Google revend Motorola Mobility à Lenovo
Près de deux ans après son rachat, Google revend Motorola Mobility au chinois Lenovo, laissant ainsi le champ libre aux constructeurs de terminaux Android.
Google vient de décider de céder Motorola Mobility à Lenovo pour environ 2,9 Md$. Pour le chinois, cette acquisition est l’occasion d’accéder à une marque réputée, susceptible d’accélérer son développement sur les marchés occidentaux. Elle fait suite au rachat de l’activité serveurs x86 d’IBM et, avant cela, de celle de Big Blue consacrée à la production d’ordinateurs personnels.
Pour Google, cette cession marque la fin d’une aventure qui aurait pu affecter ses relations avec ses partenaires constructeurs de terminaux mobiles Android. Un exercice auquel s’est livré Microsoft dans la douleur avec ses tablettes Surface, mais dans lequel il persiste à travers de le rachat, l’an passé, de l’activité de production de téléphones mobiles de Nokia.
Mais pour Google, l’important était ailleurs. Avec Motorola Mobility, le créateur d’Android avait mis la main en 2012, pour quelque 12,5 Md$, sur un vaste portefeuille de propriété intellectuelle riche de 24 500 brevets - 17 000 brevets approuvés et 7 500 en cours d’approbation à l’époque. De quoi protéger juridiquement son système d’exploitation mobile et son large éco-système. Avec la division mobilité de Motorola, Mountain View s’offrait ainsi une forme de police d’assurance. L’enjeu était tel qu’un consortium, composé d’Apple, EMC, Ericsson, Microsoft et Sony avait, courant 2011, acquis les brevets de Nortel sur les technologies 4G, notamment, au nez et à la barbe de Google. Microsoft aurait d’ailleurs également été en lice pour racheter Motorola Mobility. Et, déjà, les brevets de Nortel intéressaient Google pour protéger les partenaires Android.
Comme une confirmation d’intérêt quasi-exclusif pour la propriété intellectuelle de Motorola Mobility, le géant du Web n’a cessé, depuis son acquisition d’en réduire les coûts et le périmètre. Moins d’un an après le rachat, Google s’est ainsi séparé de la partie Home de l’américain, qui fabriquait des décodeurs. Surtout, sur le marché de la mobilité, la firme de Mountain View s’est bien gardée de faire de l’ombre à l’éco-système Android, préférant compter sur ses partenaires pour produire ses tablettes et smartphones plutôt que sur Motorola Mobility, malgré l’ouverture, l’an passé, d’une usine au Texas pour les terminaux Moto X.
Accessoirement, à travers cette opération, Google peut apparaître protéger encore un peu plus son éco-système. De fait, il donne les moyens à Lenovo de se poser en concurrent sérieux d’un Samsung qui domine actuellement le marché des terminaux Android, apportant à ce dernier un nouvel équilibre. Selon IDC, il s’est vendu plus d’un milliard de smartphones l’an passé, soit une croissance de plus de 40 % par rapport à 2012. Et Lenovo, bien qu’absent des marchés Nord américain et européen des smartphones, est tout de même parvenu à finir quatrième à l’échelle du monde.