De quoi les campagnes de recrutement 2014 sont-elles le signe ?
Plusieurs centaines de CDI ici, 1 200 recrutements là, des postes à pourvoir par centaines à Paris et en régions, de techniciens, d'ingénieurs, débutants ou expérimentés… Ces campagnes d'annonces sont-elles les mêmes que les années précédentes, surtout destinées à combler le turnover, ou sont-elles le signe d'un redémarrage même modeste de l'économie ?
Ausy, groupe de conseil et d'ingénierie informatique fort de 4 000 personnes, recrutera 1 200 nouveaux collaborateurs en 2014. Infotel, éditeur et entreprise de services du numérique, propose 200 postes en CDI pour étoffer ses équipes de 1 600 personnes. Le groupe de conseil en technologies de l'information Devoteam recrute 500 personnes dont 200 environ pour des créations de postes. La société d'ingénierie logicielle Avisto (Advans Group) recherche 85 ingénieurs débutants ou expérimentés. Business & Decision, spécialiste de la Business Intelligence, a participé à la Semaine de l'emploi dans le numérique début mars pour recruter 400 personnes rien qu'en France. Quant au jeune groupe de conseil et d'ingénierie Eolen, il va recruter au moins 300 personnes alors que son effectif est de 420 personnes aujourd'hui ! Sans parler des Econocom-Osiatis, Capgemini, Atos, Steria… qui annoncent tous des centaines ou des milliers de recrutements.
De nouveaux projets, mais avec un budget en diminution
Notre enquête ne prétend pas à l'exhaustivité. Mais nous avons voulu savoir si ces chiffres, en hausse par rapport aux années précédentes, étaient le signe d'une reprise de l'économie et du redémarrage des projets dans les entreprises. « Pas vraiment », pour Jean-Luc Gallicé, directeur général adjoint de Devoteam Solutions France. « Certes, les entreprises lancent de nouveaux projets mais ceux-ci répondent à des enjeux d'optimisation des coûts et de réduction des budgets informatiques. Il s'agit de faire mieux à meilleur coût, autrement dit d'optimiser le système d'information pour qu'il soit plus performant tout en dégageant du budget pour de nouveaux projets… », explique-t-il.
Catherine Macchia, directeur des ressources humaines (DRH) d'Econocom-Osiatis, se veut plus nuancée : « les entreprises ont été plus discrètes sur leurs recrutements au cours des dernières années, mais aucune d'entre elles n'a arrêté de recruter, ne serait-ce que pour combler le turnover. Il faut montrer que l'on est présent et se faire connaître des jeunes qui vont arriver sur le marché du travail. ». Econocom-Osiatis va recruter plus de 600 personnes en 2014. Avec un turnover moyen de 10%, cela revient à créer au moins 200 postes nouveaux.
Les recrutements se font encore par les canaux classiques
La situation est différente pour Eolen. Lorsqu'il est arrivé à la direction générale du groupe de conseil et d'ingénierie, au début de 2013, Jean-Marc Boussidan a lancé le plan Horizon 2016. Développement international, renforcement de l'antenne de Toulouse, spécialisée en aéronautique, ainsi que du pôle Energie et Sciences de la vie… autant de projets qui conduisent le groupe à recruter 300 nouveaux collaborateurs. « Nous sommes un “petit” acteur du conseil et de l'ingénierie, nous devons donc nous différencier par nos métiers, par notre positionnement et par nos recrutements », affirme-t-il.
Mais c'est là que le bât blesse. Tous ces recruteurs cherchent les « meilleurs », veulent embaucher les « plus performants », ceux qui adhèreront au projet d'entreprise avec enthousiasme et qui sont tout à la fois motivés et passionnés ! Cooptation – 35% des recrutements actuellement chez Devoteam –, sourcing classique, réseaux sociaux et salons restent les canaux de recrutement les plus utilisés. « Nous misons aussi beaucoup sur l'alternance », ajoute Catherine Macchia. Econocom-Osiatis a ainsi dans ses rangs quelque 150 jeunes en alternance dont 80% en moyenne sont embauchés en CDI à l'issue de leur formation.
En conclusion, une petite partie seulement des milliers de recrutements annoncés va concerner de nouveaux projets, essentiellement de transformation et d'optimisation du système d'information. Pour la grande mutation numérique des entreprises françaises et le lancement de projets ambitieux, il semble qu'il faille attendre encore un peu. En 2015 peut-être…