Philippe Merville, DSI d'Agrica parie sur la virtualisation et le cloud privé
Lauréat l’année passée des Trophées du Cloud Computing, le groupe Agrica mise sur la forte modernisation de son système d’information pour répondre aux défis qui sont les siens dans le domaine de la gestion des retraites et de la prévoyance du secteur agricole. Après avoir parié sur la virtualisation de son infrastructure, Philippe Merville, le nouveau DSI du groupe, souhaite maintenant engager de nouveaux chantiers. A son programme : la refonte du socle du poste de travail, la mobilité, la mise en œuvre de nouveaux services autour de la téléphonie sur IP et enfin une utilisation plus intense des systèmes décisionnels.
Le MagIT.fr – Strategiescloud.fr : en quoi la gestion du système d’information d’Agrica est-elle spécifique ?
Tout d’abord, il faut savoir que nous exerçons notre activité dans un secteur particulier puisque le Groupe Agrica est l’interlocuteur privilégié des entreprises, des salariés et des retraités du monde agricole en matière de retraite complémentaire, d’épargne, de prévoyance et de santé. Agrica a été créé en 1997 et fédère 2 institutions de retraite, 3 institutions de prévoyance et une société de gestion de portefeuille, Agrica Epargne. Contrairement à certaines idées reçues, notre secteur est en plein développement et le nombre de salariés agricoles a progressé de 40% en 10 ans. Le Groupe AGRICA gère aujourd’hui la retraite complémentaire obligatoire de 1,45 million de salariés, dont 1,16 million bénéficient également d’une couverture en prévoyance collective. Nos 158 000 entreprises clientes sont à la fois des exploitations et entreprises de la production agricole, d’importantes coopératives agricoles et les organismes professionnels agricoles.
Pour servir l’ensemble de ces besoins, les équipes Etudes informatiques d’Agrica sont organisées par pôles d’activités. Un pôle gère plus particulièrement les interfaces avec des partenaires externes (exemples : AMICAP* qui intervient dans tous les aspects spécifiques à notre activité retraite ou XLOG** qui intervient sur le domaine Prévoyance) ; un autre assure le paramétrage et les développements spécifiques autour des progiciels hébergés en interne ; un troisième met en œuvre les systèmes décisionnels et un quatrième développe nos sites Internet et Intranet. Enfin, les équipes Architecture et Production ont un rôle plus ou moins prégnant selon que les systèmes applicatifs Métiers sont développés et hébergés en interne ou en externe. Les équipes informatiques d’Agrica opèrent comme un véritable intégrateur de solutions et il convient d’en faciliter l’usage à nos utilisateurs.
LeMagIT.fr – Stratégiescloud.fr : finalement l’informatique d’Agrica est déjà organisée dans un mode service plus que de production ?
Développer une informatique au service des Métiers du groupe est clairement notre objectif premier. C’est le premier message que j’ai passé à mon équipe en arrivant chez Agrica. Nous sommes déjà engagés dans l’ère de la virtualisation et du « Cloud Computing » privé, ce qui nous apporte une grande souplesse dans l’usage et le déploiement de nouveaux services. Les plans de reprise et de continuité d’activités sont ainsi réalisés et opérationnels « by design ». Ces choix technologiques nous permettent d’exploiter l’informatique du Groupe à un coût et avec un effectif maîtrisés.
Mais il est nécessaire de s’assurer qu’à travers nos choix technologiques, les utilisateurs perçoivent des bénéfices directs et gagnent en productivité. Nous devons en particulier être très vigilants quant à la performance de nos systèmes sur l’ensemble des sites.
Le MagIT.fr – Strategiescloud.fr - On a souvent l’habitude de demander aux DSI leurs avis sur l’innovation mais qu’est ce qui ne se voit pas chez Agrica et qui est nécessaire aux métiers ?
