Le hackathon, un nouveau canal de recrutement qui s’affirme

Pour identifier et recruter plus rapidement les candidats et les bons profils qui leur manquent, de plus en plus d’entreprises recourent aux concours, challenges et autres hackathons. Ce mode de recrutement est en train de s’installer de façon pérenne.

La société Cenisis, spécialisée dans l’intégration des solutions de data management, organise un challenge SQL pour attirer de nouveaux profils et les recruter. Steria, très satisfaite de la première édition de son Hacking Challenge, un concours de hack, renouvelle l’opération cette année. Microsoft organise également tout au long de l’année des concours en ligne, dont les Windows Apps Maker. Quant à IBM, après avoir lancé un concours de développements d’apps pour Watson, son superordinateur, la société vient de donner une dimension mondiale à son Championnat « Master the Mainframe ». Sans compter les Nuits de l’info, les concours de code, les Game Jams, etc. Autant d’occasions pour les entreprises de repérer parmi les étudiants et les jeunes diplômés qui participent à ces événements ceux qu’elles pourront recruter demain, voire tout de suite.

Car trouver et recruter les bons développeurs est devenu un véritable casse-tête pour les éditeurs et les ESN (ex SSII). Certes, il existe des milliers de CV sur les job boards et autres CVthèques. Mais comment s’assurer que tel développeur maîtrise réellement tel langage de programmation ou qu’il saura s’adapter à un nouveau projet ? En effet, les entreprises manquent d’outils pour évaluer pratiquement les compétences en programmation des développeurs.

Fort de ce constat, la jeune société montpelliéraine CodinGame a créé une plateforme logicielle d’évaluation des capacités de programmation et de mesure des performances des codeurs. « Deux jeunes ayant le même diplôme de la même école n’ont pas du tout les mêmes capacités. Ni le diplôme ni l’expérience professionnelle n’aident à juger un candidat », remarque Aude Barral, co-fondatrice et responsable du marketing de CodinGame.

Le principe de la plateforme CodinGame est simple. Un challenge est sponsorisé par des entreprises, une quinzaine en moyenne, qui ont préalablement publié leurs offres d’emplois et auxquelles les développeurs ont candidaté. Pendant 3 à 5 heures, les développeurs inscrits réalisent en ligne des exercices très ludiques. Un challenge rassemble en moyenne 1 500 développeurs du monde entier. Les entreprises reçoivent ensuite le classement par performance des candidats à leurs annonces d’emplois. « Jusqu’à ce stade, tout est anonyme, le filtre est réellement celui des compétences en codage », précise Aude Barral. Libre ensuite aux entreprises de rencontrer les candidats et… de les recruter.

La plateforme CodinGame a séduit des entreprises comme Nintendo, Parrot, Ubisoft, Adobe ou Dassault Systèmes, mais aussi des plus petites qui y trouvent un moyen d’optimiser leurs recrutements. C’est le cas d’Eveler, une start-up de 6 personnes spécialisée dans les télérelevés des compteurs électriques. Le PDG, Laurent Romeo, a passé 6 mois à rechercher un « très bon ingénieur ». Après avoir reçu une centaine de CV et rencontré une quinzaine de personnes, sans succès, « les meilleurs informaticiens sont en poste », regrette-t-il, il a choisi d’utiliser la plateforme CodinGame. « Je suis un peu geek, j’ai fait le challenge en même temps que les candidats. Celui que j’ai identifié et recruté a fait 80 % des exercices, là où j’en ai fait 75 %. » Et ce candidat répond tellement à ses attentes, qu’il est nommé directeur technique de la start-up !

De même, Asobo Studio, développeur de jeux sur consoles, se félicite de sa participation à 4 challenges CodinGame. « Les concours nous font connaître à des cibles nouvelles, pas seulement des fans de jeux, mais des ingénieurs qui n’envisageaient pas forcément le domaine du jeu vidéo et des profils plus expérimentés », explique Aurélie Belzanne d’Asobo Studio.

Améliorer l’image de l’entreprise

Et s’il ne s’agit pas de recruter immédiatement, les concours contribuent à améliorer la notoriété d’une entreprise et l’aident à identifier les profils intéressants dans un domaine donné. C’est dans cette optique que Steria a lancé en 2013 son Hacking Challenge, un concours de hack réservé aux étudiants des écoles d’ingénieurs et des universités. « Notre objectif est d’abord de renforcer tout à la fois notre notoriété en matière de cybersécurité et notre partenariat avec les écoles », explique Alexis Guillotin, responsable du recrutement chez Steria France. « Nous repérons des étudiants à qui nous proposons des stages ou des alternances, mais le recrutement n’est pas le premier objectif de ce challenge ». L’édition 2013 a rassemblé une centaine d’étudiants venus de 7 écoles. Pour 2014, Steria a déjà enregistré 160 inscriptions.

Pour Aude Barral de CodinGame, il ne fait aucun doute que ces concours sont en train de devenir un nouveau canal de recrutement. « Et ce canal commence parfois à en remplacer d’autres comme, par exemple, le sourcing par les annonces », conclut-elle.

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