540 licenciements chez HP
Dans la lignée des annonces européennes du groupe, les 540 licenciements chez HP France ne constituent pas une réelle surprise. Mais il trouve sur sa route des organisations syndicales déjà mobilisées par les précédentes restructurations, notamment celle suivant la fusion avec EDS. Les représentants du personnel dénoncent les délocalisations dans les pays à bas coût que masque ce plan social. Et veulent se battre sur l'ampleur de la restructuration et sur les mesures d'accompagnement.
Déterminés. Au lendemain de l'annonce d'un nouveau plan social chez HP France, après de premières mesures prises en octobre dernier et touchant surtout EDS, les organisations syndicales du groupe américain dénoncent un plan qu'elles jugent injustifié. Selon un représentant de la CFE-CGC, la France "est un des pays qui s'en sortent le mieux dans le groupe. Les revenus baissent certes, mais l'activité reste profitable". En écho, François Godard, délégué CFDT, explique à l'AFP : "Contrairement à une bonne partie de l'industrie française, Hewlett-Packard n'est pas en difficulté financière, il y a une baisse conjoncturelle certes, mais l'entreprise continue à faire des bénéfices et des marges considérables".
Dans une interview à l'AFP, Yves de Talhouët, Pdg de HP France, explique de son côté : "le groupe a constaté une baisse de son chiffre d'affaires produits (imprimantes, PC, serveurs, stockage...) d'environ 20 % au premier trimestre de l'exercice (novembre à janvier), une baisse qui s'est accentuée ces derniers mois". Et d'ajouter : "Lorsqu'on se projette, on ne perçoit pas de facteur susceptible de modifier cette tendance", d'autant que les prix de vente ne cessent de baisser, selon le dirigeant.
Un plan qui cache des délocalisations dans les pays offshore ?
"Au niveau géographique, tous les sites seront touchés, mais aucun ne fera l'objet d'une fermeture", a précisé Yves de Talhouët. Dans le détail, le plan concerne deux des trois entités du groupe dans l'Hexagone. C'est HP Centres de Compétences France (CCF), qui regroupe des activités à vocation internationale (support, marketing, développement), qui paie le plus lourd tribut, avec 15 % des effectifs supprimés (360 sur 2480 de source syndicale). Des coupes qu'un représentant syndical de cette entité analyse en partie comme une volonté du groupe de délocaliser ces activités dans les pays à bas coût. Et de citer le centre de production de Grenoble parti en Roumanie ou la R&D autour d'un produit Peregrine (éditeur racheté par HP) délocalisée en Chine. Pour Jean-Paul Vouiller, délégué syndical central de la CFTC, "on assiste à une double logique : réduire la voilure pour s'adapter aux conditions de marché et faire disparaître des emplois jugés chers pour les recréer dans des pays à bas coût. On pense que, sur les 1 000 emplois qui seront supprimés au total chez HP-EDS (540 chez HP et 580 chez EDS), 150 résultent de ces délocalisations".
Baisse des salaires : mesure mort-née |
En annonçant hier un nouveau plan social, HP France a tué dans l'œuf l'autre mesure décidée par le groupe pour réduire ses coûts fixes : la baisse de salaires. Après leurs managers, les salariés de EDS suivis de ceux de HP doivent recevoir un courrier les invitant à accepter une réduction de leur rémunération (Pour les cadres, 5 % du salaire de base ; pour les non-cadres, 2,5 %). Avec le plan social en ligne de mire, les volontaires ne devraient pas se bousculer, d'autant que cela réduirait leurs indemnités éventuelles. D'autant que les managers de HP France, déjà sollicités, ont été nombreux à refuser de voir leur salaire amputé. Dans son mail aux salariés datant de mi-février et justifiant cette mesure de réduction des salaires, le Pdg de HP, Mark Hurd, la présentait comme une alternative à des coupes claires dans les effectifs du groupe. Ce n'est pas précisément ainsi que le vivent les salariés français du groupe. |
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EDS : le contrat Alcatel-Lucent va sauver des emplois
Egalement touché par le plan, HP France, qui regroupe les activités pour l'Hexagone, notamment commerciales, subit lui un dégraissage d'un peu moins de 10 % de ses effectifs (180 postes supprimés sur 1 900). Reste le cas d'EDS. Pour la direction, la réorganisation et la mise en œuvre du plan social (580 postes) sont conditionnées au transfert des quelque 600 personnes de HP appelées à rejoindre la branche services du groupe en France. Un transfert dont les conditions sont contestées par les organisations syndicales devant le tribunal administratif de Nanterre. L'audience, prévue ce 26 juin, vient justement d'être reportée au 30 septembre.
D'ici là, la direction pourrait bien réserver une bonne surprise aux salariés dEDS. A l'AFP, Yves de Talhouët a ainsi indiqué que "ce chiffre (de 580) n'est plus pertinent et devrait être ajusté à la baisse dans les deux à trois semaines qui viennent". Une révision qui résulte surtout du contrat d'externalisation de l'informatique d'Alcatel-Lucent remporté par HP il y a quelques jours. L'annonce de la taille du plan social affectant EDS France devrait être effectuée le 30 juin, lors du comité d'entreprise de l'entité.
Un plan de retraite maison pour les seniors ?
Deux jours plus tard, le 2 juillet, la direction ouvrira des négociations avec les organisations syndicales portant surtout sur les mesures d'accompagnement du plan social. En plus de sauver des emplois, Jean-Paul Vouiller (CFTC) indique vouloir éviter en priorité les départs forcés, et affirme sa vigilance sur la gestion du volontariat et sur les mesures en faveur des seniors. Lors des précédents plans sociaux du groupe, ces derniers avaient bénéficié de plans de retraite maison. "Ces seniors espèrent aujourd'hui que HP paiera tout ou partie de leur salaire jusqu'à la retraite", explique le délégué syndical, qui indique que 1 300 salariés ont plus de 50 ans chez HP-EDS (l'âge où débutaient les mesures spécifiques lors du plan précédent). 400 employés ont plus de 55 ans.
Reste que la mise en œuvre de ces mesures d'accompagnement dépend de la répartition des suppressions d'effectifs sur les différents sites de HP, répartition qui n'est pas connue pour l'heure. "On veut éviter les licenciements secs, mais aujourd'hui, on n'est pas sûr que ce soit possible", indique-t-on à la CFE-CGC.
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