MicroStrategy veut porter la DataVizualisation auprès des métiers
Avec MicroStrategy Analytics Desktop et Express, le « pure player » américain de la BI veut séduire les directions métiers, introduire sa plateforme chez de nouveaux clients et contrer des concurrents comme Tableau Software et QlikView.
Depuis 2009, MicroStrategy, le spécialiste de la Business Intelligence, proposait déjà une solution gratuite avec sa Reporting Suite (devenue depuis Analytics Suite), un outil de création de rapports, limité à dix utilisateurs. L’éditeur américain vient de décider d’en lancer deux autres, MicroStrategy Analytics Desktop et MicroStrategy Analytics Express, avec un but bien précis en tête.
Le premier outil, MicroStrategy Analytics Desktop, est une application de bureau, pour Windows, entièrement gratuite et sans limitation dans le temps (licence perpétuelle), pour faire de la Data Visualization « en self-service ».
DataViz et Data Blending en « self-service », sur site et en mode Cloud
Techniquement, il s’agit principalement d’une version locale de Visual Insight (version 9.4.1), la brique de la plateforme BI de MicroStrategy dédiée à la représentation graphique des données. A cette brique s’ajoute des fonctionnalités d’imports (de sources locales - comme un tableau Excel - et de sources externes – Oracle BD, SQL Server, MySQL, NoSQL et même Hadoop) via un jeu de connecteurs ainsi que des capacités de « Data Blending ». Autrement dit, l’outil permet de mélanger des sources de données à la volée et de lier des objets en quelques clics, sans script ni ligne de code (en indiquant par exemple directement dans l’interface de l’application que la colonne « Région » d’un fichier Excel local est la même que la colonne « State & Main Cities » d’une base SQL distante).
Autre point mis en avant par Henri-François Chadeisson, ingénieur avant-vente chez l’éditeur, lors de la présentation à Paris le 27 novembre de cette offre : de « nouvelles formes de modélisations pour faciliter l’analyse ». Une de ces modélisations consiste à mélanger formes et couleurs pour ajouter une information supplémentaire à une représentation. Par exemple, un graphique par barres (voir illustration) permet de voir le nombre d’avions qui arrivent à l’heure dans un aéroport en fonction de la date, mais également si ce résultat est bon ou mauvais (les taux de ponctualité sont modélisés en couleurs).
Dans le même ordre d’idée, MicroStrategy Analytics Desktop propose des matrices de camemberts et automatise la création de cartes (un fichier contenant des codes postaux sera reconnu comme tel et la représentation géographique de ses données par le logiciel pourra se faire directement via des cartes ESRI intégrées).
« Auparavant il fallait faire une demande à l’IT, modifier la couche sémantique, etc… avant de voir que ce n’était pas ce qu’on voulait. Là, l’utilisateur peut faire 15 tableaux, tester tout seul et ne garder que ceux qui collent », promet Henri-François Chadeisson.
Deuxième produit dévoilé, MicroStrategy Analytics Express est la déclinaison Cloud de Desktop. Elle lui ajoute au passage des fonctions de collaboration et de partage (comme la possibilité d’encapsuler des rapports dans une page web). Cette version permet également la création d’applications mobiles simples et possède des fonctions d’exports plus avancées, notamment « pixel-perfect » pour adapter au pixel près les rapports en fonction des supports (impression papier, tablette, etc.).
En revanche, cette version Express est certes gratuite, mais elle est limitée dans le temps (1 an) et en stockage (1 GB). Côté localisation, elle est hébergée dans les centres de données de l’éditeur, à Washington ou à Londres en fonction de la demande de l’utilisateur.
Démocratiser la BI, augmenter la notoriété de MicroStrategy tout en coupant l’herbe sous le pied d’ambitieux concurrents
D’un point de vue stratégique, la gratuité de ces outils a pour but premier de démocratiser l’usage de solutions décisionnelles. « On a beaucoup parlé de démocratisation. Mais les usages sont souvent restés au stade de la consultation de rapport pré-construits, analyse pour le Mag IT le Directeur Marketing de MicroStrategy en France, Idris Bouchehait. Aujourd’hui, on va plus loin en permettant aux utilisateurs finaux de construire eux-mêmes les rapports sans le support de l’informatique. La grande différence avec les solutions actuelles, c’est aussi la possibilité d’évoluer depuis un projet personnel ou départemental vers une BI d’entreprise ».
Car le deuxième objectif, que le directeur ne cache pas, est bien d’introduire sa plateforme chez de nouveaux prospects par un nouveau biais. « Depuis le rachat de nos principaux concurrents (NDLR : Cognos par IBM et Business Object par SAP), nous sommes devenu le principal éditeur pure-player de la BI. Beaucoup de clients ont migré de ces solutions vers notre plateforme pour cette raison », explique Idris Bouchehait. Pour lui, l’explication tient, en parallèle, à la « très bonne image que nous avons auprès des DSI ».
Mais les DSI ne sont plus les seuls à décider des projets analytiques. L’éditeur entend donc attaquer le marché par l’autre bout et travailler sa notoriété auprès de nouveaux prescripteurs : les métiers. Quitte à couper au passage – plus ou moins volontairement - l’herbe sous le pied de concurrents comme Tableau Software ou QlikView.
Même s’il considère ce point comme un objectif stratégique annexe, le Directeur Marketing ne le nie pas : « ce que l’on dit au marché, c’est ‘’pourquoi utiliser des solutions payantes pour faire ce type de DataViz puisque vous pouvez maintenant le faire sans rien payer avec nous ?’’ ».
Mais au final, ce qu’espère avant tout l’éditeur, c’est bien que les métiers, une fois conquis par ces outils, appuieront - voire initieront en interne - des passages à la plateforme MicroStrategy Analytics dans son ensemble.