’Amazon aidera Infor à « évangéliser » ses suites industrielles dans le cloud, il ajoute qu’AWS était particulièrement pressé de signer l’accord car il souahite prouver aux DSI des entreprises que son environnement d’hébergement n’est pas seulement stable pour y exécuter des processus clés, mais que son cloud public est à la fois sécurisé et efficace.

Phillips affirme également que si un acteur du Saas venait aujourd’hui à naître, un nouveaux Salesforce par exemple, il n’utiliserait à aucun moment l’argent de ses investisseurs pour construire de nouveaux datacenters alors qu’AWS a déjà un elarge empreinte et a investi dans la création d’environnements dernier cri et de classe entreprise. « Nous pensons pouvoir capitaliser sur les investissements d’Amazon - ils sont présents dans 45 pays dans le monde et nous ne ferons que les suivre », soutient-il.

SAP Hana dans le viseur

Avec ses efforts autour du cloud, du middleware et de l’expérience utilisateur, Infor est resté en retrait en matière de développement de technologies in-memory pour l’analyse de données en temps réel - à l’inverse de ses deux principaux concurrents, que sont SAP (avec Hana) et Oracle (avec Exadata), qui en ont fait une des leurs priorités. Toutefois, Phillips ne considère pas cela comme un élément négatif.

« Nous nous occupons toujours d’abord des processus industriels, car c’est notre caractère différenciant. SAP et Oracle aiment d’abord parler technologie car c’est ce qu’ils connaissent et c’est ce que vous pouvez vendre à toutes les industries », explique-t-il. « Mais si nous maitrisons les processus de l’industrie et disposons des données, nous pouvons toujours bâtir la solution Big Data. L’inverse n’est pas vrai - car ce n’est pas parce que vous comprenez le Big Data, que vous comprenez l’industrie. »

Infor a toutefois discute avec SAP autour de Hana. Selon lui, bien que la technologie ait été développée par un concurrent direct, cela ne veut pas dire qu’il est impossible d'envisager de l'utiliser sur le cloud d’Amazon, pour soutenir les applications d’Infor. « Nous travaillons sur plusieurs projets autour du Big Data et du In-Memory. Nous pourrions nous associer à SAP, nous avons été en discussions avec eux autour de Hana et de l'exécution d'Hana sur Amazon. Il n’y aucune raison pour laquelle nous ne pourrions pas le faire », poursuit Phillips. « Nous l’avons testé à partir de données collectées par de nombreux capteurs, par des machines. Les performances ont été meilleures que prévu. »

Toutefois, précise-t-il, aucune décision n’a encore été prise, mais si Infor décide de suivre Hana, il reconnait que cela représentera une victoire pour SAP - étant donné qu’avec cet accord, ce sont deux des trois spécialistes des applications d’entreprise qui utiliseraient la base de données. Toutefois, cela n’inquiète pas Phillips, car il pense qu’avec ses nouvelles applications, il reste de la marge pour aller chercher la base installée de SAP et Oracle.

Il affirme que les clients sont lassés de payer des frais de maintenance et de mise à jour, toujours en augmentation - historiquement une grande source de revenus pour ces fournisseurs. Alors que le coûts induits peuvent désormais excéder les coûts de remplacement des solutions Legacy, par des solutions 100% dans le cloud. « Je pense qu’il existe un vaste marché de remplacement. Il existe des applications Legacy qui ont été personnalisées à outrance et dont les clients ne peuvent plus supporter les coûts de maintenance. Ils finissent pas considérer d’autres options », affirme Phillips.

« Les appels téléphoniques que j'ai le plus fréquemment avec des clients proviennent de personnes sous contrat de maintenance depuis 15 ans avec l’un des deux acteurs, et leurs coûts ne cessent d’augmenter. Il peut désormais être plus avantageux pour eux d’opter pour quelque chose de complètement nouveau au lieu de payer la maintenance. »

Traduit et adapté par la rédaction

 

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