La bourse du Cloud : une alternative à Amazon et Google?
En pleine affaire Prism, qui voit les grands noms américains de l'IT éclaboussés par le système d'écoutes de la NSA, l'opérateur boursier allemand Deutsche Börse annonce un marché du Cloud, en partenariat avec un éditeur spécialisé dans l'orchestration de services Iaas. Une occasion pour les SSII européennes de prendre pied sur le marché du Cloud public ?
L'opérateur de marchés boursiers Deutsche Börse Group annonce le lancement d'une bourse du Cloud pour début 2014. Ce marché vise à mettre en relation des acheteurs et des vendeurs de Cloud pour le trading de services informatiques (puissance de calcul et stockage). Pour ce faire, l'opérateur de la bourse de Francfort s'est associé à l'éditeur berlinois Zimory, qui propose des outils de gestion des services Iaas via une API ouverte. La Deutsche Börse prévoit d'ouvrir son marché Cloud des deux côtés de l'Atlantique (Francfort et New York) en février ou mars prochain. Avant de proposer des services similaires en Asie (via Singapour) dans le courant 2014.
L'objectif de cette initiative ? Permettre aux utilisateurs du Cloud de s'affranchir des négociations contractuelles avec les fournisseurs, négociations qui atténuent les avantages affichés du Cloud, et de passer simplement d'un fournisseur à l'autre. Comme l'explique le Pdg de Zimory, Ruediger Baumann, à nos confrères de GigaOM "il s'agit d'un marché où les fournisseurs de ressources de calcul et de stockage pourront afficher leurs capacités disponibles, de manière standardisée". Le service reposera sur une interface d'orchestration qu'acheteurs et vendeurs devront installer et qui permettra de relier les deux parties après la conclusion d'un deal.
Raccourcir la signature de contrats
Zimory a déjà expérimenté son concept auprès de cinq entreprises (vendeurs et acheteurs), parmi lesquels figurent T-Systems (la filiale de l'opérateur allemand Deutsche Telekom) et le Français Devoteam, et bâti son interface pour les acheteurs. L'éditeur prévoit désormais de développer les interfaces permettant de relier la place de marché à des outils comme vCloud Director (VMware), OpenStack et Hyper-V (Microsoft), les environnements de virtualisation les plus courants présents dans les datacenters des fournisseurs de services Iaas. Dans un communiqué, Franck Strecker, responsable du Cloud chez T-Systems, explique que la bourse du Cloud va "permettre de proposer des offres Iaas standardisées à nos clients actuels mais aussi à des clients futurs comme les fournisseurs de services Saas". A noter que la standardisation envisagée prend en compte les capacités bien sûr, mais également les niveaux de service (SLA) et la localisation des datacenters.
Bien entendu, l'opérateur de marché, Deutsche Börse Cloud Exchange AG (une co-entreprise entre la bourse allemande et Zimory), prélèvera une commission sur chaque opération. Selon Ruediger Baumann, ce pourcentage restera "10 fois inférieur à l'actuel processus de commandes dans le Cloud, qui prend entre un an et un an et demi". Les deux partenaires promettent, avec leur marché ouvert, la mise en place de contrats "en moins de 60 secondes".
Le lancement de ce marché ouvert de services Iaas constitue une alternative aux grands fournisseurs de Cloud, comme Amazon, Microsoft et Google. Autant d'acteurs récemment mouillés dans le scandale Prism, une affaire qui pourrait bien refroidir les ardeurs des clients européens sur les plates-formes Cloud gérées par des sociétés américaines. En se regroupant sur une place de marché neutre, les SSII européennes pourraient constituer une alternative aux mastodontes américains du Cloud Computing. A condition de se montrer compétitif en termes de tarifs.