Pydio et Red Hat, ensemble pour attaquer le marché français des « Box » d’entreprises
La société Pydio, ex AjaXplorer, prend position sur le marché français, prête à en découdre avec les Dropbox et autres box.net sur le segment des entreprises. Son service de stockage et de partage de fichiers Open Source, qui s’adosse à Red Hat Storage, s’intègre aux SI existants.
Après un passage (bénéfique) par la case Etats-Unis et une alliance technologique clé avec Red Hat, la solution AjaXplorer tente de se positionner sur le marché français avec un nouveau nom de baptème : Pydio (pour Put Your Data In Obit). Son ambition : attaquer le marché très tendance des services de stockage et de partage de fichiers dans le cloud pour entreprises. Un segment déjà bien occupé par des pure-players, comme Dropbox - ce dernier multiplie les ajustements pour séduire cette cible professionnelle - ou encore box.net. Le côté Open Source et entreprise en plus.
AjaxPlorer, un explorateur de fichiers écrit en Ajax, est né en 2007, développé par Charles Du Jeu, un centralien à la recherche d’une alternative à FTP pour son usage personnel. L’outil a gagné en popularité sur Sourceforge et en 2011, compta 350 000 téléchargements. Aujourd’hui, si les Etats-Unis restent la zone la plus demandeuse (50 000 téléchargements), la solution suscite également l’intérêt de la communauté. Quelque 45 000 téléchargements sont ainsi recensés en novembre 2013 dans l’Hexagone (comme en Allemagne). Au total, Pydio affiche 570 000 téléchargements selon le comptage de la société en novembre 2013.
C’est ainsi sous son visage Pydio que la société compte aller séduire les entreprises en France, avec un accent mis sur le développement des grands comptes, souligne Axel Adida, co-fondateur de Pydio, dans un entretien avec la rédaction. Car une des spécificités de Pydio est qu'il s’insère dans les environnements d’entreprise existants.
Une proximité commerciale et technique avec Red Hat
Pour cela, Pydio s’appuie techniquement sur la solution Red Hat Storage de l’éditeur Open Source, née du rachat de la société Gluster. Cette plate-forme de stockage en grappe s’appuie sur un système de fichiers distribué, GlusterFS qui sert de base à l’offre de Pydio. « Deux solutions qui ont une vraie complémentarité technique pour les grands comptes », résume Axel Adida.
« Le logiciel Pydio est installé sur le serveur et peut dialoguer avec tout type de solution de stockage. Pydio est en ce sens agnostique, et ne nécessite pas d’intégration des données », explique Charles Du Jeu, co-fondateur et en charge de la technologie. De son côté, Red Hat fait la même chose en étant plutôt agnostique, côté hardware, et permet de créer des fermes de serveurs basées sur des x86 peu couteux. Red Hat propose ainsi la haute-élasticité, tandis que Pydio apporte cette même élasticité, mais du côté des accès. » Bref, une interface sophistiquée pour les administrateurs et les utilisateurs. En ligne avec une approche de partage et synchronisation multi-terminal, Pydio propose également deux applications pour iOS et Android.
Pydio apparait ainsi comme une couche supplémentaire à GlusterFS. Celui-ci crée un pool de serveurs en interne en agrégeant les ressources existantes de l’entreprise, serveurs on-premise et cloud privé (la dernière version permet également de supporter des environnements de cloud public, mais uniquement dans le cadre d’un PRA). Pydio y ajoute une couche fonctionnelle manquante, liée notamment à la gestion des utilisateurs, des accès, des droits, des méta-données et des mécanismes de partage. Il prend également en charge la création de workspaces, commente encore Charles Du Jeu.
Ainsi GlusterFS apparait pour l’entreprise comme un système de fichiers unifié. Pydio constitue de son côté une surcouche au système de fichiers en divisant les tâches et en s’intégrant à Gluster, mais il ne gère pas les grappes.
« Avec Red Hat, nous partageons lesmême choix technologique, celui de ne pas imposer le choix en matière de stockage », lance Axel Adida, soulignant que Red Hat et Pydio travaillent ensemble d’un point du vue commercial sur le marché français. Si l’entreprise n’a pas d’existant, « on recommande la solution de Red Hat », précise-t-il.
Même son de cloche logique du côté du modèle économique : Pydio propose ainsi une édition communautaire et gratuite de sa solution ainsi qu’une édition entreprise à laquelle vient se greffer une offre du support à l’abonnement. Une offre qui comprend un support de niveau 3, des mises à jour et correctifs de sécurité ainsi que des possibilités de personnalisation, de rebranding du service et de développement d’applications mobiles pour les entreprises - en marque blanche. L’abonnement démarre à 249,60 € par an pour 25 utilisateurs, jusqu’à 4 999, 20 € par an pour 1000 utilisateurs.
Restera alors une question : cet argumentaire, qui repose sur les mérites d’un modèle Open Source, pourrait rappeler celui également agité par OwnCloud, un système de partage de fichiers dans le cloud qui a lui aussi pour vocation de se positionner en frontal à Dropbox et box.net. Et également sur le segment des entreprises. Pour Axel Adida, si en effet Pydio partage la même analyse du marché que OwnCloud, il explique que ce dernier a une portée plus vaste. « OwnCloud propose une offre globale de cloud personnel avec des applications intégrées, des calendriers alors que Pydio ne fait que de la Box ». De plus ajoute-t-il, « Owncloud n’est uniquement qu'un overlay du système ». Ce qui caractérise fortement Pydio par rapport à la concurrence.