Database 12c : Oracle veut réaffirmer son leadership dans les bases de données
Bousculé dans son domaine de prédilection par les bases de données nées du monde Internet et par l'offensive de SAP avec Hana, Oracle réplique avec 12c. Une version de sa base de données conçue pour le Cloud.
Un peu en catimini, Oracle 12c, la nouvelle version de la base de données de l'éditeur américain, est devenue hier disponible en téléchargement. La release 1 des versions Linux et Solaris (en éditions Standard, Standard One et Enterprise) est sortie de la phase des bêta tests, sans qu'Oracle n'organise pour l'heure un événement pour ce qui apparaît pourtant comme une version majeure de sa base de données.
Cette Database 12c (c pour Cloud) inclut en effet une fonction appelée "pluggable databases", permettant à une instance de la base Oracle de contrôler d'autres bases de données. Objectif : créer un pool de ressources adapté aux usages du Cloud et du Big Data, en offrant notamment des capacités de montée en charge qu'attendent les organisations. Selon Larry Ellison, le Pdg d'Oracle qui a détaillé quelques unes des avancées de 12c lors de l'annonce des derniers résultats trimestriels de la société, la nouvelle version se destine notamment aux applications Saas, grâce à cette fonction "pluggable databases" qui revient à amener le multitenant au niveau de la base de données.
Traditionnellement, les prestataires de services Saas mutualisent l'applicatif entre différents clients, mais conservent les données dans des bases séparées, souvent virtualisées. La nouvelle option proposée par Oracle (une option payante qui ne sera pas incluse dans la maintenance) permettra de simplifier l'administration des architectures multitenant tout en maintenant l'isolation des données entre clients, avance Oracle. L'option multitenant sera proposée à 17 500 $ par processeur. A noter : selon l'éditeur, il est possible de connecter des bases existantes (après mise à jour vers la version 12c *) à cette nouvelle architecture. Par ailleurs, Oracle précise que cette dernière ne nécessite pas de modification dans les applicatifs. Précisons toutefois qu'en l'état, cette architecture semble incapable de prendre en charge toute autre base que 12c, constat qui vaut aussi pour MySQL pourtant dans le giron d'Oracle depuis le rachat de Sun.
Gestion automatique des données chaudes et froides
Dans un livre blanc, Oracle détaille longuement les avantages de cette architecture en terme d'administration de systèmes : simplicité d'application des patchs et mises à jour, réduction des tâches de sauvegarde, gestion facilitée de la redondance et de la haute disponibilité, provisioning et clonage rapides, gestion des niveaux de service à un niveau consolidé, etc.
Lors de l'annonce des résultats trimestriels de sa société, Larry Ellison avait promis que la sortie de 12c se traduirait par des accords avec des fournisseurs majeurs du Cloud. De facto, cette semaine, Microsoft puis Salesforce ont tour à tour annoncé des accords avec l'éditeur de base de données. Le premier autorisant notamment le déploiement de 12c sur Azure. Le second confirmant son partenariat technologique avec Oracle, alors que la rumeur prêtait plutôt à Salesforce l'intention de s'éloigner de l'éditeur.
Au-delà de cette fonctionnalité conçue sur mesure pour les besoins du Saas, Oracle explique fournir des technologies prenant en compte la fréquence d'usage des données, ce qui permet d'adapter les infrastructures de stockage aux besoins. Aux données chaudes les matériels les plus performants, tandis que les données froides sont déportées vers des infrastructures moins performantes, donc moins chères. Un concept que met également en avant SAP au sein de sa Real Time Data Platform qui combine sa base de données In-Memory (donc ultra-rapide) Hana aux bases héritées de Sybase, notamment ASE. Oracle précise proposer dans 12c un outil automatisant les compressions et le choix du support de stockage en fonction de la "température" des données (combinant leur âge et leur fréquence d'utilisation). Cet outil permet aux administrateurs d'établir des règles en la matière.
A la poursuite de SAP Hana
A noter que, à l'instar de SAP, Oracle s'engage dans une fusion des mondes OLTP et OLAP. L'éditeur propose dans 12c une palette de fonctions facilitant l'utilisation de la base de données dans les applications analytiques, y compris avec des technologies Big Data comme Hadoop. "Plutôt que de déplacer sans cesse des données de datawarehouses vers des datamarts et des serveurs spécialisés, les clients peuvent consolider les données de l'entreprise et les Big Data (données externes comme les logs, les données de réseaux sociaux, etc., NDLR) dans un datawarehouse supportant la BI et les besoins analytiques de tous les utilisateurs", explique l'éditeur dans un second document.
Une démarche qu'Oracle devrait encore approfondir lors de la sortie d'une future version de la base de données maison, promise par Larry Ellison pour la fin 2013. Selon le Pdg, celle-ci sera basée sur du stockage en colonnes et l'utilisation de la mémoire vive (plutôt que du stockage sur disque). Bref une réponse directe à l'offensive que mène SAP dans les bases de données. Ce sont en effet sur ces deux caractéristiques que l'éditeur allemand base son discours depuis 2011, date de la sortie de sa plate-forme Hana.
* : proposée en direct depuis 11g release 1 et 2 et 10g release 2