EMC mise gros sur la 2ème génération de ses baies VNX

EMC a dévoilé à Milan ses nouvelles baies VNX présentées comme deux à quatre fois plus rapides et offrant un coût au Gigaoctet en nette baisse. LeMagIT décortique les annonces du constructeur.

Le moins que l’on peut dire est qu’EMC aura insisté sur la performance lors du lancement de ses nouvelles baies VNX à Milan, un lancement en fanfare sur fond de grand prix de Monza, avec des parallèles permanents entre l’arrivée des nouvelles baies et la F1. Trois monoplaces Lotus (une écurie sponsorisée par le constructeur) été d’ailleurs mises en avant sur le lieu du lancement et le bruit était omniprésent. Le message était clair, à défaut d’être subtil, les nouvelles baies VNX sont rapides, très rapides. Selon le constructeur, sa nouvelle génération debaies de stockage de milieu de gamme a été pensée pour tirer un bien meilleur parti de la mémoire Flash et des capacités des processeurs multicoeurs d’Intel. L’OS des baies a ainsi été largement été réécrit et les gains de performances annoncés sont assez spectaculaires : Le constructeur annonce des performances deux à quatre fois meilleures que celles de la génération antérieure et un coût au Go en nette baisse du fait de l’arrivée de nouvelles fonctions comme la déduplication. Des chiffres largement confirmés par les premiers utilisateurs bêta présents à l’événement qui ont évoqué des gains sur leurs applications allant de 2,5 à 3 fois ainsi que des gains économiques sensibles, mais nous y reviendrons plus loin.

La nouvelle famille EMC VNX2 se compose de six baies de stockage hybrides capables de combiner disques SSD et disques durs. En entrée de gamme, le VNX5200, supporte jusqu’à 125 disques, 600 GO de FAST Cache et une ou deux lames X-Blades (têtes NAS). Rappelons au passage que si EMC présente les baies VNX comme des baies unifiées, les fonctions blocs et fichiers de la baie sont fournies par des contrôleurs séparés. Le design est en fait très classique avec deux contrôleurs en mode actif-actif pour la gestion des services en mode bloc et de multiples contrôleurs autonomes faisant office de passerelle NAS (les fameux Xblades). Le tout piloté par une unique interface d’administration baptisée UniSphere. Ce design est similaire à celui utilisé par IBM, HP ou Dell pour leurs baies « unifiées ». Dans la pratique, seul Dell avec ses baies FAS fait converger l’ensemble des fonctions SAN et NAS sur les mêmes contrôleurs (et ironiquement EMC avec ses baies de stockage pour petites PME, les VNXe).

Quelques données sur les baies VNX

• Depuis son lancement, il y a deux ans et demi, EMC a commercialisé plus de 71 000 systèmes VNX pour une capacité totale de 4,1 Exaoctets. Selon le constructeur, ces chiffres en font la première plate-forme de stockage milieu de gamme du marché

 • Plus de 600 clients VNX ont aujourd’hui plus de 1 Po de capacité déployée

 • 60% de ces systèmes incorporent de la flash (au total 235 000 SSD ont été livrés dans des VNX)

Au dessus du 5200, EMC propose aussi les VNX5400 (250 disques, 1 TO de FAST Cache et une ou deux lames X-Blades), vNX5600 (500 disques, 2 TO de FAST Cache et une ou deux lames X-Blades), VNX5800 (750 disques, 3 TO de FAST Cache et deux ou trois lames X-Blades), VNX7600 (1,000 disques, 4.2 TO de FAST Cache et deux à four lames X-Blades) et VNX8000 ( 1,000 disques, 4.2 TO de FAST Cache et deux à huit lames X-Blades). A ces 6 modèles hybrides, il faut aussi ajouter deux baies 100%Flash dérivées en fait des VNX 7600 et 8000, ces VNX-F  affichent respectivement des performancespouvant atteindre 500 000 IOPS et 1,1 millions d’IOPS. EMC n’a toutefois fourni aucune précision sur les configurations utilisées pour obtenir ces résultats pas plus qu’il n’a donné d’indication sur leur prix, ce qui rend pour l’instant impossible la comparaison avec les baies Flahs d’acteurs comme Pure Storage, Dell, HP ou IBM. Il faudra sans doute quelques semaines pour que la poussière retombe sur les F1 et pour que les informations techniques reprennent le dessus sur le marketing.

