IBM : 1 Md$ pour muscler Linux sur Power
Big Blue profite de la LinuxCon qui se tient actuellement à La Nouvelle Orléans pour annoncer un investissement de 1 Md$ dans Linux sur les architectures Power. A la clé, la création d’une centre dédié à Montpellier sur lequel IBM entend mettre à disposition gratuitement un cloud Power.
Face à la chute du marché Unix et des puces Power, quoi de mieux que de multiplier les investissements sur Linux. C'est sans doute la raison qui a poussé IBM a annoncé sa décision d’investir 1 milliard de dollars autour de Linux et des architectures de processeur du groupe. Big Blue, qui fera son annonce à l’occasion de la LinuxCon, qui se tient du 16 au 18 septembre à la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis, a ainsi bien l’intention de marquer les esprits de la communauté Linux.
Ce n’est évidemment pas une première pour IBM, que l’on sait déjà grand supporter de l’OS Open Source. Big Blue avait ainsi investi un premier milliard dans l’environnement Linux au début des années 2000, sentant le vent tourner et observant une bascule vers Linux dans le monde des serveurs (même si ces investissements portaient également sur AIX). Selon le dernier comptage de la Linux Foundation, qui cartographie tous les ans les contributeurs au noyau Linux, IBM serait ainsi responsable de 3,1% des modifications opérées sur Linux (selon les chiffres de septembre 2013).
Depuis, IBM a accéléré sa stratégie autour de Linux en soutenant le portage de l'OS sur ses architectures Power et ses gros systèmes sur l’OS (son initiative Linux sur Power) et en soutenant aussi commercialement l'adoption de l'OS sur ses machines. En juillet dernier par exemple, Big Blue a présenté le PowerLinux 7R4, un serveur haut de gamme Power motorisé par les distributions Red Hat ou Suse. IBM avait au passage évoqué une demande grandissante de Linux sur les architectures Power. De la même façon , IBM soutient la croissance de Linux sur Mainframe via les IFL (Integrated Facility for Linux)
Une des initiatives clés de cette stratégie est le lancement du projet OpenPOWER, annoncé en août dernier et dont l’objectif est d’ouvrir l’architecture Power pour étendre et relancer un écosystème qui tend à se réduire au profit des architectures x86 et ARM. Un constat valide tout aussi bien dans le secteur des datacenters, du cloud et de l’embarqué que dans celui de la mobilité, où Power est innexistant. Dans tous ces secteurs, Linux est aujourd’hui un environnement de prédilection pour les développeurs et les fabricants, bien plus qu’Unix.
Car IBM doit aujourd’hui composer avec un marché UNIX qui s'effondre. Alors que le segment pesait 17,1 Md$ en 2008, il ne représentait plus que 9,18 Md$ en 2012. IBM ne devrait réaliser que 3 Md$ sur ce segment cette année. Une situation très inconfortable pour Big Blue, qui pourrait avoir des conséquences sur sa division MicroElectronics (qui développe et fabrique les puces Power), écrivions-nous à la fin août. Trouver un second souffle dans Linux est un impératif pour IBM.
Un cloud Power de test à Montpellier
C’est dans ce contexte que la firme prévoit d’investir 1 Md$ sur quatre ou cinq ans, nous indique le très bien informé Wall Street Journal. Le projet de Big Blue s’articulera notamment autour de la création d’un nouveau centre dédié à Linux sur les architectures Power sur le site de Montpellier, assure Brad McCredie, le vice président du développement POWER chez IBM. A Montpellier, IBM dispose de deux datacenters, dont un qui dispose de capacités d’hébergement de cloud public pour entreprises dévoilées il y a un an. IBM s’appuiera sur cette infrastructure locale pour fournir gratuitement un cloud à base de serveurs Power pour tester les applications Linux, Unix et i, indique encore le WSJ.
«Notre relation avec les développeurs Linux est une très haute priorité pour nous et vous pouvez vous attendre à ce qu’on passe de la parole aux actes», avait assuré Arvind Krishna, directeur général du développement et de la fabrication, au sein de la division Systems & Technology Group d’IBM, dans un billet de blog, publié par la Linux Foundation, en amont de la LinuxCon. Dont acte.