La gestion de la relation clients, La dématérialisation, la gestion électronique des documents et l’automatisation des processus sont des chantiers en cours, essentiels pour Agrica. Nous recherchons en permanence des gains en qualité et en rapidité de traitements de courriers et dossiers Clients. Nos investissements dans ces domaines doivent prendre en compte deux contraintes fortes : réduire les temps de traitement et diminuer les frais de gestion dans le sens souhaité par les instances réglementaires. Dans un contexte réglementaire de plus en plus exigeant, il est essentiel de pouvoir optimiser les processus sans dégrader notre structure de coûts.
LeMagIT.fr – Strategiescloud.fr – Agrica s’est engagée sur la voie de la virtualisation quel en est le bilan ?
Le chantier sur la virtualisation a permis de stabiliser les coûts de Production Informatique. En collaboration avec des partenaires spécialisés, nos équipes ont intégré avec succès des innovations technologiques pour sécuriser nos centres de traitement, couvrir nos besoins en termes de Plan de Reprise et de Continuité d’Activités et simplifier la gestion des postes de travail distribués sur une quinzaine de sites en France. Nous disposons de deux centres de traitements en « actif-actif », l’essentiel de notre parc de stations utilisateurs est virtualisé, ce qui nous donne aujourd’hui un certain confort au niveau de la production. Nous avons été « primés » en 2011 pour cette réalisation et je suis fier que cela contribue à l’initiative RSE d’Agrica. On a moins d’incidents à gérer en 2012 et l’essentiel peut être géré en central avec une équipe Support de taille raisonnable. La qualité de la Production s’est améliorée, ce qui rassure notre Direction Générale. Cela ne veut pas dire que tout est simple dans les chantiers liés à la virtualisation. Nous savons par exemple qu’il reste des efforts à produire pour surveiller au mieux les montées en charge et gérer les contraintes de performances spécifiques à certains Métiers. Cela demande une capacité d’analyse renforcée, sur l’ensemble de la chaîne de traitement et une grande rigueur sur l’exploitation. En ce moment, l’infrastructure virtuelle nous permet de gérer aisément la montée de niveau en cours sur Office 2010 et nous prévoyons sereinement le passage sous Windows 7 début 2013. Le bilan est donc globalement positif pour Agrica.
LeMagIT.fr – Strategiescloud.fr : au delà de ces aspects métiers quelle est la nature des autres projets innovants que vous souhaitez engager ?
Nous allons continuer, à travers notre portail Internet, à répondre aux attentes de nos clients assurés et allocataires, leur offrir de plus en plus de services en ligne. Nous suivons de près les nouveaux usages liés aux tablettes tactiles.
En interne, nous allons travailler sur l’ergonomie et la modernisation du poste de travail des collaborateurs. Nous pensons notamment à un projet de SSO (Single Sign On) et à d’autres services rendus possibles par la téléphonie sur IP. Nous souhaitons également faciliter la vie de nos utilisateurs « nomades » appelés à travailler à distance, sur le terrain. Nous devons les doter de moyens modernes, au niveau de leurs concurrents.
Le MagIT.fr- Strategiescloud.fr : pour finir quel est votre avis sur la fonction de DSI dans l’avenir ?
Le DSI doit avant tout assurer la sécurité, la disponibilité et la pérennité des systèmes d’information de l’entreprise, au meilleur rapport qualité / prix. Ensuite, il doit se positionner comme un partenaire conseil privilégié des autres membres du Comité d’Exécutif, au service du développement pérenne et de la performance de tous les secteurs de l’entreprise. Il doit être une force de proposition, d’innovation et de différenciation permanente.
*AMICAP : Association des Moyens Informatiques des Caisses Professionnelles. L’association a été crée à l’initiative de ProBTP et regroupe LOURMEL, AGRICA, IRP AUTO, Audiens, B2V, CRR-BTP et PRO BTP.
**XLOG conçoit, édite, implante, maintient des progiciels couvrant l’ensemble des besoins d’informatisation des métiers des acteurs de la protection sociale collective et/ou individuelle depuis plus de 25 ans.