Autonomy : une fraude massive ou le reflet des errements de HP ?
Pendant la période estivale, nous vous faisons revivre, en dessins, les grands moments qui ont rythmé l’information IT depuis septembre dernier. Bonne lecture, bonnes vacances et à la rentrée.
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Suite à l’annonce de ses résultats annuels plombés par des charges exceptionnelles, à l’automne 2012, HP charge l’ex-direction d’Autonomy, éditeur de logiciels dont le rachat a été finalisé en octobre 2011. Et l’accuse de fraudes massives. L’ex-Pdg de la société réplique et met en cause le management du groupe.
Plus de 5 milliards de dollars. C’est, selon HP, l’ardoise que laisseraient les irrégularités comptables d’Autonomy, l’éditeur de logiciels racheté par le géant californien à l’été 2011. Une emplette à 11,1 milliards qui avait alors valu à HP les critiques de analystes et les railleries d’Oracle, qui affirmait avoir refusé le rachat de l’éditeur pour 6 milliards estimant ce tarif surévalué.
Etant donné la gravité des accusations de HP – et les montants évoqués -, les autorités de régulation américaine et anglaise (le pays d’origine d’Autonomy) ont été saisies. Le FBI enquête également sur l’affaire.
En attendant le résultat de ces investigations, et une éventuelle plainte de HP contre les anciens dirigeants de l’éditeur (dont son ex-Pdg débarqué au printemps dernier, Mike Lynch), les deux camps s’échangent des coups par média interposés. Accusations de fraude comptable d’un côté, volonté de faire porter le chapeau des erreurs stratégiques de HP au seul Autonomy de l’autre, revue de détails des lignes de défense mises en place de part et d’autre.
Pour HP : des fraudes massives destinées à gonfler le prix d’acquisition
Des techniques « destinées à être masquées », selon Meg Whitman, le Pdg de HP qui était déjà membre du conseil d’administration du géant quand celui-ci a pris la décision de racheter Autonomy. Selon le Californien, l’éditeur a employé plusieurs techniques pour gonfler sa valeur réelle.
HP explique ainsi que Autonomy comptabilisait le tarif de ventes de matériel comme du logiciel, afin de gonfler son chiffre d’affaires. Une technique assez éculée. Dans le New York Times, un officiel de HP qui reste anonyme explique également qu’Autonomy vendait ses serveurs avec une perte de 10 %, ces pertes étant ensuite déguisées en dépenses marketing. Seconde technique détaillée par HP : de fausses ventes déclarées par des revendeurs « marrons » et fortement dépendants de l’éditeur. Enfin, Autonomy aurait eu recours à une autre magouille classique de l’édition logicielle : la comptabilisation au moment de la signature de contrats signés sur le long terme.
Autre grief du géant californien : la volonté de Mike Lynch, le Pdg d’Autonomy, de fonctionner… en toute autonomie précisément, y compris une fois dans le giron de HP. Continuant ainsi à travailler la plupart du temps depuis Londres et refusant l’intégration avec les équipes du Californien.
Pour les ex-Autonomy : un costume un peu trop large
« Bâtir la technologie leader d’Autonomy a pris 10 ans et constater à quel point elle a été mal gérée depuis l’acquisition par HP est très triste. » C’est ainsi que Mike Lynch, l’ex-Pdg de l’éditeur viré par la direction de HP, a réagi aux accusations de Meg Whitman, dévoilées publiquement lors de l’annonce des résultats annuels de la firme. Des accusations que Mike Lynch dit avoir découvert dans la presse.
Le dirigeant, qui a touché environ 800 millions de dollars dans le rachat, explique en résumé que HP a saboté Autonomy. Pointant un certain nombre de décisions opérationnelles, comme une augmentation de 30 % des tarifs des logiciels, l’absence de commissions accordées aux commerciaux de HP lorsqu’ils vendaient des produits de l’éditeur (alors qu’ils en touchaient pour des produits concurrents) ou encore le refus de certaines divisions du géant de vendre les logiciels d’Autonomy tant que ceux-ci n’étaient pas certifiés.
Sur le fond, Mike Lynch se voit en bouc émissaire des guerres intestines au sein du conseil d’administration. Selon le tableau qu’il dépeint chez nos confrères de AllThingsDigital, Autonomy aurait été la victime du camp opposé à Leo Apotheker, qui était le Pdg de HP au moment où le rachat a été décidé, et à Shane Robison, alors directeur de la stratégie. Deux dirigeants qui ont été débarqués alors qu’ils avaient manifesté leur volonté de réorienter HP vers le logiciel et de se défaire d’activités non rentables, comme le PC. « Leo et Shane ont été débarqués et les autres divisions ont vu leur pouvoir se renforcer au sein du groupe. Nous avons alors évidemment connu des moments très difficiles », explique Mike Lynch, notant que des centaines de salariés de l’éditeur, ainsi que la plupart de ses dirigeants, ont alors quitté le groupe.
Dans cette même interview, le même Mike Lynch esquisse un de ses autres axes de défense : l’incapacité chronique de HP à réussir ses acquisitions, citant les cas de Palm et de EDS. « Je soupçonne que chaque cent restant a été ajouté à cette charge exceptionnelle », conclut un Mike Lynch qui visiblement trouve le chapeau que HP entend lui faire porter un peu trop large pour lui.