Windows Server 2012 R2 : Hyper-V ne sera pas si gratuit
Microsoft a annoncé une hausse de prix de près de 28% de l’édition DataCenter de Windows Server 2012 R2, la prochaine version de son OS serveur conçu pour la virtualisation.
Depuis plusieurs années, Microsoft utilise l’argument du prix pour tenter de contrer la progression de VMware sur le marché de la virtualisation de serveurs. Mais cet argument devrait devenir difficile à utiliser au vu de la hausse de prix décrétée par le géant de Redmond pour la version haut de gamme de son dernier opus serveur, Windows Server 2012 R2.
L’édition DataCenter du dernier Windows Server (celle qui inclut des droits illimités de virtualisation) devrait en effet voir son prix progresser de 27,98 % par rapport à celui de Windows server 2012 DataCenter. Selon la dernière liste de prix publiée par Microsoft aux Etats-Unis, il en coûtera désormais 6155 $ - environ 4750 € HT - par serveur bi-processeur (ou bi-socket) contre 4809 $ jusqu’alors - environ 3710 € HT- (Rappelons que ces prix sont sans maintenance ni support). D’une certaine façon, Microsoft tente ainsi de faire payer à ses clients l’impact de la virtualisation permise par l’OS, créant en quelque sorte une « taxe Hyper-V » dans Windows Server 2012R2 édition Datacenter.
On peut reconnaître à Microsoft une certaine habilité : depuis des années, l’éditeur clame que l’hyperviseur doit être gratuit. Il aurait donc été logique de reporter le prix de la virtualisation sur les outils d’administration, et donc sur System Center, qui porte notamment la console d’administration de la virtualisation SCVMM, mais aussi des outils comme Operations Manager, DataProtection Manager, Configuration Manager et App Controler, indispensables à l’automatisation et à l’industrialisation d’un « cloud privé » Hyper-V. Le problème est que ce faisant, Microsoft aurait mis en péril le développement commercial de System Center et redonné une certaine marge compétitive à ses concurrents VMware et Red Hat. Alors qu’en s’attaquant au seul tarif de Windows Server Edition DataCenter, l’éditeur fait aussi s’accroître le prix des configurations virtualisées bâties avec les solutions concurrentes (un serveur sous vSphere devra aussi s’acquitter d’une licence Windows Server s’il doit héberger des VM Windows).
Facture alourdie, une brèche pour la concurrence
Cette augmentation tarifaire est toutefois un risque. Car la facture commence à devenir salée pour ceux qui pensaient que l’informatique à base de serveurs x86 était abordable. Une licence serveur Windows DataCenter pour un serveur biprocesseur coûtera bientôt 6 155 $ (environ 4 700 € HT) un prix auquel s’ajoutera éventuellement celui de la console de management System Center pour les environnements virtualisés, soit 3607 $ par serveur (environ 2785 € HT). Pour mémoire, la seule licence serveur Windows pour un serveur bi-socket couplée à System Center coûte désormais un prix proche de celui de trois serveurs bi-processeurs bien configurés ( 3 Dell PowerEdge R420 bi-Xeon E5 2420 chacun équipé de 32 Go de RAM et de 2 disques SAS 10k de 300 Go).
La facture pourrait amener certaines entreprises à regarder de plus près d’autres alternatives. SUSE Linux Entreprise Server avec support 24 x24 sur 3 ans ne revient ainsi qu’à 4 350 € HT pour un serveur bi-socket alors qu'avec Windows Server 2012 R2 il convient d'ajouter le prix du support et de la maintenance en sus des 4700 € de licence. Oracle Linux avec support Premier trois ans est quant à lui facturé 6 897 $ (soit environ 5 320 € HT) et son outil de virtualisation, OracleVM ajoute 3 597 $ (environ 2 775 €) avec le même support Premier sur 3 ans (qui inclut support et maintenance). Un autre risque pour Microsoft est de s’exposer à une contre-offensive combinée de VMware et de sa société sœur Pivotal qui couplerait les offres de virtualisation d’infrastructure vSphere aux offres de plates-formes Linux/J2EE de Pivotal. Une alternative possible au couple Windows/Hyper-V. La rentrée pourrait s’avérer plus intéressante que prévue…