Entretien avec Emmanuel Serrurier, DG Informatica France (2e partie)
Nous publions ici la 2e partie de notre entretien avec Emmanuel Serrurier, le directeur général d’Informatica en France. Après avoir abordé le repositionnement de la société autour de son concept de Virtual Data Machine, Vibe, ainsi que son chargement d’identité, il revient aujourd’hui sur les activités du groupe en France. Un pays où le Master Data Management a le vent en poupe.
« Le MDM, comme moteur de la croissance en France »
LeMagIT.fr : Comment se portent les activités d’Informatica en France ?
Emmanuel Serrurier : En France, on a eu un premier semestre extrêmement dense riche en ventes et concrétisation de projets. On parle de la crise, mais nos clients ont compris que la donnée était vitale et que l'analyse et la qualité des données sont devenues critiques. Au premier semestre, Informatica en France a fait de bons résultats et notamment sur le MDM. EDF, déjà un grand client Informatica, nous a retenu sur un projet stratégique côté hydraulique, dans son coeur de métier. Le groupe refond son SI «from scratch» et pour ce faire, a décidé de mettre en place une plate-forme MDM. Banque de France, historiquement un autre grand client Informatica, pour sa conformité réglementaire a aussi décidé de mettre en place un MDM Informatica. Citons également GE Money Banque, un client Informatica aux Etats-Unis mais pas en France, qui a décidé de retenir nos solutions. Ils ont finalement retenu notre approche pour sa complémentarité avec leur outil de qualité de données, une problématique clé pour eux.
A côté de ça, d'autres clients continuent de développer sur une plate-forme Informatica, comme Axa IM ou Eurocopter qui déploie la version Real Time. Enfin, certains clients historiques partent sur des nouvelles offres, comme L'Oréal, premier client mondial de notre nouvelle offre DIH (Data Integration Hub - un hub d'intégration de données par lequel transitent tous les flux, y compris les flux temps réel, avec une couche de gestion des partenaires qui adhèrent à cette plate-forme. Cette offre sera présentée en France lors d’Informatica Day, le 10 octobre prochain NDLR). Nous travaillons également de plus en plus depuis la France sur des projets internationaux. Nous avons ainsi signé la phase pilote d'un projet mondiale avec ST Microelectronics autour du MDM.
LeMagIT.fr : Comment expliquez-vous cet Intérêt pour le MDM ?
E.S : Les entreprises ont pensé qu'avec les fusions-acquisitions, les systèmes d'information allaient devenir presque homogènes, avec peu d'intégration. Puis elles se sont rendues compte que ce n'était pas le cas. SAP, IBM ou Oracle ont racheté des sociétés, mais n'ont pas le temps ou la volonté d'intégrer les ERP entre eux. On trouve toujours du Siebel sur le marché ainsi que du PeopleSoft aux côtés d’eBusiness Application. Chez SAP, il existe plusieurs versions de l'ERP avec des modèles de données différents. Les entreprises sont donc obligées, si elles souhaitent avoir une vision unique de l'information et gérer ainsi le «Golden Record», de mettre en place un référentiel avec une gouvernance ainsi que des processus de gestion avec des applications opérationnelles.
LeMagIT.fr : C’est le cas pour la France ?
E.S : En France, on continue de générer des revenus sur l'intégration de données, car nous sommes connus sur ce segment. La croissance vient de nouvelles offres mises en place comme le MDM. On continue de réaliser un chiffre d’affaires significatif avec l'intégration de données, mais pour atteindre la croissance souhaitée, il faut d'autres leviers, comme ceux du MDM, du DIH de l'ILM (notamment le data masking), où on a réalisé nos premières signatures. Au niveau mondial, le MDM représente au final 20% du CA total. L'intégration de données va représenter aujourd'hui quelque 50%. La France quant à elle est nettement meilleure sur le segment du MDM.
LeMagIT.fr : Quelle est la place du Cloud dans cette équation (10% au niveau monde) ?
E.S : Nous ne sommes pas encore sur la même échelle, car nous avons une structure Cloud qui est européenne et non dédiée à la France. Néanmoins, nous avons gagné des références, surtout des clients existants, pour étendre leur système ou pour un besoin métier. Comme Europcar et L'Oréal. Le Cloud avance plus rapidement aux Etats-Unis. En France, il existe toujours des interrogations sur la localisation de la donnée. Quelques ventes ont été réalisées ce dernier trimestre en France.
LeMagIT.fr : Terminons enfin sur la qualité des données : la notion a-t-elle évolué ?
E.S : Nous avons nettement progressé pour deux raisons : Nous avons assisté à une vraie prise de conscience des entreprises quant à l’utilité des données, et donc de leur consistance. Nous avons dépassé le simple fait de récupérer les données. En parallèle, de nombreuses contraintes réglementaires ont été mises en place dans différents secteurs d'activité, comme l'assurance, la banque et les laboratoires pharmaceutiques. Si une entreprise n’est pas capable de démontrer la qualité de la donnée à disposition et prouver son historique de constitution, elle peut être pénalisée. Rappelons qu'Informatica a racheté AdressDoctor il y a quelques années, une société spécialisée dans la fourniture et la vérification d'adresses. Informatica y fait certifier ses contenus pour le marché français. Aujourd'hui, quand une entreprise s'appuie sur les contenus fournis par Informatica, elle a la garantie d'une certification - et également d'une facture moins chère en termes d'affranchissement. La brique qualité des données est également intégrée dans notre offre MDM.