Merlin, le datacenter eco-efficace de Capgemini
Il y a trois ans, Capgemini a construit dans la ville de Swindon en Angleterre un modèle de datacenter modulaire axé sur l’efficacité énergétique. Descente au coeur de ce centre baptisé Merlin.
Le datacenter Merlin de Capgemini est l’un des centres les plus efficaces en matière de consommation énergétique dans le monde. Mais contrairement à d’autres, il n’est pas situé en Islande ni dans un région scandinave pour être le plus respectueux de l’environnement ou le plus économique. En fait, il s’agit d’un centre modulaire basé à Swindon, en Angleterre (entre Londres et Bristol) qui exploite des techniques de refroidissement naturel, s’adosse à des technologies efficaces et s'inscrit au centre d’une stratégie Green IT.
Une combinaison de plusieurs éléments qui s’étend du choix de l’emplacement à l’investissement dans un équipement de datacenter moderne, d’un ROI planifié et enfin d'une priorité autour de l’efficacité énergétique et du développement durable a permis à la société de services de bâtir son datacenter le plus efficace. «Capgemini possède 35 datacenters dans le monde, dont 5 au Royaume-Uni. Le datacenter Merlin de Swindon est notre centre le plus green et le plus éco-efficace», soutient Paul Hammond, vice président des services d’infrastructure chez Capgemini.
Merlin a été conçu et implémenté en 2010 - il s’agit du centre le plus récent du groupe. «Le développement durable et le Green IT étaient des priorités de notre stratégie, alors que les coûts en énergie allaient grandissants», indique Hammond. A cette époque, certains clients du secteur public commençaient à considérer l’efficacité énergétique comme un critère sensible. Ces éléments ont ainsi été déterminants dans la construction d’une infrastructure de datacenter modulaire dans une ancienne usine Honda, à Swindon.
Une vue panoramique de la stratégie green
Mais pourquoi Swindon ? «Même si la technologie et la latence ont certes progressé, la proximité était un facteur clé dans l’aménagement d’un datacenter, car certains de nos clients disposent d’applications métiers très sensibles à la latence», soutient Hammond.
L’équipe IT a évalué plusieurs sites au Royaume-Uni et Swindon est ressorti comme étant le plus adapté. Les températures froides ne sont pas les seules critères qui affectent l’efficacité énergétique d’un datacenter. C’est également une affaire de qualité de l’air et du taux d’humidité. «Un autre facteur clé est également l’alimentation en électricité. Et construire Merlin sur le site d’une usine automobile signifie que cela n’était pas un problème», explique encore Hammond.
Capgemini recherchait également un site censé minimiser les étapes de la construction. En recyclant une usine automobile, le groupe pouvait réduire l’impact sur l’environnement de la construction, tout en ré-utilisant les infrastructures électriques et télécoms du site.
L’efficacité énergétique de Merlin
L’équipe IT a conçu le datacenter Merlin en ayant à l’esprit un PUE (Power Usage Effectiveness) de moins de 1.1. «C’est certes très ambitieux, mais nous sommes enchanté du niveau d’efficacité et de la qualité green du centre», indique-t-il. Actuellement, le centre offre un PUE compris entre 1.03 et 1.07. Lors des mois d’hiver, lorsque la température ambiante est froide, le datacenter se refroidit par ventilation à l’air libre pour atteindre un PUE de 1.03. Une combinaison de refroidissement à l’air libre et d’électricité durant les mois d’été fait grimper le PUE à 1.07.
L’une des explications de l’efficacité énergétique de Merlin est la modularité de sa conception. Plutôt que de construire un datacenter de 3000 m2 avec toute son infrastructure, Capgemini a préféré assembler des modules à base de racks, augmentant la capacité en fonction de la demande.
Un datacenter modulaire est différent d’un centre traditionnel : son infrastructure est portable, de haute densité pour accélérer les déploiements, favorisant l’efficacité énergétique. Il peut être livré n’importe où dans le monde et monté partout où l’on trouve une alimentation électrique, une connexion réseau et un équipement pour le refroidissement.
Toutefois, avoir à l’esprit un datacenter éco-efficace idéal est une bonne chose. Mais obtenir la validation et les budgets nécessaires du département financier pour en construire un neuf au beau milieu de la récession est plus compliqué. «C’est toujours un un véritable enjeu de convaincre les parties intéressées de la construction d’un nouveau datacenter en plein coeur d’une récession», soutient Hammond. Mais l’équipe IT y est parvenue avec sa stratégie de centre modulaire green. «Grâce à sa modularité, nous n’avions pas besoin de dépenses en capital nécessaires pour bâtir un vaste datacenter tout équipé», ajoute-t-il. «Nous avions juste à distiller les investissements sur les postes clés, comme le site, le WAN, la vidéo-surveillance, le premier module en rack, etc...» Une fois les opérations démarrées et au fur et à mesure de l’arrivée des clients, l’équipe a alors commencé à en augmenter la capacité.
