La surveillance de masse, une menace pour la démocratie
Lors de la présentation de l’édition 2013 de l’index mondial du Web de la World Wide Web Foundation, Time Berners-Lee n’a pas caché son inquiétude face à la menace que constitue la censure pour la démocratie.
La censure du web, notamment en Chine, le contrôle et la coupure d’accès comme les a pratiqués l’Egypte lors du printemps arabe, sont des choses évidentes, perceptibles, visibles. Mais pour Tim Berners-Lee, la surveillance de masse, telle que celle pratiquée par la NSA et par les services de renseignement britanniques, est peut-être plus dangereuse. S’exprimant à l’occasion de la présentation de l’édition 2013 de l’index mondial du Web de la World Wide Web Foundation, le père du Web a ainsi estimé que « l’espionnage » est une forme « insidieuse » de censure, en raison de la peur qu’il peut engendrer, celle de « sentir que quelqu’un est en train de regarder par-dessus votre épaule », au point que les individus risquent de s’auto-censurer et ne plus pouvoir profiter pleinement des ressources du Web « en raison d’une peur sans nom. »
L’index de la World Wide Web Foundation classe désormais le Royaume-Uni en troisième position mondiale, un cran devant les Etats-Unis, avec pour chacun un score global de plus de 95 %, porté par la qualité des contenus outre-Manche, et par l’impact sur la société outre-Atlantique. Mais sur le terrain de l’ouverture et des libertés, le premier se contente d’un score de 73,5 %, contre 71 % pour les Etats-Unis, loin derrière le premier du classement, la Norvège, mais aussi la Finlande, les Pays-Bays, la France, ou encore la Suisse, et à niveau comparable à celui de la Belgique, du Costa Rica ou de l’Espagne.
Lors d’un entretien en octobre 2011, Tim Berners-Lee avait déjà eu l’occasion de souligner l’importance d’Internet et de son ouverture pour le fonctionnement démocratique : « la nature décentralisée d’Internet a joué un rôle important dans son développement. Et sa neutralité, en tant que medium, est très importante, philosophiquement, pour nos sociétés, comme base pour nos démocraties. » Pour lui, chercher à filtrer ou à réguler Internet était déjà « très dangereux. » Quant à une législation prévoyant la déconnexion, comme à l’époque Hadopi en France, Tim Berners-Lee y voyait tout sauf le reflet d’une approche civilisée : « la civilisation, ce ne sont pas des gouvernements qui déconnectent des gens d’Internet parce qu’un membre de la famille a volé de la musique. » Pour lui, Internet est une chance pour les démocraties : « la démocratie se construit sur la communication. Et Internet permet une meilleure communication. »
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