Les terminaux Windroid à double OS ont-ils leur place en entreprise ?
Intel mise sur le double support de Windows et d’Android sur un seul terminal afin de permettre à l’IT d’offrir Android aux utilisateurs finaux sans pour autant abandonner Windows.
Intel prévoit de supporter des ordinateurs deux-en-un faisant fonctionner à la fois Windows et Android sur une unique plate-forme. Des constructeurs tels qu’Asus prévoient d’en livrer dès cette année. Les utilisateurs pourront ainsi passer d’un système d’exploitation à l’autre en appuyant sur un simple bouton et choisir la manière dont ils interagissent avec leurs tablettes et ordinateurs, en fonction des applications qu’ils utilisent.
« C’est très intéressant, mais je pense que cela n’est effectivement pertinent que pour les ordinateurs deux-en-un », à savoir capables de faire office de tablette comme d’ordinateur personnel, estime Bob O’Donnell, fondeur de Technalysis Research LLC, un cabinet de conseil basé à Foster City en Californie.
L’idée renvoie aux technologies permettant de dissocier les applications et données professionnelles de l’environnement personnel sur un même terminal, comme Balance de BlackBerry. A la différence près qu’il n’y a, dans ce cas, qu’un seul système d’exploitation sur l’appareil.
L’exécution de deux OS distincts sur un même terminal peut être intéressant pour certains utilisateurs. Android serait pertinent sur un appareil deux-en-un faisant office de tablette, tandis que Windows est adapté à un PC avec lequel on utilise un clavier, relève O’Donnel.
Et l’interface d’Android offre une meilleure expérience utilisateur en mode tactile que Windows 8.1. En outre, les terminaux pourraient également supporter Android et Windows 7, ce qui permettrait aux entreprises d’éviter de migrer sous Windows 8.
Des problèmes de support
Toutefois, les terminaux supportant à la fois Windows et Android pourraient créer des problèmes d’administration et de gestion des applications, ajoutant à la complexité de l’environnement de postes de travail, prévient Wes Miller, analyste chez Directions on Microsoft, cabinet de conseil spécialiste des technologies de l’éditeur de Redmond. Qui plus est, la sécurité d’Android reste une préoccupation, malgré les efforts de Google en faveur de son renforcement en réponse aux attentes des entreprises.
Reste que Brian Krzanich, nouveau Pdg d’Intel, entend fournir une technologie de protection des terminaux suffisamment robuste pour offrir aux appareils Android une sécurité de classe entreprise. Intel prévoit en outre d’intégrer gratuitement des composants de sécurité signés McAfee afin de répondre aux attentes des entreprises.
Mais quoiqu’il en soit, ces terminaux à double système d’exploitation devraient élargir l’accès d’Android aux entreprises, estime Paul DeGroot, consultant chez Pica Communications LLC.
Quel succès ?
Il est trop tôt pour dire si ces appareils à double OS réussiront à séduire, mais il existe bien un besoin pour faire fonctionner des applications tant sous Windows que sous Android. « Cela repose beaucoup sur l'idée qu’Android dispose d’applications qui n’existent pas pour Windows », relève Miller. L’approche du double OS permet d’accéder à ces applications mais pourrait, selon lui, être source de confusion pour les utilisateurs non technophiles.
Toutefois, les applications et les questions de développement logiciel pourraient bien jouer un rôle clé dans l’adoption des appareils à double OS : « il est possible que cela renforce l’attractivité d’Android pour le développement d’applications métiers, » estime ainsi DeGroot. Et les développeurs investissent plus de temps et d’argent dans les applications Android que dans les applications Windows.
Qui plus est, DeGroot relève qu’il est possible de développer des applications métiers pour Android pour les charger ensuite directement sur les terminaux des utilisateurs ou sur le site Web de l’entreprise : « cela n’est pas possible pour les applications Windows 8. Vous devez les faire passer par le magasin applicatif de Microsoft ou les déployer sur les machines Windows 8, » explique DeGroot.
Toutefois, Microsoft pourrait avoir un impact négatif sur les terminaux à double OS. Si ceux-ci n’entrent pas en conflit avec les licences windows, les partenaires de l’éditeur pourraient néanmoins rencontrer quelques obstacles. Pas question pour Microsoft de se couper d’eux, mais pas question non plus d’accompagner la commercialisation de ces produits : « Microsoft aide financièrement les constructeurs dans leur marketing, » relève ainsi une source anonyme, précisant que « les constructeurs ont en réalité des marges si faibles que l’argent de Microsoft est important. Et s’il n’accompagne pas la commercialisation des produits à double OS, cela aura un impact financier. » Microsoft n’a pas souhaité commenter.
En attendant, AMD mise, comme Intel, sur le support des applications Android sur les PC sous Windows, mais en partenariat avec BlueStacks, profitant de sa solution de virtualisation.
Android continuera de progresser
Selon les derniers chiffes de Gartner, quelque 2,5 milliards de terminaux mobiles - PC, tablettes, smartphones - devraient être vendus dans le monde cette année, dont 1,1 milliard sous Android. Pour l’heure, le cabinet n’anticipe toutefois pas que les systèmes à double OS aient un impact majeur sur le marché. Les utilisateurs finaux choisissent leurs terminaux en fonction d’autres paramètres, tels que la taille de l’écran, et retiennent l’OS qui correspond le mieux à leurs besoins principaux, souligne Ranjit Atwal, directeur de recherche au sein du cabinet.
Adapté de l'anglais par la rédaction