SalesForce veut surfer sur la croissance du Paas en ouvrant son cloud Heroku à tous les langages
Dans un marché du Paas que Gartner estime en forte croissance, SalesForce entend s'imposer parmi les acteurs clés en offrant un large support de langages, comme Ruby, PHP, JavaScript ou Java, mais aussi en enrichissant les services proposés par sa plate-forme. Une évolution que Gartner estime nécessaire si le marché du Paas veut continuer à progresser auprès des entreprises.
Le chiffre d'affaire des acteurs du cloud en mode PaaS (Platform as a Service) poursuit sa croissance à un rythme soutenu. Selon Gartner, les services PaaS devraient engranger des revenus de 707,4 M$ en 2011 contre 512,4 M$ en 2010. Surtout, cette croissance devrait continuer au cours des années à venir. Selon Gartner, le marché devrait atteindre 1,8 Md$ en 2015. On distingue trois grandes familles techniques de cloud : le nuage en mode "infrastructure as a service" (IaaS), le nuage en mode "platform as a service" (PaaS) et finalement le mode "software as a service" (SaaS)", explique Fabrizio Biscotti, directeur de recherche chez Gartner. research director at Gartner. Et Biscotti d'estimer que si l'offre SaaS est aujourd'hui la plus développée, le PaaS, lui, est à la traîne. "C'est là que la bataille entre vendeurs devrait s'intensifier".
Cette analyse ne devrait pas être contredite par SalesForce, qui a poursuivi à marche forcée le développement de son offre de cloud Paas Heroku, rachetée en 2010, avec un objectif principal : transformer l'offre de PaaS initiale, limitée aux applications Ruby, en une offre de Paas multi-langage dotée de services avancés et à même de concurrencer des offres comme Joyent ou Microsoft Azure sur l'ensemble du marché PaaS.
Rencontré lors de la conférence DreamForce 2011, Byron Sebastian, le patron et co-fondateur d'Heroku explique ainsi : depuis l'an passé, nous avons ajouté de nombreuses améliorations pour les grandes entreprises comme le support 24/24, le monitoring applicatif, de nouvelles options de reprise après désastre pour notre service de bases de données. On répond aux besoins d’applications de plus en plus riches et de plus en plus complexes en proposant le support de multiples langages [Heroku a notamment ajouté le support de PHP, de node.js, de Java etplus récemment de Python à son arsenal de langages, NDLR] - ou de multiples add-ons. On veille toutefois à préserver la cohérence de la plate-forme, de façon à ce que les utilisateurs ne nous voient pas comme une plate-forme Ruby, une plate-forme Java ou une plate-forme Node.js (javascript serveur, NDLR), mais comme une plate-forme unique, à même d’offrir le meilleur en fonction du travail à réaliser. Bref le support de langages multiples est important, mais c'est la cohérence d'ensemble de l'offre Paas qui prime, notamment pour des fonctions comme le monitoring, le suivi de performance, l'orchestration des modules applicatifs...
Cette évolution d'Heroku a fait une première victime collatérale : le partenariat noué entre VMWare et SalesForce autour d'une offre de Cloud PaaS Java. L'offre, qui était en phase finale de développement et que les deux acteurs baptisaient VMForce a tout simplement été abandonnée au profit d'Heroku. En misant sur son propre cloud Java avec Heroku, SalesForce fait aussi sans doute l'économie des frais de licences sur les technologies VMware (ce que certains commencent à baptiser la taxe VMware). Il s'épargne aussi une facherie frontale avec VMware qui commence de plus en plus à pousser sa propre offre PaaS, Cloud Foundry. Une offre qui place les deux sociétés sur une trajectoire de collision et qui pourrait à terme en faire plus des concurrents que de vrais partenaires, même si le patron de SalesForce, Marc Benioff, a veillé durant l'ensemble de la conférence DreamForce a assurer que sa société et VMware restaient plus que jamais des "partenaires stratégiques".