La consumérisation de l’IT s’installe aussi dans l’aéronautique
Aux côtés des grandes signatures de contrats d’avionneurs et de leurs sous-traitants, le Salon International de l’Air et de l’Espace du Bourget est également l’occasion de faire le point sur l’utilisation de l’informatique dans l’aéronautique. Cette année, comme dans les autres secteurs industriels, l’usage toujours plus important de technologies issues du grand public est frappant.
Dans les allées ou sur le tarmac du SIAE (Salon International de l’Air et de l’Espace) du Bourget, les visiteurs s’attendent à voir des avions, des hélicoptères, des moteurs ou des câbles. Et les drones attendus sont des modèles de combats ou civils de belles tailles, et non des jouets. Et pourtant, pour cette 50 e édition, sur les stands et dans les chalets, les visiteurs à l’affut de nouveautés informatiques se sont vus présentés des capteurs Kinect ou Leap Motion, des smartphones Samsung ou les drones de la société Parrot. En effet, comme les autres secteurs de l’industrie, la consumérisation de l’IT touche également l’aéronautique. Ici, il ne s’agit pas de s’accommoder du BYOD, mais bien de proposer de nouveaux usages professionnels ou à destination des clients finaux en réutilisant des technologies issues du grand public.
De la gestuelle pour les interfaces de communication
Le premier usage où cette consumérisation est visible est l’interface de communication. Ainsi, Altran a présenté un concept de contrôle aérien utilisant une interface 3D avec un contrôle vocal et gestuel utilisant des produits du commerce, en l’occurrence un PC dédié au jeu vidéo Alienware avec une carte graphique 3D et un capteur Kinect. L’intégrateur aide déjà le contrôle aérien britannique et proposera ce système pour aider à la formation, initiale comme continue, des contrôleurs. Le superviseur instructeur peut ainsi très facilement jouer des scenarii différents et les réenregistrer pour un débriefing , et attribuer, d’un mouvement de la main, les avions aux différents aspirants contrôleurs.
Chez Eurogiciel, c’est le capteur de mouvement Leap Motion, plus petit et moins cher que Kinect (89 $ sur Amazon) qui est mis à contribution. La société, avec ses partenaires aéronautiques, dont EADS, cherche à définir des gestes non équivoques et simples qui pourront être utilisés pour une nouvelle interface de contrôle de systèmes complexes (lancement de satellites, modélisation 3D de pièces ou de procédures de maintenance, etc.) Thalès s’intéresse également au contrôle gestuel, mais également au contrôle par le suivi oculaire. Il y voit deux usages : l’un militaire dont les applications –liées au pilotage- restent confidentielles et l’autre civil qui servirait à l’IFE (In-flight Entertainment) et permettrait aux passagers de premières classes et de classe business de contrôler plus facilement leurs systèmes de divertissement en vol sans s’encombrer de fil. Les premiers modèles devraient arriver d’ici à 18 mois en cabine.
Des tablettes et des smartphones pour plus de productivité
Le deuxième usage de la consumérisation est également l’intégration de plus en plus importante des tablettes et smartphones dans les procédures aéronautiques. Equert, filiale d’Eurogiciel, spécialisée dans la qualité, dote ainsi peu à peu ses inspecteurs de Taqtil, une application tournant sous Android (et en l’occurrence sur des Samsung Galaxy S3 et S4). Elle permet à l’inspecteur de valider directement toutes les étapes d’une procédure de contrôle, mais également de lier directement la photo d’un défaut d’une pièce à la bonne fiche incident. Le but est d’augmenter la productivité des inspecteurs en les débarassant de la retransciption informatique - chaque soir - des informations notées en journée à la main et avec un appareil photo indépendant. Fonctionnant offline, Taqtil se connecte en fin de journée et envoie les informations déjà dans le bon format. L’inspecteur peut également s’en servir pour consulter les données déjà disponibles sur le client et les parties à inspecter. Et si les iPad ont déjà fait leurs entrées dans les cockpits des pilotes d’Air France, en lieu et place de la malette de documentation (17 kg !) depuis septembre dernier, Altran propose sa propre solution à base de tablettes Microsoft Surface Pro et des PC hybrides. Quant à Thales, il propose avec son système AVENT, d’accéder en vol au programme de loisir diffusé par l’appareil sur la tablette personnelle des passagers, via une application dédiée ou le navigateur en passant par une connexion sans-fil ad hoc. American Airlines et Qatar Airways ont déjà signé pour adopter cette solution sur certains de leurs vols.
Des drônes jouets à la cartographie de précision
Autre acteur remarqué du salon, Parrot, célèbre pour ses casques d’écoute sans fil et ses drones jouets, avait son stand en plein milieu de la « statique » (l’espace en plein air où stationnent avions, hélicoptères et lance-missiles présentés au public). Ici, outre une chorégraphie remarquée de ses drones jouets, les AR Drone 2, Parrot présentait également le résultat de son achat de 60 % des parts de Sensefly, une start-up suisse spécialisée dans le drone civil de cartographie. Le dernier modèle, l’eBee (vendu 30 000 francs suisses), a une autonomie de 45 minutes et permet, couplé au logiciel Pix4D, de réaliser des cartographies en 3D d’un lieu avec une précision de 5 centimètres en trois heures. Ce qui peut servir à obtenir rapidement des informations sur l’étendue d’une catastrophe naturelle, ou à mesurer l’avancement de l’exploitation de carrières et de mines à ciel ouvert au quotidien. Commercialisé depuis 6 mois, l’eBee se vend au rythme de 60 pièces par mois.