Exigences mal définies : la raison de l’échec des projets externalisés de développement

Une étude commanditée par Micro Focus rapporte qu’en dépit d’une augmentation du recours à l’externalisation pour le développement et le test d’application, un quart des projets échouent.

Si les entreprises ont recours de plus en plus à l’externalisation en matière de développement et de test d’applications, un quart des projets échouent, rapporte une étude récente réalisée par le cabinet Vanson Bourne, pour le compte de Micro Focus et de sa division Borland.

Sur les 590 entreprises sondées (dont 70 en France), toutes ayant un SI motorisé au moins partiellement par un mainframe, 23% font état de projets externalisés qui n’ont pas respecté le cahier des charges et 31% citent des problèmes liés à la livraison dans les temps impartis et au nouveau de service requis.

Un échec évident pour ces entreprises, qui pourtant n’hésitent pas à activer le levier de l’externalisation pour le développement et le test de leurs applications. L’étude révèle ainsi que dans les deux années à venir, la majorité des applications développées - et des tests - seront le fruit d’une externalisation (56% pour le test, 54% pour le développement, contre 47% et 49% aujourd’hui respectivement). L’externalisation est privilégiée parce qu’elle offre aux entreprises sondées un moyen d’action plus rapide que si les développements étaient réalisés en interne (56%) ou parce que s’appuyer sur des compétences tierces, non disponibles en interne, permet justement d’aller toucher d’autres segments (51%). Pour 50%, évidemment, il s’agit d’une question de coût. Et autre signe de forte implication dans l’externalisation des développements, les projets sont en moyenne de taille importante et s’inscrivent sur la durée, notamment car ils portent sur le développement et le test d’applications sur plusieurs plates-formes, note encore l’étude. Applications Cloud (50%), mobiles (48%), orientées clients (48%) par exemple, mais également mainframe pour 45% des entreprises sondées - le coeur de métier de Micro Focus.

Pourtant, en dépit du niveau de criticité élevé des applications placées entre les mains de prestataires tiers, seulement 16% peuvent affirmer ne pas avoir été affectés négativement par un projet externalisé. Ce qui veut ainsi dire que pour 5 entreprises sur 6, l’externalisation n’aura pas été profitable, ou du moins, n’aura pas livré les résultats espérés. 16% parlent même de « cauchemard » ou d’échec total, 26% comme embarrassant et 28% comme ingérables.

Une définition des exigences aléatoire

Les causes ? Le manque voire l’absence de gestion des exigences, ont rapporté la majorité des entreprises. Serait-ce alors un problème d’agilité ? Ainsi 55% citent les trop nombreux changements des critères du cahier des charges intervenus pendant le projet, et 47% l’incompétence des prestataires à pouvoir interpréter correctement ou gérer ces exigences.

Parmi les points bloquants, l’étude identifie notamment le nombre élevé de personnes en charge de définir les exigences. Ainsi 85% des entreprises sondées rapportent s’appuyer sur plusieurs acteurs pour former un cahier des charges. Une tâche d’autant plus difficile que très peu d’entreprises utilisent d’outils adéquats capables de gérer, contrôler et partager ces exigences. La grande majorité s’appuyant encore, à 76%, sur l’inévitable tableur Excel. 73% affirment utiliser des documents écrits de type Word.

Mais ce n’est pas le plus important. Car là où le bât blesse : la définition précise du cahier des charges, et des exigences qui y sont associées, n’est pas un pré-requis des prestataires, dans la majorité des projets. Ce n’est qu’un pré-requis dans 32% des cas, révèle l’étude. Autre élément clé , les entreprises peinent à définir eux-même leurs exigences. Et s’adossent ainsi à un système de modifications des besoins dans le temps, avec une fréquence plus ou moins fluctuante - étonnant lorsqu’on ne possède d’outils de gestion adéquats. 20% des entreprises opèrent des changements une fois par semaine, 21% une fois par quinzaine, 27% une fois par mois. Mais si les exigences de base ne sont pas clairement définies, comment connaître le degré de pertinence de ces modifications, résume l’étude.

Conséquence, souligne Vanson Bourne, seulement 2% des projets externalisés de développement et de test sont livrés complètement finalisés. 31% en moyenne demandent un travail supplémentaire. Plus grave, la hausse des coûts justement provoqués par les modifications à répétition. Seulement 4% n’évoquent pas ces coûts imprévus. Mais pour 47% des entreprises sondées, il s’agirait toutefois d’une stratégie de prestataires pour faire gonfler leur facture. Une façon aussi de comprendre pourquoi ils ne chercheraient pas définir plus précisément les exigences en amont du projet.

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