La Chine se réinstalle au pinacle du classement des supercalculateurs
La publication du dernier classement mondial des supercalculateurs « Top500 » a officialisé le passage de témoin du leadership mondial des États-Unis vers la Chine. Dans un marché en forte croissance, les Etats-Unis conservent toutefois, et de très loin, le leadership mondial en matière de puissance installée.
Comme nous l’écrivions la semaine dernière, c’est le cluster Tianhe-2 de l’université nationale des technologies de défense (NUDT), installé au centre informatique de Guangzhou, qui s’impose comme le nouveau champion mondial du HPC avec un score LinPack de 33,86 petaflop/s, soit quasiment deux fois la performance de son suivant immédiat le cluster Titan du laboratoire national d’Oak Ridge (ministère américain de l’Energie). Tianhe-2 est le second cluster chinois à figurer au premier rang mondial après Tianhe-1A en novembre 2010 (ce dernier, avec une performance évaluée à 2,5 petaflop/s, figure toujours au 10 e rang mondial).
Tianhe-2 est un cluster assemblé par interconnexion de 16 000 nœuds bi-socket Xeon E5 « Ivy-Bridge » avec chacun 64 Go de RAM - épaulés par 48 000 cartes accélératrices Xeon Phi (soit 384 000 cœurs Xeon E5 et plus de 2,7 millions de cœurs Xeon Phi). Le bus d’interconnexion utilisé a été développé par le NUDT et s’appuie sur une topologie de type Fat-Tree.
Le système occupe 125 racks et près de 720 m2 de surface au sol. Il consomme 17,6 mégawatts (MW) en crête. En frontal du cluster, NUDT a installé des nœuds de service motorisés par des puces Feiteng 1500 (FT-1500). Ces puces sont des processeurs Sparc v9 de classe UltraSparc T développées par le NUDT en s’appuyant sur les designs du projet OpenSparc (on se souvient que Sun avait publié le code de ses puces Sparc T2 en open source et que ce design avait servi de base à des enseignements sur les microprocesseurs en Chine). Les puces FT-1500 sont gravées en technologie 40nm, disposent de 16 cœurs et sont cadencées à 1,8 GHz.
Les Etats-Unis accueillent toujours près de 50% de la puissance installée mondiale
Derrière Tianhe-2, le cluster Titan d’Oak Ridge (Opteron + Nvidia Tesla K20) n’occupe plus que la seconde place du classement avec 17.59 petaflop/s. Il est suivi par Sequoia, un autre cluster du ministère de l’Energie, situé au sein du laboratoire Lawrence Livermore. Le Top 5 mondial des supercalculateurs est complété par le cluster japonais K de l’institut Riken (à base de Sparc64 VIIIfx) et par un autre cluster BlueGene/Q, le Mira des laboratoires Argonne du ministère de l’Energie US.
Le premier cluster français, conçu par Total Exploration Production à base de nœuds x 86 SGI Altix X, pointe à la 11 e place avec une puissance de 2,098 petaflop/s et il devance le cluster Curie du CEA/Genci (1,35 Petaflop/s), à base de nœuds Bull Xeon, désormais relégué à la 15 e place mondiale, et le cluster Tera100 du CEA/DAM (1,05 Petaflop/s), désormais 25e.
Globalement 48,8% de la puissance installée des 500 premiers clusters mondiaux est située aux États-Unis, contre 32,9% en Asie et 17,4% en Europe. La première économie de la planète, l’Union européenne, affiche donc toujours un important train de retard en matière de puissance de calcul, malgré les efforts consentis dans le cadre du projet européen PRACE.
Le marché des supercalculateurs ne connaît pas la crise
La publication du classement Top500, à l’occasion de la conférence ISC de Leipzig, a aussi été accompagnée de la publication par IDC de son observatoire du marché HPC pour le premier trimestre 2013. Selon le cabinet d’étude, le marché mondial des supercalculateurs a atteint 2,5 Md$ au premier trimestre, en hausse par rapport aux 2,4 Md$ de l’an passé. Les livraisons de serveurs sur le marché HPC ont bondi de 16,4% alors que dans le même temps le marché mondial des serveurs reculait de 3,9%, selon le cabinet.