IBM pourrait annoncer la cession de ses serveurs x86 cette semaine
Selon Le Wall Street Journal et nos confrères du Register, IBM pourrait annoncer cette semaine une cession de ses activités serveurs x86. Dell et Fujitsu sont mentionnés comme repreneurs potentiels.
IBM pourrait annoncer cette semaine la cession de ses activités serveurs x86 à l’occasion de l’annonce de ses résultats trimestriels. Selon le Wall Street Journal, Dell pourrait figurer parmi les repreneurs, tandis que nos confrères du Register évoquent aussi des discussions avec Fujitsu. Lenovo, un tant mentionné l’an passé ne serait plus dans la course. Pour Dell, le rachat des activités serveurs x86 de Big Blue serait un moyen de se renforcer sur le haut de gamme serveurs x86, tandis que pour Fujitsu, l'intérêt serait de renforcer significativement une activité serveur qui pâtit du recul des serveurs Unix et aussi de muscler sa présence aux Etats-Unis.
L’activité serveurs x86 d’IBM (System x) est en recul depuis 9 trimestres et sa santé s’est considérablement dégradée en 2013 avec des revenus en recul de -8 %, -11 % et -13 % (chiffres IBM) au cours des trois premiers trimestres, soit sensiblement moins bien que le marché des serveurs x86 (qui a par exemple progressé d'un peu plus de 4% au 3e trimestre selon Gartner). On notera toutefois que la division x86 fait plutôt mieux que l’activité System p (Power), dont les revenus ont plongé de 31 %, 25 % et 37% au cours des mêmes périodes. L’activité serveurs x86 d’IBM pâtit de sa faible taille - son revenu est inférieur au tiers du CA serveurs x86 d'HP, ce qui commence à poser des problèmes d’échelle - et de la faible appétance de Big Blue à rivaliser avec ses concurrents en matière de tarifs.
Guerre des prix et émergence de nouveaux acteurs
Ce dernier point, en particulier, est un problème alors que la bataille tarifaire fait rage sur le marché des serveurs et que de nouveaux concurrents émergent, qui grignotent les marges des constructeurs établis. Comme l’explique Morgan Stanley, les activités serveurs x86 des constructeurs traditionnels sont sous la pression des grands assembleurs et concepteurs chinois tels que Quanta, Wistron, Inventec ou Compal. Ces « ODM » (Original Design Manufacturers) ont commencé à fournir en direct certains grands clients web comme Alibaba, Amazon, Baidu, Facebook, Google ou Tencent, s’emparant de 14,4% du marché des serveurs au 3e trimestre 2013 (contre 9,2% un an plus tôt). En court-circuitant les circuits de distribution traditionnels, ces acteurs sont à même de proposer des prix attractifs aux géants de l’Internet et sont devenus une menace d’autant plus directe pour les grands constructeurs que le marché des clients « hyperscale » représente une part de plus en plus importante du marché des serveurs. Or, le nombre de serveurs vendus dans le cloud augmente et il est logique de penser que le nombre de serveurs vendus en entreprise va reculer, ce qui pourrait alimenter un peu plus la spirale déflationniste.
Le pari du cloud ?
Dans ces conditions, IBM pourrait tenter de faire avec les serveurs x86 ce qu’il a fait avec les PC, c’est-à-dire sortir d’un marché qu’il estime à faible marge pour se recentrer sur des activités plus lucratives. Pour ce qui est de l’infrastructure, le raisonnement est sans doute que plutôt que de vendre des serveurs, il sera plus lucratif à terme de vendre aux clients des VM et des services d'infrastructure en cloud (et dans ce cadre, peu importe le type de serveurs utilisés). Il s’agit d’un vrai pari - qui peut expliquer le rachat de SoftLayer. Mais une telle stratégie mettrait IBM sur une trajectoire de collision avec les géants de l'Internet comme Amazon, Google, ou Microsoft qui ont déjà atteint une taille critique bien supérieure à celle de Big Blue dans le cloud. IBM pourrait ainsi courir le risque de se retrouver dans le cloud dans la position où il se trouve aujourd'hui sur le marché des serveurs : celui d'un acteur trop petit pour se battre avec les leaders du secteur...