Des baies optimisée pour tirer partie des capacités de la Flash

Comme l’a expliqué Rich Napolitano, le directeur de la division stockage unifié d’EMC, “la précédente version de VNX partait du principe que l’essentiel des disques insérés dans la baie seraient des disques durs et qu’il y aurait une petite quantité de SSD pour optimiser les performances. Avec la nouvelle génération nous avons complétement optimisé la baie pour tirer partie des caractéristiques intrinsèques de performance de la Flash ». En fait, EMC affirme avoir réécrit environ 10% du code de l’OS gérant les baies VNX soit environ 2 millions de lignes de code. Cette réécriture dope les performances du code RAID (désormais multicoeur) mais aussi les performances d’éléments essentiels des baies VNX comme FAST VP et FAST Cache. Elle apporte aussi de nouvelles fonctions que nous détaillerons plus loin comme la déduplication de données.

Selon Napolitano, toutes les fonctions essentielles de l’OS des baies VNX sont désormais distribuées entre les coeurs disponibles dans les contrôleurs (jusqu’à 32 coeurs dans les modèles les plus performants). Cela se traduit sous forme de performances : le modèle haut de gamme, le VNX 8000-F, peut ainsi délivrer jusqu’à 1,1 millions d’IOPS et 30 Go/s de bande passante. Une configuration de la baie équipée de 544 disques SSD de 200 Go et de huit lames NAS X-Blades affiche quant à elle une performance de 580 000 opérations NFS par seconde au benchmark SpecSFS. Plus impressionnant, la latence reste inférieure à 1 ms jusqu’à environ 425 000 opérations NFS par seconde. A titre de comparaison, NetApp doit aligner 8 systèmes FAS 6240 en cluster pour approcher de ce résultat (il est vrai avec des disques durs).

Plus rapides, plus efficaces et plus économiques

Sans aller vers des configurations aussi extrêmes que le VNX 8000F, le travail effectué par les ingénieurs d’EMC semble avoir payé ses fruits : par exemple, la nouvelle baie VNX 5600 affiche des performances deux fois supérieures à celle du modèle équivalent précédent, le VNX5500 sous Exchange (test réalisé sous JetStress) et trois fois supérieures si Fast VP est utilisé (avec seulement deux disques SSD de 100 Go). De même une nouvelle baie VNX5800 peut supporter deux fois plus de machines virtuelles qu’une ancienne baie VNX 5700 à configuration équivalente. Ces gains de performances ont été confirmés par les clients bêta avec lesquels la presse a pu discuter à Milan. Tous ont indiqué avoir enregistré des gains pouvant atteindre 2,5 à 3 fois selon leurs applications par rapport à leurs baies précédentes

Comparaison du nombre de machines virtuelles supportées par une configuration VSPEX à base de VNX 5700 et de VNX 5800 (nouvelle génération)

 

EMC a profité du développement de la nouvelle mouture de son OS (nom de code Rockies) pour refondre partiellement la gestion de ses contrôleurs de stockage.Désormais, pour les LUN Classiques, un VNX utilise un mode actif/actif symétrique pour la gestion des contrôleurs, ce qui veut dire que pour ce type de LUN, les deux contrôleurs accèdent de façon simultanée aux données. Cela à plusieurs conséquence, dont une augmentation significative de la bande passante délivrée aux applications concernées, mais aussi l’absence totale d’impact sur la disponibilité des LUN en cas de défaillance d’un contrôleur.

La déduplication enfin intégrée en standard

Une autre fonctionnalité très attendue est l’arrivée dans les VNX de fonctions de déduplication du stockage bloc en mode post-process, une fonction déjà disponible dans les baies FAS de NetApp depuis plusieurs années. Jusqu’alors, les baies VNX ne disposaient que de fonctions de compression de données ainsi que de capacités de « déduplication » en mode single-instance storage (“suppression” des fichiers doublonnés). Désormais, la déduplication en mode post-process est intégrée aux baies (elle se déclenche deux fois par jour). Sans surprise, l’intégration de la déduplication devrait sensiblement améliorer l’efficacité de stockage des baies VNX. Les premiers utilisateurs bêta des nouveaux VNX interrogés à Milan, notaient ainsi des gains allant de 50% de réduction de données à 80% selon les types d’applications et de données, le tout sans impact notable sur la performance, puisqu’il est même possible de définir les plages durant lesquelles se déroulera la déduplication. 

