Oracle optimise ses baies ZFS pour ses propres environnements
Les nouvelles baies de stockage ZFS du constructeur, les ZS3-2 et ZS3-4, offrent une intégration renforcée avec les environnements Oracle et notamment Oracle Database et Oracle VM avec le support de la compression en colonne et du protocole OISP.
L’un des secrets les mieux gardés chez Oracle est son offre de baies de stockage basée sur la technologie ZFS, des baies apparues pour la première fois en 2008 et qui ont récemment connu leur seconde mise à jour en cinq ans avec le lancement de la gamme ZS3, quelques jours en amont d’Openworld.
Les premières appliances de stockage ZFS sont nées dans le cadre du projet « Amber Road », lui-même issu des travaux de Sun sur un outil de construction d’appliances de stockage baptisé « FishWorks ». Elles ont permis à Sun de se relancer sur le marché du stockage alors que toutes ses tentatives avaient jusqu’alors été couronnées d’un succès très mitigé. Les appliances ZFS ont notamment été parmi les premières à tirer efficacement parti de la mémoire grâce aux capacités de ZFS d’utiliser la Flash comme un cache rapide en lecture et en écriture. Elles ont aussi été parmi les premières à intégrer la déduplication en mode blocs.
Selon les derniers chiffres publiés par Sun, les appliances ZFS avaient réalisé un CA de moins de 145 M$ en 2009, une performance tout à fait honorable pour une nouvelle ligne de baies de stockage. L’acquisition par Oracle a semble-t-il grippé un peu la mécanique. Selon IDC, les ventes de systèmes de stockage sur disque d’Oracle ont atteint 772 M$ l’an passé (un chiffre qui inclut le stockage embarqué dans des systèmes comme Exadata). La famille d’appliances ZFS (la série 7000) aurait quant à elle contribué au revenu stockage d’Oracle à hauteur de 200 M$. En trois ans, les ventes d’appliances ZFS n’auraient donc progressé que de 11,8 % par an. Selon IDC, elles auraient toutefois bondi de 40% au dernier trimestre 2012.
Un impératif : se développer dans le stockage
Conscient de l'importance du stockage pour sa stratégie de systèmes intégrés et désireux de se développer sur un marché qui reste plus lucratif que celui des serveurs, Oracle entend accélérer sa croissance dans le monde du stocakge. Dès la mi-2011, le constructeur avait annoncé son intention d’optimiser ses systèmes de stockage pour ses applications afin d’en doper l’attrait pour ses clients. Cette annonce s’était déjà traduite par le support de la compression en colonne dans les baies ZFS 7420. Avec les baies ZS3, Oracle a encore poussé plus loin les optimisations pour ses propres environnements.
Deux baies de stockage ZS3
À l’occasion du lancement de la famille ZS3, Oracle a en fait dévoilé deux baies, les ZS3-2 et ZS3-4, qui se différencient par les performances et les capacités d’extensions de leurs contrôleurs.
ZS3 2 :
• Deux contrôleurs en mode actif/actif avec chacun 4 Xeon huit cœurs à 2,1GHz
• 512 Go de RAM
• 0 à 12,8 To de cache SSD en lecture
• Supporte jusqu’à 8 tiroirs de 24 disques (dont jusqu’à 4 peuvent être des SSD utilisés comme cache d’écriture)
• 4 ports 10 Gigabit Ethernet
• Ports optionnels : FC 8Gbit, Infiniband QDR, 10 Gigabit Ethernet
• Port maximum par système (GbE/10GbE/IB/FC) : 32/16/8/16
ZS3 4 :
• Deux contrôleurs en mode actif/actif avec chacun 4 Xeon dix cœurs à 2,1GHz
• 2 To de RAM
• 0 à 12,8 To de cache SSD en lecture
• Supporte jusqu’à 36 tiroirs de 24 disques (dont jusqu’à 4 peuvent être des SSD utilisés comme cache d’écriture)
• 4 ports Gigabit Ethernet
• Ports optionnels : FC 8Gbit, Infiniband QDR, 10 Gigabit Ethernet
• Ports maximum par système (GbE/10GbE/IB/FC) : 40/24/16/16
Les baies Oracle ZS3 sont ainsi les premières baies ZFS à supporter le protocole Oracle Intelligent Storage Protocol (OISP). Ce protocole est notamment utilisé par Oracle Database 12c pour communiquer des métadonnées à la baie afin d’optimiser les performances, simplifier le provisioning et éliminer les erreurs de configuration humaines.
Comme les baies 7420 de la génération précédente, les baies ZS3 supportent aussi la compression de données en colonnes (HCC, Hybrid Columnar Compression) qui permet de réduire de façon drastique l’espace occupé par certaines tables. Oracle fournit notamment l’exemple d’une table d’un datawarehouse dans le secteur du commerce de détail dont l’espace disque est passé de 735 Go à 38 Go grâce à l’utilisation de la compression. D’une façon plus générale, Oracle estime que la compression permet de réduire de 10 à 50 fois l’espace occupé par une base de données, tout en dopant les performances des requêtes par un facteur pouvant atteindre 16 fois.
Toujours pas d'optimisation pour VMware ou pour les environnements Microsoft
Comme les générations précédentes de baies ZFS, les baies ZS3 intègrent des fonctions analytiques en temps réel basées sur la technologie Dtrace de Solaris, qui permettent aux administrateurs de suivre en temps réel les performances de la baie et de ses différents composants (CPU, cache, mémoire, réseau) et aussi d’analyser les performances par protocole ou par application. Selon Oracle, les améliorations apportées à l’OS et au matériel des baies ZS3 permet d’améliorer les temps de réponse de ces systèmes de stockage par un facteur de deux. La mémoire vive par exemple atteint désormais 512 Go sur la baie bi-contrôleurs ZX3-2 et 2 To sur la baie ZS3-4, une capacité de mémoire mise à profit pour le cache mais aussi pour la déduplication et la compression. Il est à noter toutefois qu’Oracle n’a pas tiré profit du lancement des baies ZS3 pour soigner l’intégration de ses baies aux environnements VMware ou Microsoft (la seule concession étant l’intégration à l’API Microsoft VSS pour les snapshots). Il n’est donc toujours pas question de support de protocoles comme VAAI ou ODX. Plus que jamais, les appliances ZFS mettent l’accent sur les environnements Oracle, qu’il s’agisse d’un usage en mode NAS, avec Oracle Database ou Oracle VM. Cela ne veut pas dire qu’elles ne fonctionneront pas avec des environnements tiers (d’ailleurs les baies ZS3 sont certifiées en mode FC et iSCSI pour VMware 5.x), mais simplement qu’elles n’y seront pas forcément aussi bien intégrées et surtout plus complexes à administrer. On aurait sans doute apprécié que dans sa quête d’optimisation pour ses propres environnements, Oracle n’oublie pas qu’il existe tout un monde autour de lui…