L'UE travaille à une harmonisation de l'usage des fréquences UHF pour le haut débit
Un groupe de travail vient d'être créé par l'UE pour optimiser et harmoniser l'usage de la bande UHF (470 -790 MHz) au sein de l'Union, avec en ligne de mire, plus de fréquences pour le haut débit.
Le Commissaire européen Pascal Lamy a pris la tête d’un nouveau groupe de travail chargé de faire des propositions à la Commission européenne sur la façon d'utiliser plus efficacement la bande de fréquences UHF (470-790 MHz) au cours des prochaines décennies. Les travaux menés en conjonctions avec plusieurs diffuseurs et opérateurs télécoms européens, visent à libérer de nouvelles fréquences pour la transmission de données mobiles et à harmoniser l’usage du spectre UHF à l’échelle européenne et s’inscrivent dans de cadre de la stratégie numérique de l’Union. Le groupe doit rendre son rapport final à Neelie Kroes d’ici au mois de juillet 2014.
Selon Kroes « une utilisation plus efficace des radiofréquences en Europe s'impose. C'est pourquoi nous devons dégager un nouveau consensus sur la façon d'utiliser les fréquences destinées à la radiodiffusion et pourquoi j'ai fait de la coordination des attributions de fréquences destinées au haut débit un élément central de notre initiative visant à créer un marché unique des télécommunications.»
Une bande particulièrement intéressante pour les applications internet mobile à haut débit
La bande UHF est particulièrement intéressante pour les applications haut débit mobile car elle est à la fois est bien adaptée à la diffusion à longue portée et parce que les fréquences de cette bande passe bien au travers des murs dans les grandes agglomérations urbaines. Rappelons que la France – à l’instar de la plupart des pays de l’Union - à déjà libéré des fréquences dans la bande des 800 MHz pour la 4G.
Le constat fait par Neelie Kroes (et que leMagIT faisait déjà en 2008)est que l’utilisation de ces fréquences pour la diffusion TV, alors que de plus en plus d’utilisateurs utilisent la réception TV par IP ou par satellite fait de plus en plus figure d’aberration et est pour le moins un gaspillage d’une ressource précieuse.
Le groupe devra donc répondre à plusieurs questions :
- Comment assurer l'intérêt général et procurer des avantages au consommateur tout en facilitant la transformation du marché ?
- Quels sont les aspects stratégiques de l'utilisation des radiofréquences dans la bande UHF compte tenu de la première question ? Quel rôle réglementaire l'UE aurait-elle dans la coordination des développements ?
- Quelles sont les incidences financières d'une plateforme hertzienne de nouvelle génération servant à la radiodiffusion et à Internet ?
Ironiquement, les opérateurs de télévision hexagonaux sont cruellement absents du groupe de travail où seuls TDF (via son P.-D.G. Olivier Huard, ex-SFR) et Orange (via Vivek Badrinath, son patron de l’innovation) sont représentés.
Moins de fréquences pour la TV et plus pour les applications mobiles ?
L’UE rappelle que le secteur du haut débit et celui de la radiodiffusion sont en concurrence pour s'assurer l'utilisation future de cette bande de fréquences, laquelle est un élément essentiel du déploiement de nouveaux services numériques. Et de rappeler que son but est de définir une «vision d'ensemble de la façon dont l'Europe va développer les plateformes hertziennes utilisées par les deux secteurs afin de promouvoir l'investissement dans les services et l'infrastructure ». Il est vraisemblable que le secteur de la télédiffusion ne sortira pas gagnant de l’opération. D’ailleurs en Allemagne, certains télédiffuseurs ont commencé à se retirer de la TNT jugeant la TNT redondante avec les moyens de diffusion par câble, fibre, ADSL et Satellite. À l’inverse, en France, les diffuseurs TV en sont encore à se battre pour des créneaux sur la TNT, alors que ces ressources sont convoitées par des opérateurs mobiles dont les besoins en ressources hertzienne ne cessent de s’accroître afin de faire face à la voracité des utilisateurs mobiles en matière de bande passante (on pourrait remarquer que la même bataille existe entre le CSA et l'Arcep, chacun désireux de protéger son pré-carré).
L’histoire devrait finir par donner raison aux usages mobiles, mais il n’est pas dit que les opérateurs TV se laisseront faire sans traîner des pieds, chacun cherchant à protéger ce qu’il considère comme son pré carré sans vraiment se préoccuper de l’intérêt général. En 2008, nous rappelions que ces stratégies divergentes se traduisent par une gabegie en matière d’investissement, puisque des ressources financières précieuses pourraient être libérées en concentrant la diffusion TV sur le satellite, le câble et la fibre et être réallouées aux déploiements du très haut débit, avec une obligation de « must carry » des services TV. Voilà peut-être une bonne idée pour un gouvernement soucieux de modernité, d’économies et d’efficacité…