SFR et Bull retenus pour le second projet de cloud bleu-blanc-rouge
Dans le cadre du projet Andromède, un consortium composé de Bull et SFR va finalement recevoir la seconde enveloppe de financement de 75 M€ de l'Etat pour développer une offre de cloud d'infrastructure en France. Il concurrencera l'offre bâtie par le couple Orange/Thales.
On connaît finalement le nom des participants du consortium de fourniture de cloud qui bénéficiera de la seconde enveloppe de 75 M€ d’investissement prévue par l’État pour la mise en œuvre de grandes “centrales numériques” en France. Après avoir été abandonné en rase campagne par son partenaire Dassault Systèmes, SFR a finalement décidé de s’associer à Bull pour lancer en France une offre de cloud d’infrastructure à grande échelle. La société réunissant les deux partenaires ainsi que la Caisse des dépôts et consignations (qui apportera les 75 M€ de l’État via le Fonds national pour la société numérique – FSN-) va, comme la structure Thales/Orange/CDC, investir 225 M€ dont 47 % apportés par SFR, 20 % apportés Bull et le solde par la CDC. Selon un communiqué, le projet devrait générer environ 400 emplois directs. le nom final de la société n'a pas été précisé.
"L'objet de cette société commune est de construire et d'exploiter une 'centrale numérique de confiance'" explique le communiqué. Il s’agit de fournir aux entreprises et aux administrations une gamme de services de cloud computing sécurisés, couvrant les besoins en ressources informatiques, des plus courants aux plus critique. “Ces services seront disponibles dans les semaines à venir”, expliquent Bull et SFR.
Avec ce nouvel investissement de l’État, on y voit désormais un peu plus clair dans le paysage du cloud bleu blanc rouge. Dopés à l’argent public, les deux consortiums sélectionnés (Orange/Thales d’un côté et Bull/SFR de l’autre) devraient logiquement s’imposer comme deux des acteurs clés de la fourniture d’infrastructures en nuage dans l’hexagone. Leur mission sera d’offrir une alternative “européenne” – on évite de dire française pour ne pas fâcher les autorités de la concurrence de l’Union, qui pourrait s’émouvoir d’un tel déversement d’argent public sur des acteurs privés aux géants internationaux que sont Amazon et RackSpace, mais aussi aux services d’acteurs comme HP, Microsoft ou IBM.
Des clouds basés sur des technologies libres
Si des inconnues restent à lever dans ce paysage en cours de constitution, on commence à avoir quelques certitudes sur les technologies qui seront utilisées. Le couple Orange/Thales semble être parti pour faire usage de technologies de cloud open source (OpenStack ou CloudStack ?). Bull et SFR ont quant à eux confirmé dans leur communiqué qu’ils entendaient mettre en œuvre des technologies open source (là encore sans préciser quelle sera la couche d’automatisation mise en œuvre). Ce choix semble logique, Bull étant un grand spécialiste des infrastructures open source et ayant participé à la plupart des projets français et européens de recherche sur les technologies de cloud libres. Du coup les grands perdants dans l’histoire pourraient être HP et Microsoft les partenaires cloud historiques de SFR (VMware étant le grand perdant dans le cas d’Orange/Thales). On voit en effet mal Bull accepter de faire tourner des serveurs HP dans son propre cloud… Quand à Hyper-V, il n’a rien à faire dans un environnement open source.
Un déversement d'argent public qui ignore les efforts des petits acteurs
Pour le reste les réserves d’usage s’appliquent : "Le cloud computing est un enjeu de compétitivité majeur pour toute l'économie française et européenne. Pour relever ce défi, nous sommes fiers de bâtir une usine numérique innovante et ouverte, abritant des infrastructures fiables où fournisseurs et utilisateurs trouveront les ressources dont ils ont besoin", explique ainsi Jean-Bernard Lévy, le PDG de SFR-Vivendi. Sauf que cette fierté est sans doute assez mal placée pour un acteur privé qui – comme Orange d’ailleurs - a été plus qu’à la traîne dans le mouvement du cloud et ne doit sa deuxième chance qu’à un chèque en blanc massif de l’État. Car pendant qu’Orange et SFR dormaient, de petits acteurs multipliaient les initiatives sans recevoir quelque centime de l’État. On peut par exemple évoquer Gosis (sur lequel nous reviendrons prochainement), Quadria, OVH, APX/Completel, Neurones/Intrinsec, Outscale, Gandi, Ikoula… Autant d’acteurs innovants, parfois implantés en région, et dont les investissements sont potentiellement mis en péril par l’aide apportée par l’État à quelques grands acteurs souvent centralisés. Dans ce contexte, il n’est pas certain que “fiers” était l’adjectif le plus approprié…