Nokia, Vodafone : une perte pour l'Europe selon la GSMA
Pour Franco Bernabè, président de la GSMA et CEO de Telecom Italia, les décisions de Nokia et de Vodafone ont des conséquences négatives pour l’industrie de la mobilité en Europe.
A l’occasion de l’événement Mobile360, organisé par la puissante GSM Association Franco Bernabè, son président, également CEO de Telecom Italia, a critiqué Nokia et Vodafone pour avoir nuitaux intérêts du marché européen de la mobilité.
Vodafone a en effet annoncé la cession des parts (45%) qu’il détenait dans Verizon Wireless à Verizon Communications - son partenaire dans la co-entreprise - pour 130 milliards de dollars. La même semaine, Nokia a, de son côté, annoncé la vente de ses activités liées aux terminaux mobiles et au services («Devices and Services» ) au géant américain Microsoft.
Si Franco Bernabè y voit certes un certain avantage, notamment en matière de revenus, il considère néanmoins que la perte de tels acteurs constitue une menace pour la croissance à venir de l’industrie du mobile en Europe.
«Nous avons assisté à de nombreux changements ces derniers jours et ils ne présagent pas un renforcement de l’industrie en Europe, a-t-il souligné. Je pense que ce à quoi nous assistons aujourd’hui, et je souhaite attirer une fois de plus votre attention sur cela, n’est pas ce dont a besoin l’Europe.»
«Je crois que - concernant nos marchés - un investissement fiable est très souhaitable. Mais en dépit du fait que je pense que Microsoft réalisera un travail fantastique, la situation de Nokia ne contribue pas à faire de l’Europe un champion. Avec ce qui arrive à Vodafone, je ne suis pas sûr, encore une fois, qu’il s’agisse de l’opération idéale pour aider le marché européen à progresser.»
Bernabè a ensuite appelé les régulateurs à «considérer très sérieusement» ces transactions, les invitant à faire des propositions afin de raviver l’enthousiasme et pousser à l’Europe à retrouver ses années fastes dans la mobilité. «Je crois que nous devons nous rappeler que l’Europe a été au coeur des développements des technologies mobiles, a été le vaisseau amiral en matière d’innovation dans ce domaine et qu’aujourd’hui, elle perd du terrain. Nous ne pouvons pas nous satisfaire qu’il s’agisse là du futur de l’Europe», a-t-il ajouté. Et de poursuivre : «L’Europe a besoin d’une forte impulsion pour redevenir le moteur de l’innovation.»
Neelie Kroes, la commissaire européenne en charge de l'agenda numérique de l'Union ("Digital Agenda"), participait également à cet événement. Sans porter de jugement sur ces deux dossiers, elle s’est dite en accord avec Bernabè sur le fait que l’Europe avait besoin de redevenir un acteur de haut rang. «Je ne peux pas être plus en accord. Nous avons sérieusement besoin de redevenir un moteur pour le secteur. Et nous pouvons le faire», a-t-elle lancé. Nous disposons de personnes très compétentes, de nombreux centres de recherche et d’innovation sont impliqués et nous avons prouvé que nous pouvons y arriver. Alors pourquoi pas regagner la place que nous méritons ? Il est en effet temps de réagir.»
Et Neelie Kroes, autrefois, commissaire européenne à la concurrence, et qui a bataillé de pied ferme contre Microsoft, de conclure : «J’ai un grand respect pour Nokia pour avoir trouvé le courage de prendre cette décision» (sic). Quant à savoir s'il faut en rire ou en pleurer...
Traduit et adapté de l’anglais par la rédaction, d’après un article de nos confrères de ComputerWeekly (groupe TechTarget)