Vodafone céderait Verizon Mobile pour 130 Md$
Vodafone serait sur le point de céder ses 44% dans Verizon Mobile pour 130 Md$. De quoi doper son trésor de guerre et repartir à l'assaut en Europe ?
Le géant britannique des communications mobiles Vodafone a confirmé ce week-end être en discussions avancées pour céder sa participation de 44% dans Verizon Wireless à son partenaire américain l’opérateur Verizon. Dans un communiqué, l’opérateur fait état d’un prix de cession de l’ordre de 130 milliards de dollars pour partie en numéraire et pour partie en action.
L’opérateur dirigé par l’Italien Vittorio Colao confirme ainsi les informations publiées plus tôt par le Wall Street Journal, qui indiquait que les deux opérateurs étaient tombés d’accord sur un prix de cession de 130 milliards de dollars. L'accord doit encore être validé par les conseils d'administration des deux groupes et pourrait être confirmé dans la journée.
Si la transaction arrive à son terme elle devrait garnir les coffres de Vodafone. L’opérateur anglais dispose déjà d’une trésorerie confortable de plus de 12 Md £ et son endettement est de 41 Md £. La seule composante en cash de la transaction avec Verizon pourrait lui permettre d’effacer la quasi-totalité de sa dette. Les 70 milliards de dollars restants (environ 45 Md £) pouvant être utilisés pour le financement de nouvelles acquisitions – par exemple celle en cours du premier réseau câblé allemand, Kabel Deutschland (7,7 Md €) - ou pour la rémunération de ses actionnaires via le versement d’un dividende exceptionnel.
Des conséquences possibles en France ?
Le rachat pourrait avoir des répercutions en France. Longtemps, Vodafone a été coactionnaire de SFR aux côtés de Vivendi et a cherché à monter au capital de l’opérateur. Mais Vivendi, alors concentré sur sa stratégie télécom, n’a jamais cédé et a fini par écoeurer l'anglais. Ce dernier lui a donc cédé au prix fort les 44% qu'il détenait dans SFR (environ 8 milliards d’euros). Depuis la situation a bien changé : Vivendi a commencé à céder ses actifs télécoms (à commencer par Maroc Télécom en cours de vente à Etisalat) pour se recentrer sur le marché des médias. Il n’est un secret pour personne que la cession de SFR ne serait pas forcément vu d’un mauvais œil par les dirigeants du groupe. Mais avec sa puissance de feu retrouvée, Vodafone pourrait sans doute faire une meilleure affaire et se porter acquéreur de l’intégralité de Vivendi. La société vaut actuellement environ 20 Md €. Moyennant une surprime de 20 à 30% sur ce prix, Vodafone pourrait en prendre le contrôle et devenir instantanément le numéro 2 des télécoms en France en récupérant SFR. Il pourrait aussi gagner une implantation au Brésil via GVT. Il ne lui resterait alors plus qu'à revendre par appartements les autres actifs de Vivendi (Canal+, Universal Music ...) et ainsi récupérer sans doute près de la moitié de son investissement.
Quoiqu’il arrive, Vodafone ne pourra pas rester immobile. Il lui faudra en effet remplacer le flux de cash généré par Verizon Mobile qui représentait jusqu’alors une part significatif de ses profits et de son flux de trésorerie. Fort de sa nouvelle cagnotte, l’opérateur pourrait bien initier un nouveau round de consolidation du marché des télécoms en Europe. Rappelons qu'il avait déjà joué un rôle clé dans la consolidation du marché en 2000, en mettant la main pour plus de 112 Md £ sur l’Allemand Mannesmann (opération qui en cascade avait déclenché le rachat d’Orange par France Télécom, les régulateurs ayant forcé l’Anglais à céder Orange, détenu par Mannesmann à un tiers…)