Le projet de cloud d'Orange et de Thales va recevoir 75 M€ de l'Etat
Sans surprise, alors que Dassault avait finalement jeté l'éponge et abandonné son partenaire SFR en rasecampagne, c'est le consortium Andromède, constitué par Orange, Thales et La Caisse des Dépôts et Consignations, qui produira le premier cloud d'infrastructure français à très grande échelle. Il bénéficiera pour cela d'un investissement de 75 millions d'euros via les fonds du Grand Emprunt
Le commissariat général à l'investissement a finalement décidé d’apporter un chèque de 75 millions d’euros à une co-entreprise entre Orange et Thalès pour contribuer au financement du cloud bleu blanc rouge Andromède. Ce soutien s’effectuera sous la forme d’un apport en fonds propre effectué par la Caisse des dépôts et consignations, qui détiendra un tiers du capital de la nouvelle société ainsi créée. Orange Business Services, qui apporte 100 M€, contrôlera finalement 44,4 % des parts, tandis que Thales, qui apporte 50 M€, en détiendra 22,2 %.
Cette répartition du capital pourrait toutefois n’être que très temporaire. La société s’est en effet déclarée ouverte à l’entrée de partenaires industriels additionnels et l’on sait qu’Atos ou Bull pourraient être intéressés. Ce dernier via sa maîtrise des plates-formes x86 et des techniques d’hébergement serait sans doute un apport plus qu’intéressant à un cloud français et son choix participerait aussi d’une certaine logique en évitant le recours à des fournisseurs de technologies étrangers… Le cas d’Atos est plus compliqué dans la mesure où la SSII s’est récemment associée à EMC et VMware pour son cloud Canopy. Or, on sait que le choix d’Andromède penche plutôt en faveur de technologies Open source (encore une force de Bull).
Comme l’indique Orange Business Services dans un communiqué, Andromède « commercialisera une gamme d’offres d’Infrastructure as a Service (IaaS), c’est-à-dire fournira à la demande les capacités de traitement, de stockage et de bande passante utilisées par toutes les entreprises et administrations, mais aussi par la filière informatique (éditeurs de logiciels et d’applications, SSII…). La suite logicielle de la société sera développée à base de logiciels libres, favorisant l’ouverture, l’interopérabilité et la standardisation, et bénéficiera d’un haut niveau de sécurité. Cette démarche ouverte favorisera l’écosystème de développeurs et d’intégrateurs innovants, et bénéficiera à l’ensemble du tissu économique français et européen. »
Pour les acteurs d’andromède, il s’agit de se positionner sur un marché qui connaît une croissance à deux chiffres et qui est aujourd'hui dominé par de grands acteurs américains comme Amazon ou RackSpace. L’objectif : créer potentiellement un millier d’emplois direct en France. Et sans doute un nombre considérablement plus élevé d’emplois indirects. Car on l’a vu aux États-Unis, la disponibilité d’une ressource informatique proche et bon marché génère l’émergence de nouveaux services, des services qui sont générateurs de valeur ajoutée et surtout d’un nombre d’emplois bien plus élevés que ceux générés par la seule fourniture d’infrastructures. D’ailleurs on voit mal comment Andromède pourrait se limiter aux seules infrastructures. En toute logique, la structure devrait aussi à terme fournir des services de plate-forme (PaaS) et un vrai catalogue de service, à l’instar de ce que sont en train de proposer ses grands concurrents US.
Des ambitions européennes
La surprise dans le communiqué d’Orange vient de l’affirmation que la structure a déjà des revenus sécurisés par les apports d’affaires de ses fondateurs et que « de grands acteurs informatiques européens »ont aussi manifesté leur intérêt à rejoindre le projet. Andromède pourrait donc avoir des ambitions européennes bien plus rapidement que prévu, ce qui pourrait au passage apaiser la Commission Européenne en cas d’éventuelle plainte d’un concurrent pour distorsion de concurrence.
Un autre point intéressant est le positionnement résolument « sécuritaire » du cloud français qui promet qualité de service, confidentialité et surtout traçabilité des données en plus d’un hébergement européen. Thales indique ainsi qu’Andromède apporte l’infrastructure de confiance et sécurisée » pour servir ses clients.
Notons enfin, pour terminer, que l'Etat n'a pas fermé la porte à un second projet de grand cloud français. D'ailleurs, seuls 75 M€ sur les 135 M€ initialement prévus ont été pour l'instant alloués. Ce qui pourrait, par exemple, permettre à SFR, associé à un ou plusieurs nouveaux partenaires, de refaire son entrée en jeu dans les prochains mois...
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