IBM crée une division dédiée à Watson pour en accélérer la commercialisation
Fait historique, IBM dédie une division à son système cognitif Watson, afin d’en favoriser la commercialisation. Big Blue compte y injecter 1 Md$ sur plusieurs années, dont 100 M$ seront consacrés à la création d’un écosystème de partenaires, d’entreprises et de développeurs.
Faute d’avoir véritablement trouvé un rythme commercial pour Watson, IBM a annoncé la création d’une division dédiée à sa technologie de système cognitif et un investissement d’un milliard de dollars - distillés sur plusieurs années - pour supporter son développement. Cette nouvelle entité devra donner un élan commercial et technologique au système d’IBM et en étendre la portée, jusqu’alors limitée à des projets dans le domaine des services financiers et bancaires ainsi que dans le domaine très critique de la santé. Watson prend ainsi son autonomie, séparé des activités logiciels, matériels et services d’IBM.
La nouvelle division commerciale, qui regroupera à terme 2 000 personnes et sera basée à New York, symbolise la volonté de Big Blue d’accroître les revenus issus de Watson, alors que 3 ans après la décision du groupe de commercialiser la technologie, ce système d’intelligence artificielle n’aurait généré que 100 millions de dollars de CA, les entreprises peinant encore à intégrer Watson - dont le fait d’arme a notamment été de remporter le jeu TV Jeopardy aux Etats-Unis - dans leurs applications. Certains projets d’implémentations en cours se seraient par ailleurs avérés plus compliqués que prévus - comme par exemple un projet de Citigroup dont les déploiements tardent à voir le jour.
Pourtant, nrappelle le Wall Street Journal, Virginia Rometty, la CEO d'IBM, nourrit de belles ambitions pour Watson : pas moins de 1 Md$ de revenus d’ici à 2018 et 10 Md$ dans 10 ans. Pour elle, Watson et les systèmes cognitives correspondent à une époque clé dans histoire de l'IT. Une étape suffisamment importante pour qu’IBM y dédie une nouvelle division, un fait « historique » chez IBM, indique-t-elle à l’occasion d’une conférence de lancement. « Watson est désormais prêts à être généralisé », soulignera plus tard Mike Rhodin (en illustration), qui dirigera cette nouvelle division, rappelant au passage le poids des travaux des équipes R&D et du logiciel d’IBM qui ont aidé à la création du système.
Créer un écosystème
L’heure est donc à mieux positionner commercialement Watson et à lui fournir une rampe de lancement vers les entreprises. Bref - et selon la formule consacrée - « porter Watson à un niveau supérieur ». Pour cela, IBM promet de porter la technologie dans le cloud et d’en faire un service hébergé sur l’infrastructure SoftLayer, un spécialiste du cloud d'infrastructure racheté en juin dernier pour 2 Md$ - dont la plate-forme formera d’ailleurs le socle de l’offre de cloud public d’IBM. Cette intégration est une façon d’ancrer Watson au portefeuille cloud d’IBM et de l’inclure dans un tout cohérent.
Mike Rhodin, qui jusqu’alors était le vice-président du Software Solutions Group d’IBM, aura la lourde tâche de mettre en musique la stratégie commerciale autour de Watson en tant que patron de la division. Il rapportera directement à Steve Mills, qui dirige le logiciel chez IBM.
Enfin autre levier destiné à étendre la portée de Watson et à favoriser l’éclosion d’un écosystème, 100 millions de dollars (sur le milliards) seront injectés dans un fonds dédié. Il contribuera à épauler notamment le programme Watson Developers Cloud, démarré en novembre et dont l’objectif est d’ouvrir le système Watson aux développeurs. Le programme compte déjà quelque 750 candidats, note Virginia Rometty. Ce fonds doit notamment permettre de faire émerger projets et start-ups, bâtis sur Watson - à l’image de ce qu’a mis en place SAP pour sa base in-memory Hana.
Des applications pour les entreprises
« Nous avons identifié des tendance qui se répètent », résume Michael Rhodin, évoquant les applications d’entreprises qui s’adosseront à Watson. IBM a ainsi dévoilé Watson Engagement Advisor, une application qui permet d’interagir avec les clients et d’instaurer une conversation en langage naturel sur une base de connaissance. Autre application, Watson Discovery Adviser, qui, comme l’indique Michael Rhodin, « permet de trouver les bonnes questions manquantes, et d’identifier » ce qu’il baptise les « zones blanches » dans une somme d’informations et de données.
Michael Rhodin a également annoncé Watson Analytics, un service qui permet d’ interagir avec des jeux des données. « Le système interprète les données, les analyse, les comprend et retourne des graphiques à partir de requêtes ». Ce service sera intégré au cloud d’IBM, confirme-t-il.