La stratégie télécoms de Vivendi en phase terminale
Vivendi devrait prochainement se séparer de sa filiale SFR et rendre sa liberté à l'opérateur. Le groupe achève ainsi l'enterrement de près de dix ans de stratégie de développement dans les télécoms.
Le Conseil de surveillance de Vivendi, qui a déjà confirmé récemment la cession d’une large partie de la participation du groupe dans l’éditeur de jeux électroniques Activision Blizzard et la cession de sa participation dans l’opérateur télécom Marco Telecom, a annoncé son intention de mettre à l‘étude une scission du groupe en deux sociétés distinctes.
L’objectif serait de redonner sa liberté à SFR, sa filiale télécoms française, et d’en faire une société autonome cotée en bourse. SFR acquerrait ainsi « une plus grande liberté stratégique et de partenariat », selon Vivendi. « Elle bénéficierait pleinement de l’amélioration de ses performances grâce à la transformation en profondeur de son mode de gestion, ainsi que de la revalorisation du secteur permise par l’explosion des usages autour de l’internet à très haut débit, fixe ou mobile, et des objets connectés » indique ainsi le groupe dans un communiqué.
Vivendi, dont le cours de bourse est pénalisé par une décote de holding espère ainsi que la valorisation de l’ensemble de ses parties sera supérieure à celle de son tout. La firme indique que « le projet de scission devrait créer une valeur importante pour les actionnaires en leur donnant l’opportunité d’être investis dans deux véhicules bien différenciés évalués selon les normes propres à leur métier ». La sortie de SFR du groupe Vivendi pourrait en faire une cible plus tentante pour un éventuel acquéreur, dans le cadre de la consolidation actuellement en cours sur le marché européen. SFR pourrait par exemple intéresser son ancien partenaire Vodafone, un groupe comme le mexicain America Movil ou l’un des opérateurs moyen-orientaux soucieux désireux de se déployer sur le continent européen.
Notons pour la petite histoire que l’annonce de Vivendi est l’ultime aboutissement du « coup » mené par Jean-René Fourtou, 74 ans contre Jean-Bernard Levy qui avait passé la dernière décennie a faire de Vivendi un acteur qui compte dans le secteur des télécoms avec SFR, Maroc Telecom, GVT au Brésil… Désavoué, Lévy, 58 ans, a quitté le groupe en juin 2012 suite à ses divergences de vues avec Fourtou. Désormais à la tête de Thales, il assiste, de l’extérieur, au détricotage de 10 ans de stratégie industrielle pour des raisons financières.
La cession d’Activision Blizzard et de Maroc Telecom ainsi que la séparation d’avec SFR devrait priver Vivendi d’environ 60% de son CA (sur la base des résultats publiés du 1er trimestre 2013) et de 77% de son résultat opérationnel. Mais elle est déjà saluée par les marchés : Vivendi a vu son cours progresser de 2,66% suite à l'annonce.