Marisol Touraine réoriente le DMP
A l’occasion de la présentation de sa stratégie nationale de santé, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a ré-ajusté le DMP, l’orientant désormais vers les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques. La ministre prône également l’usage de la messagerie sécurisée de santé de l’Asip (MSSanté) pour faciliter les échanges entre personnels de santé.
Le DMP entre dans une phase de ré-orientation. Dans la cadre du lancement de sa stratégie nationale de santé, qui sera présentée prochainement au président François Hollande, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a officiellement confirmé le ré-ajustement du Dossier Médical Personnel (DMP) pour la fin de l’année, limitant la portée de ce vaste projet de e-Santé afin d’en assurer l'éclosion.
A l’occasion d’un point presse, la ministre a ainsi indiqué que le DMP était un outil clé dans le «décloisonnement» des procédures de santé et dans l’échange des données patients entre les professionnels de santé. Mais elle pointe du doigt une mise en place trop ambitieuse. Le DMP est «parti trop vite, de trop haut», sans se préoccuper des professionnels de santé, rappelle la ministre qui entend ainsi réduire la surface d’application du dossier. Ce dossier médical personnalisé de «2e génération» (dixit la Ministre) est désormais réorienté sur des patients atteints de maladie chroniques ou encore les personnes âgées. Autrement dit, pas à l’ensemble des patients, comme le projet original.
Il faut dire que le DMP a tout du serpent du mer. Ce pharaonique projet fait la promesse de centraliser les données et les informations du patient afin d’en faciliter l’accès et le partage avec le personnel de santé. Initié en 2004 par Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé de l’époque, le projet a connu une feuille de route plus que chaotique, peinant à trouver sa place dans la mécanique de santé française. Relancé en 2009 par Roselyn Bachelot, le DMP est finalement devenu accessible à tous les patients en 2011. Accumulant ainsi les retards, faute de séduire le corps médical qui ne pousse pas à son adoption et le transformant à un puits sans fond en matière de coûts, comme l’a rappelé par exemple la Cour des comptes en août 2012.
A ce jour, 381 029 ont été créés, selon le comptage de l’Asip Santé, publié sur son site Internet. Mais, comme nous l’indiquent nos confrères de Ticsanté.com, qui s’appuient sur le rapport d'activité 2012 du groupement de coopération sanitaire (GCS) Alsace e-santé, un peu plus de la moitié (53%) de ces dossiers sont vides - au 31 décembre 2012, seulement 47% contiendraient au moins un document.
MSSanté désormais étendue
Autre mesure souhaitée par Marisol Touraine, et toujours afin de favoriser les échanges entre personnels de santé, encourager l’usage de la messagerie sécurisée de santé (MSSanté), un système développé par l’Asip Santé (Agence des systèmes d’information partagés de santé) - également en charge du DMP et plus globalement du déploiement de la e-Santé en France.
Cette messagerie, qui s’adosse à des solutions Open Source, permet aux personnels de santé intervenant dans le parcours du patient d’échanger de façon sécurisée des informations de santé. Dans le but d’accélérer le partage d’informations et de «décloisonner les échanges entre l’hôpital et la ville dans un contexte où la prise en charge des malades chroniques impose une coopération accrue des acteurs», rappelle l’Asip. Cette messagerie est testée depuis juin dernier auprès de 750 professionnels de santé libéraux.
La semaine dernière, l’Asip a publié les précieuses spécifications de MSSanté - Dossier de Spécifications Fonctionnelles et Techniques (DSFT) - permettant ainsi aux opérateurs ainsi qu’aux établissements de santé, de s’interfacer à la solution et de rendre leurs systèmes compatibles. Deux DSFT sont actuellement disponibles : un premier pour les opérateurs de messagerie, un second pour les éditeurs de clients de messagerie et de logiciels de santé.