Microsoft s’offre enfin les terminaux de Nokia
Après des mois de rumeurs et un long partenariat, Microsoft vient de décider de racheter l'activité de fabrication de téléphones mobiles de Nokia pour près de 3,8 Md€.
Microsoft vient d’annoncer le rachat de l’activité terminaux et services de Nokia pour un montant de 3,79 Md€. L’éditeur ajoute à cela 1,65 Md€ pour utiliser les brevets du Finlandais. Après approbation des actionnaires et des régulateurs, l’opération devrait être finalisée au cours du premier trimestre 2014.
Dans un communiqué, Microsoft explique vouloir s’appuyer sur «le partenariat noué avec Nokia en février 2011 et sur le succès croissant des smartphones Lumia» pour «accélérer la croissance de ses parts et de ses profits» sur le marché des terminaux mobiles, grâce à «une innovation plus rapide, des synergies renforcées et une marque unifiée ».
Si l’opération est d’ampleur, elle ne constitue qu’une demi surprise. Fin juin d'abord, le Wall Street Journal rapportait ainsi que Microsoft avait «récemment eu des échanges avancés avec Nokia au sujet du rachat de son activité terminaux mobiles ». Négociations qui auraient alors achoppé sur le prix de la transaction et sur la position dégradée du Finlandais sur le marché des téléphones mobiles, notamment. Et bien sûr, début 2011, et après des années de tergiversations, Nokia et Microsoft ont décidé de s’allier au plus près pour rattraper leur retard sur le marché des smartphones. Leaders précédemment peu contestés de leurs marchés respectifs, les deux acteurs ont largement raté leur stratégie en matière de téléphonie mobile de nouvelle génération, un secteur marqué par le succès des iPhone d’Apple et de la plateforme Android de Google.
Ex-Microsoft arrivé à l’automne 2010 aux commandes de Nokia, Stephen Elop n’était pas tendre. Quelques mois après sa prise de fonctions, il relevait que le constructeur s’était laissé dépasser : «nous avons raté des tendances de fond, et nous avons perdu du temps. [...] Le premier iPhone est sorti en 2007 et nous n’avons toujours pas de produit fournissant une expérience s’en approchant. Android est arrivé il y a tout juste plus de ans et, cette semaine, ils ont pris notre position de leader en volume des ventes de smartphones. Incroyable.»
Avant cela, et dès le mois d’août 2009, Nokia et Microsoft avaient fait un premier pas en s’accordant pour collaborer au portage des outils bureautiques et de communication de l’éditeur sur les smartphones Symbian du Finlandais. Un mouvement largement vu comme défensif alors que Windows Mobile s’effondrait sur le marché des OS pour téléphones mobiles.
Dans son communiqué de presse, Microsoft relève que les smartphones Windows Phone de Nokia affichent plus de 10 % de parts de marché «sur 9 marchés» et «dépassent les ventes de Blackberry dans 34 marchés», tout en profitant d’une croissance de 78 % sur un an au second trimestre 2013. Une façon flatteuse de présenter une situation qui n’a rien de très reluisante. Nokia a vu son chiffre d’affaires chuter un peu plus au second trimestre, avec un recul de 24 % sur un an de ses ventes en valeur, et de 27 % en volume, pour s’établir à 7,4 millions de téléphones. Et, au premier trimestre, Android représentait 74,4 % des ventes de smartphones, devant les 18,2 % d’iOS, les 3 % de Blackberry, et les 2,9 % de Windows Phone.
En février 2011, Vic Gundotra, responsable de l’ingénierie chez Google, ironisait sur le rapprochement de Nokia et Microsoft, estimant que «deux dindes ne font pas un aigle ». Et il faut reconnaître que, jusqu’alors, la position de Nokia n’était pas forcément des plus confortables : le Finlandais n’avait guère d’autre choix que de subir les volte-face de son partenaire, sauf à décider lui-même de le trahir et de se lancer dans les téléphones Android. Au moins, avec une orientation qui n’est pas sans rappeler celle prise par Motorola avec Google, Nokia se retrouve-t-il dans une situation plus claire.
Si la transaction est approuvée, 32 000 salariés de Nokia devraient rejoindre les rangs de Microsoft, dont 4 700 en Finlande. Microsoft devrait en outre construire un centre de calcul dans le pays, pour ses clients européens. Un investissement de l’ordre de 250 M$.