Red Hat affiche ses ambitions avec Red Hat Storage

Red Hat Storage 2.1, lancé la semaine dernière, est la solution de stockage mise en avant par l'éditeur pour OpenStack et pour le stockage non structuré à grande échelle. Avec comme principaux arguments, l'ouverture et le prix.

Red Hat a mis à jour la semaine dernière sa solution de stockage en cluster Red Hat Storage en lui ajoutant notamment un support des API OpenStack, en renforçant ses capacités de géo-réplication et en fournissant également de multiples améliorations en matière d’administration. La firme a également amélioré son support du protocole de partage de fichier CIFS (toujours en version SMB 2.x) et promet à terme des évolutions pour supporter le stockage en mode bloc (notamment via le support de l’API Cinder d’OpenStack). Comme l’explique Alexandre Kusic, en charge du développement de l’offre stockage de Red Hat en France, l’objectif est à terme de faire de Red Hat Storage la solution de stockage naturelle pour les environnements Red Hat et OpenStack. Notons également que Red Hat propose désormais à ses clients la possibilité d’évaluer gratuitement le logiciel via un programme d’essai basé sur une collaboration avec Amazon Web Services (AWS).

Une solution pour OpenStack et le stockage non structuré à grande échelle

Red Hat Storage 2.1 est le produit de l’union entre la distribution Linux de l’éditeur et GlusterFS, un système de fichiers distribué libre dont Red Hat a racheté l’éditeur en 2011. Le logiciel est conçu pour s’installer sur toute forme de serveurs x86, même si Red Hat a validé plusieurs serveurs plus spécifiquement adaptés à un usage orienté stockage, comme les Proliant SL4540 et SL4545 d’HP (capables d’accueillir jusqu’à 50 disques de 4 To et 2 contrôleurs Xeon ou Opteron dans 4,3U). L’éditeur fournit en fait des architectures de référence, mais ce sont ses clients ou ses intégrateurs qui choisissent la combinaison de matériels la mieux adaptée à leurs besoins. En général, l'objectif est de fournir une infrastructure pour le stockage de fichiers à grande échelle, pour l'archivage de documents ou une infrastructure de stockage objet pour un cloud.

Comme l’explique Alexandre Kusic, les clients typiques de Red Hat Storage ont soit développé une compétence interne sur le logiciel et interagissent directement avec le support de Red Hat en cas de besoin, soit ils s’appuient sur les compétences d’un intégrateur pour supporter leurs déploiements. Red Hat met en avant un coût radicalement inférieur à celui des solutions de stockage traditionnelles, comme celles fournies par EMC, NetApp, Dell, HP ou IBM : son logiciel de stocakge est ainsi facturé au nœud serveur et non pas à la capacité, ce qui permet pour des besoins de stockage en grand volume et à faible valeur d’obtenir un coût au gigaoctet très bas.

En l’état, chaque nœud Red Hat Storage 2.1 est un nœud Red Hat Linux 6.4, dont l’espace de stockage est formaté avec le système de fichiers XFS. Les volumes XFS sont consommés par la couche de fichier en cluster GlusterFS et mis à disposition d’un pool global accessible via des protocoles en mode objet et fichiers ( et à terme via des protocoles en mode blocs). Dans l'architecture en cluster de Red Hat, il n'y a pas de single point of failure, la gestion des métadonnées étant distribuée entre les noeuds (chaque noeud est en fait à même de localiser une copie d'un fichier en fonction de son "hash"). Pour l’instant, le support du mode blocs via l’API OpenStack Cinder est encore limité à la version communautaire du système de fichiers. Il devrait prochainement apparaître dans la version « commerciale », ce qui permettra à Red Hat Storage de fournir des services en mode blocs persistants pour les VM dans OpenStack. Il est à noter en revanche que Red Hat Storage ne supporte pas les protocoles en mode blocs traditionnels, comme iSCSI ou Fibre Channel.

Dans sa version 2.1, le logiciel est pour la première fois capable de servir de stockage sous-jacent à la distribution OpenStack de Red Hat. Le logiciel supporte notamment la fourniture de services de stockage objet via l’API Swift et supporte les API Cinder et le service d’image Glance. Il est aussi capable de fournir le stockage sous-jacent à un cluster Hadoop via une couche de compatibilité.

Fournir une pile d'infrastructure intégrée pour le cloud

Architecture de Red Hat storage
Architecture de Red Hat storage

Red Hat, qui a largement raté la première vague de la virtualisation, semble tout miser sur OpenStack pour se rattraper. Et dans ce cadre, Red Hat Storage a un rôle important à jouer, puisqu’il permet à l’éditeur de fournir une pile logicielle complète allant du stockage au compute en passant la virtualisation de réseau et l’administration et l’automatisation de cloud. De quoi lui permettre, au moins sur le papier, de rivaliser avec le couple Microsoft Hyper-V + System Center, avec VMware vCloud mais aussi avec de nouveaux acteurs comme Ubuntu ou Suse qui eux aussi sont en train d’assembler des piles intégrées (en s’appuyant pour la partie bloc du système de fichier distribué Ceph).

Au delà de cette vision large, Red Hat n’en oublie pas de soigner les détails et a notamment amélioré les capacités de géo-réplication asynchrones de son OS de stockage qui permettent à un administrateur de définir les politiques de réplication et de duplication des objets à l’échelle d’un cluster distribué entre plusieurs datacenters. De telles capacités de géo-réplication sont essentielles pour assurer l’intégrité des données, mais aussi pour la continuité d’activité d’un cloud à grande échelle.

Le chemin reste toutefois encore long pour arriver à la parité fonctionnelle avec d’autres plates-formes du marché. Red Hat Storage ne fournit ainsi aucune fonction "d’erasure coding" (la technologie la plus avancée du marché pour la protection du stockage objet). L’"erasure coding" est une fonctionnalité standard des plates-formes de stockage objets plus mures, comme celles du français Scality (utilisée par exemple par SFR) ou comme Amplidata. De même, Red Hat Storage ne supporte aucune fonction de compression ou de déduplication de données. Enfin, si Red Hat Storage 2.1 apporte le support très attendu de SMB 2.0 (au lieu de 1.0 précédemment), la plupart des plates-formes de stockage de fichiers modernes  (comme les VNC d’EMC, les FAS de NetApp, mais aussi tous les NAS à base de Samba 4.0, par exemple) ont basculé vers SMB 3.0, le protocole utilisé par Windows Server 2012 et par Windows 8. Si Red Hat indique travailler sur le support de SMB 3.0, aucun calendrier ferme n’a été défini pour sa disponibilité. Notons enfin, que Red Hat Storage, dans sa version actuelle, ne supporte aucune forme de tiering de données ou de qualité de service.

Les prix pour Red Hat Storage 2.1 débutent à 5 000 $ par nœud de stockage et par an, une structure tarifaire qui encourage à la création de nœuds très capacitifs. Par exemple, cela permet d’assembler un serveur HP 4545 avec deux nœuds Opteron et 50 disques de 4 To pour moins de 60 000 €, logiciels compris sur trois ans. Soit 30 centimes d’euros par Go (prix catalogue). On imagine qu’un grand client obtiendra un prix bien plus agressif (entre 30 et 45% inférieur sans doute).

 

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