L’Etat enterre le projet de paie unique ONP
Le Premier Ministre a décidé de l'abandon du projet de calculateur de paie unique des 2,5 millions de fonctionnaires, ONP, suites aux dérives et dysfonctionnement du programme.
Le dernier rapport d’audit mené par Jacques Marzin, directeur interministériel des systèmes d’information et de la communication (la DISIC, rattachée aux services du Premier Ministre), aura finalement eu raison du projet d’opérateur national de Paie (ONP) visant à unifier l’ensemble de la paie des fonctionnaires sous un logiciel unique.
Créé en 2007, l’ONP est un service à compétence national rattaché à la Direction Générale des Finances Publiques. à l’origine l’objectif était de devenir l'interlocuteur unique en matière de paie des agents de l'État. L’ONP avait notamment pour mission de faire converger les systèmes de paie de l’Etat en un système unique et intégré pour assurer la chaine de paie des agents de l’Etat. L’ONP devait être alimenté par les Systèmes d'Information des Ressources Humaines (SIRH) des différents ministères et devait à terme devenir l'opérateur unique de la paie des 2,5 millions de fonctionnaires. Le but affiché était à l’origine de réaliser près de 190 M€ d’économies en année pleine grâce à la fusion des applications mais aussi en supprimant près de 3800 des 12000 postes affectés à la paie dans les ministères.
Pilotage défaillant et dérive budgétaire
Un déploiement du système pour la paie des fonctionnaires du ministère de l'agriculture, de l’agroalimentaire et des forêts avait eu lieu le 8 avril 2013, avec plus de 15 mois de retard sur le planning initial et trois autres ministères pilotes devaient être intégrés en 2014, les autres devant intégrer le système en 2016 et 2017. Ce projet est désormais enterré au vu des dérives du pilotage du projet et des nombreux problèmes rencontrés dans sa mise en œuvre. Après 25 M€ de développements (et la promesse de factures additionnelles salées – on parle de 60 M€ par an sur dix ans - pour remédier aux dérives et dysfonctionnement existant), L’Etat n’était, semble-t-il, pas prêt à prendre le risque d’un nouveau fiasco à la Louvois (le progiciel de paie unifié des armées, finalement sacrifié en 2013 après de multiples dysfonctionnements dans la paie des militaires). Le projet a donc été enterré en fin de semaine dernière par le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, l’Etat préférant passer par pertes et profits les dépenses déjà effectuées plutôt que de financer un puit sans fond. Les différents SIRH (systèmes d’information ressources humaines) des ministères ne seront donc pas rattachés à un calculateur SI Paie unique.
Le programme d'uniformisation des SIRH du ministère de l'Economie maintenu
Le programme SIRHIUS qui vise à unifier les SIRH des différentes directions du Ministère de l’Economie poursuit en revanche sa route avec l’objectif d’harmoniser les pratiques RH au sein du Ministère des finances. SIRHIUS devrait à horizon 2015 supplanter les applications AGORA et GAP de la DGFIP, MATHIEU (douanes), MARHS (INSEE), ainsi que celles de la DGCCRF et de la DGT…
Les agents affectés à l’ONP sont pour l’instant dans le plus grand brouillard quant à leur avenir (le programme compte plus de 200 agents contractuels ou titulaires à Paris et Rennes) et n’ont désormais pour seule certitude qu’ils pourront continuer à travailler pour les différents services de Bercy. On ne sait pour l’instant pas quel impact aura l’arrêt du projet sur les différents prestataires. HR Access, la filiale de Sopra, qui avait été préféré à SAP pour l’aptitude de son progiciel à gérer des règles de paie complexe est en première ligne dans l’arrêt de l’ONP même si elle conserve un pied dans Sirius. Accenture et, Logica qui étaient responsables de la gestion de l’ensemble du programme et de l’intégration de systèmes pour la conception, la réalisation et la mise en œuvre du nouveau système pourraient aussi avoir quelques explications à fournir...