Fabrice Sarlat, Devoteam : "la bourse du Cloud pour en finir avec la complexité de ce marché"
Parmi les premiers partenaires de la bourse du Cloud que Deutsche Börse prévoit d'ouvrir début 2014 figure Devoteam. Son directeur de l'offre Cloud transformation nous explique les raisons qui ont poussé la la SSII française à s'impliquer dans ce projet. Et le rôle que compte jouer la société.
Devoteam fait partie des premières sociétés partenaires du projet de bourse du Cloud dévoilé la semaine dernière par Deutsche Börse. Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans ce projet ?
Fabrice Sarlat : Nous pensons que le marché du Iaas est appelé à devenir un marché de commodités. La maturité technique a significativement progressé, même si l'adoption n'est pas encore au niveau. Nous sommes persuadés qu'un marché ouvert, où les entreprises bénéficieront de garanties en termes de conformité, est susceptible de faire progresser l'adoption chez les grands comptes, notamment dans le stockage. Car les entreprises rencontrent de nombreux freins dans la mise en œuvre des offres Cloud - gestion de la diversité des SLA, clauses de réversibilité des données, sécurité des informations -, ce qui freine la mise en production. Souvent, quand un projet de Cloud est lancé, les opérationnels sont les starting-blocks, mais le règlement des questions juridiques liées à la contractualisation requiert énormément de temps. L'objectif de la bourse du Cloud de Deutsche Börse consiste à instaurer une sorte de standard, y compris dans les API, permettant d'éliminer cette complexité que le marché à créé.
Quels rôles jouera Devoteam sur ce marché ?
F.S. : Principalement deux. D'abord, Devoteam va permettre la mise en place de la technologie Zimory (éditeur allemand partenaire technologique de Deutsche Börse, NDLR) chez les producteurs et les consommateurs de services Cloud. Devoteam est ainsi un intégrateur de Zimory Connect, le connecteur qui permet de relier un producteur ou un consommateur à la place de marché. Nous travaillons en ce moment à l'intégration de la technologie chez un consommateur en Allemagne. Et avons amorcé un projet en France avec un producteur. D'autre part, Devoteam jouera un rôle de gestionnaire de capacités pour ses clients, qui nous délégueront le pilotage de leurs activités sur la place de marché. Ces opérations seront gérées depuis notre centre spécialisé dans l'outsourcing, situé à Castres.
Les standards de cette future bourse du Cloud sont-ils déjà connus ?
F.S. : En tant que membre du programme "early adopter", nous participons à des ateliers sur la définition des standards. La Deutsche Börse prenant en charge le lobbying auprès des autorités européennes (la Commission travaille à un contrat type pour le Cloud, NDLR). Au sein de la bourse, projet que l'opérateur boursier allemand mûrit depuis près de trois ans, un catalogue d'offres standards sera imposé aux producteurs de services Cloud. Chaque producteur pourra y ajouter une spécificité, comme la localisation des données ou des services complémentaires en matière de réversibilité ou d'effacement des données. Signalons au passage que les consommateurs d'offres pourront eux aussi devenir des producteurs, en revendant leurs capacités inutilisées à certaines périodes.
Comment l'initiative est-elle accueillie par vos clients grands comptes ?
F.S. : Ceux qui ont déjà lancé des projets dans le Iaas - souvent via des Clouds privatifs - y voient un intérêt manifeste, car ils se sont heurtés aux problèmes légaux que soulèvent les contrats des fournisseurs. La bourse du Cloud constitue pour eux une opportunité de relancer une dynamique aujourd'hui bloquée. Pour les entreprises moins avancées, la concrétisation de ce projet montre la maturité grandissante de ce marché.
En termes de prix, la référence sur le marché du Iaas est aujourd'hui AWS (qui vient d'annoncer ce jour de nouvelles baisses de prix). Les offres européennes réunies au sein de la bourse du Cloud seront-elles compétitives ?
F.S. : Difficile d'avoir une réelle visibilité sur ce sujet. Par contre, la place de marché devrait renforcer la concurrence, donc contribuer à modérer les prix. Ce marché est aujourd'hui foisonnant et devra probablement se rationaliser. Aujourd'hui, beaucoup de capacités Cloud ne sont pas amorties. Dans un premier temps au moins, il est probable que les producteurs de services voudront voir ces capacités utilisées, quitte à rogner sur leurs marges. Malgré tout, il faut garder à l'esprit que la place de marché proposera des services - sécurité, géolocalisation, etc. - que les fournisseurs américains n'offrent pas. Ce qui entraînera un surcoût.