Emploi IT : une fin d'année en suspens
Chômage en très léger recul, stagnation de l'offre d'emploi : le secteur IT balance entre attentisme et espoir timide de reprise.
A contre-courant cette fois encore, en novembre 2013, le chômage des informaticiens est en léger recul (de -0,5%, soit 200 demandeurs d'emploi de moins qu'en octobre), là où, tous métiers et tous secteurs confondus, le chômage progresse de +0,5%. En octobre, c'était l'inverse : 600 inscrits de plus en catégorie A pour les métiers relevant des SI et télécom, soit +1,7%, contre une baisse du chômage de 0,6% pour l'ensemble des secteurs.
Pour autant, l'aggravation de la situation enregistrée depuis le début de l'été (29900 inscrits en juin, 31400 en juillet, 34500 en octobre, 34300 en novembre) fait que sur un an, le bilan s'est alourdi de 4400 inscrits supplémentaires pour le secteur IT. Soit une hausse de +14,7%, beaucoup plus sévère que pour l'ensemble des cadres (+7,1%). Et ce, sans compter les métiers du contenu (web/multimedia). En incluant dans le décompte ceux ayant une activité réduite (catégories A,B et C) avec, en novembre 2013, 4900 inscrits en plus qu'un an plus tôt, la hausse pour les métiers SI et télécom est de 13,4%.
Offres d'emploi en recul de 3%
Reste à savoir si décembre confirmera le quasi statu quo pour le trimestre. Comme l'an dernier ? En octobre et novembre 2012, il y avait 29900 informaticiens inscrits à Pôle Emploi en catégorie A, et 30000 en décembre 2012. Il est difficile de déduire une telle tendance pour l'instant des données provenant du relevé mensuel Apec des offres d'emploi de novembre 2013. De fait, pour la fonction informatique, l'offre d'emploi a encore reculé de 3% par rapport à novembre 2012.
Seuls les métiers relevant de la catégorie informatique de gestion enregistrent une croissance de l'offre (+11%) sur douze mois glissants. Pour les autres catégories, l'offre d'emploi est en recul, de -16% pour l'informatique industrielle, de -13% pour les postes d'exploitation et de maintenance IT, de -14% pour les postes de direction informatique, de -3% pour la maîtrise d'ouvrage, de -6% pour les postes systèmes, réseaux et données, de -7% pour les métiers du web. Concernant les annonces diffusées sur Internet, en novembre 2013, l'indice Apec est en recul de 17 points pour le secteur IT par rapport à novembre 2012, en recul de 8 points tous secteurs confondus.
Climat d'incertitude
Diverses études semblent confirmer le climat d'incertitude et de balancement circonspect dans lequel se termine 2013. Pour le baromètre HighTechPros, qui enregistre les demandes de prestations informatique, le mois de novembre s'est avéré le meilleur de l'année (+10% par rapport à novembre 2012), après neuf mois de recul des transactions entre entreprises utilisatrices et prestataires. La hausse des demandes a concerné plus particulièrement les projets CRM, décisionnel, datamining (+ 52 % sur 12 mois) et les projets dits de « nouvelles technologies » (+ 16 %), contrairement aux demandes de prestations mainframe (- 34 %) et systèmes, réseaux, sécurité (- 17 %).
Certains cabinets de recrutement ont cependant observé un timide rebondissement en fin d'année, plus ou moins encourageant selon les secteurs d'activité. Pour le cabinet Hudson, le frémissement était sensible en novembre 2013 pour les secteurs de l'aéronautique, de l'énergie et de l'IT, avec une demande en hausse pour les ingénieurs en lean manufacturing (recherche de productivité oblige) et en spécialistes de la supply chain. A l'opposé de l'attentisme du secteur bancaire qui, selon ce cabinet, pourrait se poursuivre en 2014.
Pour le cabinet Robert Walters, c'est au niveau européen qu'un « retour progressif de la confiance » se fait sentir. Tous métiers et tous pays confondus, l'offre d'emploi était en progression de 5% au troisième trimestre 2013. La France se situant dans la bonne moyenne, avec une hausse de 11% de l'offre d'emploi par rapport au second trimestre (+6% pour l'Allemagne, +5% pour le Royaume-Uni, +22% pour le Luxembourg).
Tops et flops de l'embauche IT 2013
Positionné sur le secteur IT et plus particulièrement sur les métiers du web, le cabinet Clémentine place au rang des « flops » de l'embauche 2013, les spécialités qui ont peu évolué cette année. Il s'agit d'une part, des spécialistes réseaux, qu'ils soient architectes, administrateurs ou techniciens, disciplines qui, avec la fiabilité des installations et la baisse des interventions sur sites réclamées avec le tout IP, sont moins recherchées ou déjà pourvues - la dernière grande vague de recrutements sur ce créneau datant de 2010. Il s'agit d'autre part, des ingénieurs de plateformes de services, « déployées depuis plus de cinq ans maintenant », l'ère étant désormais aux applications « plus flexibles, plus agiles et moins pérennes », expliquent les chargés de mission de ce cabinet de recrutement.
Les « tops » 2013 des métiers IT vont sans surprise aux postes de data scientist, de développeurs d'applications mobile (m-commerce en hausse de 120% au premier semestre 2013 selon la Fevad), de développeurs de jeux video, de même que les postes de responsables acquisition online (liés aux enjeux de la maîtrise de la génération de trafic) et de trafic managers, experts en optimisation SEO, SMO sur les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux, des profils alliant des compétences techniques et fonctionnelles.