En plus de cette approche modulaire, l’efficacité énergétique du centre peut également être attribuée à la gestion intelligente de l’équipe et à sa stratégie IT. Merlin s’adosse à une construction sophistiquée et utilise les systèmes de gestion d’infrastructure de datacenter de Schneider Electric. «Nos outils de gestion sont très sophistiqués, ils ne font pas que détecter les problèmes du centre. Récemment, un incendie à proximité a fait basculer l’infrastructure sur d’autres modes de refroidissement jusqu’à ce que l’air soit assaini», commente Hammond.
L’une des difficultés en matière d’efficacité énergétique d’un datacenter est l’augmentation de la densité. Le centre consomme davantage d’énergie et le PUE augmente. Mais l’équipe de Capgemini a mis en place une stratégie pour résoudre ce problème. Par exemple, si un nouveau module est ajouté, Capgemini utilise des obturateurs qui coupe la consommation électrique de la partie du module qui n’est pas utilisée. «En isolant les sections du rack, nous sommes sûrs que l’air ou l’énergie injecté sont utilisées pour refroidir les serveurs utilisés plutôt que de refroidir l’ensemble du module», explique-t-il.
L’équipe a également développé une technique pour s’assurer qu’il n’y ait aucune fuite entre les zones chaudes et froides, afin de minimiser le gaspillage énergétique.
Après 3 ans, le datacenter Merlin sert plus de 15 clients de Capgemini des secteurs public et privé. Et la SSII réalise des économies en terme d’électricité, qu’elle peut répercuter sur ses clients. Malgré son utilisation intensive du refroidissement à l’air, l’équipe IT s’est également dotée de générateurs diesel et des systèmes UPS pour une résilience complète.
L’infrastructure IT de Merlin comprend des serveurs standards x86 et des équipements de plusieurs fournisseurs, comme IBM, Dell et HP. «Nous demandons à nos partenaires technologiques de concevoir et de proposer des équipements adaptés à un datacenter modulaire», soutient Hammond. «Nous leur demandons de nous livrer des équipements avec le moins de fioritures : nous retirons en effet de nombreuses pièces inutiles avant de l’adapter à notre datacenter pour en optimiser l’efficacité».
L’équipe IT assure ne pas avoir rencontré de gros problèmes depuis ces trois dernières années. Le datacenter n'a connu aucune interruption, aucune perte d’énergie ni de problème de sécurité.
Bien que la plupart du matériel soit de nouvelle génération, Hammond et son équipe ont récemment ajouté un équipement plus traditionnel dans le centre. «Nous y avons associé des mainframes et des systèmes de stockage patrimoniaux car un client souhaitait faire fonctionner des applications qui convenaient mieux aux mainframes». Mais aucun impact sur l’efficacité et la performance, selon lui.
Le datacenter Merlin est aujourd’hui devenu un exemple pour Capgemini, cherchant à répliquer le modèle pour les coûts et les gains énergétiques. Grâce à ses performances, son efficacité et sa fiabilité, le datacenter héberge des workloads critiques comme des applications SAP et Oracle. «Le centre est également «cloud-ready»», assure Hammond, ajoutant que son équipe cherche à implémenter Skysight - le service d’orchestration cloud développé conjointement par Capgemini et Microsoft. Le groupe compte désormais utiliser les enseignements de Merlin pour quatre autres datacenters. «Nous avons essayé de rendre notre datacenter de Bristol un peu plus éco-efficace, en exploitant des techniques empruntées à Merlin. «Dans le futur, lorsque nous construirons de nouveaux centres ou consoliderons les existants, cela sera basé sur le modèle de Merlin», ajoute Hammond.
La demande en datacenters comme Merlin devrait augmenter au fur et à mesure que les entreprises deviennent plus sensibles à la réduction énergétique, la hausse des coûts de l’électricité aidant, constate Hammond. Il note également un changement d’attitude dans les DSI envers le Green IT. «Il y a trois ans, les technologies durables et le Green IT étaient juste une idée, peu mise en pratique. Mais cela change aujourd’hui, les DSI sont plus intéressés et en font l’une de leurs priorités. Ce sont les DSI du secteur public qui y vont les premiers.»
Traduit et adapté de l'anglais par la rédaction
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