La déduplication devrait permettre de réaliser des gains significatifs

 

Cette bonne nouvelle pour les clients (la déduplication étant intégré à la licence standard des VNX) pourrait toutefois réserver quelques mauvaises surprises à EMC. Si le constructeur mise beaucoup sur les nouveaux VNX pour doper ses ventes, certains clients pourraient singulièrement réduire leurs commandes en matière de capacités de disques du fait des gains attendus de la déduplication (notamment s'ils ont un usage largement centré sur le NAS et la virtusalisation). De même, l’accroissement des performances des VNX pourrait dans certains cas avoir des conséquences innatendues comme la possibilité pour certains clients d’opter pour un modèle plus bas dans la gamme afin de satisfaire leurs besoins. Il faudra quelques trimestres de commercialisation pour voir si ces craintes sont fondées.

Un autre problème sera de faire taire les grognements qui se font jour chez certains clients VNX qui découvrent qu’ils ne pourront pas bénéficier des nouveautés apportées par le nouvel OS. EMC a en effet réservé la plupart des améliorations de Rockies aux VNX de seconde génération, ce qui veut dire que les clients actuellement utilisateurs de baies VNX ne bénéficieront pas de la déduplication ou des améliorations de performances liées à la meilleure gestion des cœurs.

De même, d'après les discussions qu'à pu avoir LeMagIT à Milan, il semble également hors de question d’espérer réaliser une migration sur place des controleurs des VNX existants vers les nouveaux contrôleurs en conservant ses tiroirs de disques existants. Le code Raid des nouvelles baies étant différent de celui de la génération antérieure, la seule solution est d’acquérir une nouvelle baie et de migrer les données depuis l’ancienne. De ce point de vue, des constructeurs comme NetApp ou Dell offrent des chemins de migrations bien plus simples à leurs clients. 

EMC indique toutefois qu’il a soigné les capacités de migration des nouvelles baies et promet des migrations non disruptives des volumes NAS CIFS et NFS, y compris depuis des Celerra NS (soit des baies de génération n-2), via le mécanisme VDM (Virtual Data Mover). Pour les volumes en mode bloc, il faudra toutefois en passer par une migration plus traditionnelle, sauf pour les clients disposant d’une couche de virtualisation telle que celle fournie par les systèmes de virtualisation VPLEX d’EMC.

Notons à ce propos qu’une nouvelle offre offre baptisée VNX-CA (pour Continuous availability) couplant les nouveaux VNX avec la solution de réplication et de virtualisation VPLEX est aussi proposée au catalogue pour la mise en oeuvre d’architectures de datacenter redondantes en mode actif/actif.

Nouveaux VSPEX et nouveaux vBlocks

Soulignons enfin que l’arrivée des nouveaux modèles s‘accompagne d’une mise à jour des architectures de référence VSPEX,  les architectures intégrées –serveurs, stockage, réseau - prévalidées d’EMC. EMC a notamment souligné l’arrivée d’une architecture VSPEX pour le support de Citrix XenDesktop sur Hyper-V. David Goulden, le COO d’EMC, a aussi annoncé que l’arrivée des nouveaux VNX devrait aussi se traduire par le lancement dans les prochaines semaines d’une nouvelle famille de vBlocks, les offres de serveurs unifiées de VCE, la filiale de VMware, Cisco et EMC. notons également que des rumeurs insistantes font aussi état de travaux sur une configuration vBlock basée sur les baies 100%Flash XtremIO, une configurations notamment demandée pour les applications VDI par plusieurs grands clients américains.

Les nouvelles baies VNX sont disponibles immédiatement et leurs prix débutent à un peu moins de 20 000$. Selon Rich Napolitano, EMC estime que le coût au Go de ces baies sera environ 68% inférieur à celui de la génération antérieure,  le fruit combiné de la baisse des coûts des disques durs et des nouvelles fonctions d’optimisation de données comme la déduplication. Les clients peuvent ainsi s’attendre à un coût de l’ordre de 1$ par Giga-octet de stockage hybride

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