OBM : Linagora répond au MagIT
Suite à la publication hier de notre article sur Zimbra, OBM et Linagora, ce dernier a souhaité nous faire part de son désaccord avec les propos de l'auteur de l'article et nous a fait part de ses remarques sur l'article initial. Une large partie de ces remarques est reproduite verbatim dans ce nouvel article, avec les commentaires de l'auteur.
La publication, hier, de notre article sur OBM a amené Alexandre Zapolsky l'emblématique patron de Linagora à nous contacter pour nous faire part d'une part de son mécontentement vis à vis d'un article "nous mettant fortement en cause". "Cet article se base sur des informations fausses Par ailleurs il semble que vous n'ayez entendu qu'une partie très restreinte de notre histoire avec les anciens fondateurs d'Aliasource" ajoute le fondateur de Linagora [NDLA : l'auteur ne connaissait et n'avait discuté avec aucune des personnes mentionnées dans l'article avant sa rédaction, à l'exception de M. Zapolsky]. Estimant sa société injustement mise en cause, M. Zapolsky s'est longuement entretenu avec l'auteur et a souhaité apporter plusieurs commentaires à l'article initial que nous retranscrivons ci-dessous verbatim avec les remarques de l'auteur :
"LINAGORA n'est pas une SSII. C'est avant tout un éditeur de logiciels libres. Ses 4 logiciels « phares » sont OBM, LinShare, LinID et Petals. Elle propose également des services associés à ses propres logiciels et des services associés à d'autres logiciels libres. Elle développe aussi une offre de webstudio et de hosting.
Les équipes d'Aliasource ont intégré LINAGORA en 2007. Ainsi entre 2007 et 2010, le transfert de compétence et la courbe d'apprentissage des équipes de LINAGORA ont été très importants. Par ailleurs les départs se sont étalés dans le temps et n'ont pas eu lieu en une fois."
[NDLA : les départs des principaux responsables se sont effectués entre août et octobre 2010 et l'ensemble des personnes mentionnées dans l'article avaient quitté Linagora avant le printemps 2011, comme le montre leur historique de Commit au code OBM ainsi que leurs profils Linkedin. une partie d'entre eux a d'ailleurs travaillé pour d'autres sociétés avant de rejoindre Blue Mind en 2011 et 2012. Le départ massif est d'ailleurs confirmé en pointillé par cette interview du co-fondateur de Linagora à nos confrères de Toolinux (aux environs de 8mn 10s)].
"OBM aujourd'hui à LINAGORA c'est :
- une équipe d'un peu plus d'une dizaine de personnes à la R&D pour la « Core Team » qui travaillent sur la version actuelle d'OBM et qui sortiront la version 3.0 en septembre prochain ;
- environ 15 personnes qui travaillent sur les nouvelles générations de notre produit ;
Soit plus de 25 personnes dédiées directement à OBM
- une petite équipe qui assure l'intégration et le support.
En tout, ce sont près de 40 personnes qui ne font que de l'OBM."
[NDLA : un elarge partie de ces personnes travaillent en fait sur OpenPaas, l'offre de plate-forme de Linagora, présentée comme le futur d'OBM. En l'état, seuls 8 développeurs ont contribué du code à OBM sous forme de commit au cours des trois derniers mois. Notons toutefois que le rythme des commit est soutenu, ce qui montre que le produit est bien vivant, ce que l'article initial ne conteste pas...]
Linagora souligne aussi l'importance de la base installée qui compterait plus d'un demi-million de BAL. L'éditeur cite notamment comme références : "
- Police nationale : 130 000 utilisateurs ;
- Ministère de l'Economie et des Finances : 130 000 utilisateurs ;
- Gendarmerie nationale : 90 000 utilisateurs ;
- Armée de l'air : 60 000 utilisateurs ;
- Université de Nanterre-Paris Ouest La Défense : 40 000 utilisateurs ;
- Université Paris IV La Sorbonne : 25 000 utilisateurs ;
- Inserm : 18 000 utilisateurs ;
- Ministère de la Culture : 12 000 utilisateurs ;
- Ministère de l'Agriculture : 8 000 utilisateurs."
Linagora digère mal l'épisode Blue Mind
A propos de Blue Mind, Alexandre Zapolsky souligne que Linagora a entamé des poursuites contre la société. Il estime notamment que " la création de Blue Mind s'est effectuée en contradiction avec la clause de non concurrence spécifiée dans le protocole d'accord signé entre les vendeurs d'Aliasource et LINAGORA et que Blue Mind utilise du code OBM dans son produit."
"Il est savoureux de noter que Blue Mind est qualifié d'éditeur qui monte comme s'il était parti de zéro", indique Linagora. "Il semblerait qu'il y ait une très grosse ressemblance entre le code source de son logiciel et celui d'OBM. Mais il reste aux spécialistes à regarder les deux codes, à comparer et à se prononcer. A LINAGORA nous avons notre petite idée sur le sujet ;-)". Et d'ajouter "Par ailleurs, nous nous interrogeons sur le respect par Blue Mind du droit d'auteur et des droits de propriété intellectuelle qui s'appliquent aussi aux logiciels libres ?".
[NDLA : si OBM est pour l'essentiel développé en PHP, Blue Mind est pour l'essentiel développé en code Java et JavaScript. Une partie de la bataille porte, semble-t-il, sur le module de synchronisation Outlook/ActiveSync OPush, dont OBM revendique la paternité sous licence Affero GPL. Ce passage en licence Affero date toutefois de la v2.4 du produit, sortie en mars 2011, ce qui veut sans doute dire qu'il n'affecte pas les codes antérieurs sous GPL. Or, dans le cas d'OPush, une bonne partie des développements sont antérieurs à l'année 2011]
"A LINAGORA, nous avons obtenu la labellisation de 2 projets dans le cadre des Investissements d'Avenir. Cela représente un financement de près de 3,5 millions d'euros" indique Alexandre Zapolsky. Et de s'interroger enfin sur le nombre de clients de Blue Mind non débauchés parmi les clients historiques d'OBM...
[NDLA : l'Auteur réaffirme ne jamais avoir rencontré l'équipe de Blue Mind et n'avoir pas cherché à rédiger un article à charge contre Linagora pour mettre en avant son concurrent. Comme indiqué dans l'article initial, c'est le communiqué de presse maladroit visant Zimbra qui a déclenché l'envie d'en savoir plus sur OBM et son développement. Une curiosité, qui de fil en aiguille, a mené à la découverte du départ de la totalité de l'équipe initiale d'OBM, qui rappelons-le avait rejoint Linagora suite à l'acquisition d'AliaSource en 2007. Pour le reste, l'auteur ne peut que saluer la volonté de Linagora de se transformer en éditeur de logiciel et de réaliser ses développements en France, quand nombre de sociétés cèdent à la facilité d'outsourcer en Inde ou en Europe de l'Est. Et il ne peut aussi que se réjouir de voir que la France compte désormais deux éditeurs actifs sur le marché du collaboratif et désireux d'en découdre avec les géants américains du secteur. Tout en avouant sa profonde indifférence quant au type de licence utilisé, pour peu que les utilisateurs s'en satisfassent.]