Top 100 des éditeurs européens : la croissance est au rendez-vous en 2008
Une industrie qui résiste à la crise - tout au moins en 2008 - malgré les rachats opérés par les éditeurs américains en son sein. Le Top 100 des éditeurs européens, que sort la société de capital-risque Truffle Capital, montre le dynamisme du logiciel sur le Vieux Continent. Même si, trop éclaté, ce marché peine à donner naissance à de vrais champions mondiaux. A quelques exceptions près.
Etudes sur l'industrie logicielle : En dévoilant hier, en partenariat avec PAC et PwC, une étude portant sur le Top 100 des éditeurs français, l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciels) a devancé d'une courte tête Syntec Informatique, la chambre patronale des éditeurs et SSII. Associée au cabinet CXP et à Truffle Capital (société de capital-risque), cette dernière publie ce jour le classement des 100 premiers éditeurs européens. L'édition n'aura jamais été autant auscultée...
A une échelle continentale, les constats sont toutefois assez similaires que ceux dressés pour l'Hexagone. Avec un marché fortement tiré par quelques mastodontes de dimension mondiale. Ainsi le Top 3 - SAP, Sage et Dassault Systèmes - représente 46 % de l'activité des 100 premiers éditeurs du continent. Et 37 % pour le seul spécialiste allemand des PGI. Si on excepte ce trio, et également Software AG (4ème), le classement répertorie plutôt des éditeurs à vocation européenne ou présents sur des niches très ciblées.
19 Français dans les 100 premiers |
eDassault Systèmes, Axway, Cegid : trois Français figurent dans le Top 20 du classement européen de Truffle. Le premier éditeur hexagonal n'étant d'ailleurs plus très loin de ravir la seconde marche du podium à Sage, alors que 500 millions d'euros environ séparaient encore les deux éditeurs en 2007. Au-delà de ces trois porte-drapeau, 16 autres éditeurs français figurent dans les 100 premiers éditeurs du Vieux Continent, mais la moitié d'entre eux après la 70ème position. Globalement, le chiffre d'affaires cumulé des "Frenchies" compte pour 15 % du Truffle 100, alors que l'Hexagone concentre 12,9 % de la population de l'Europe. |
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Les 41 premiers - deux de plus qu'en 2007 - dépassent toutefois la barre symbolique des 100 millions d'euros de chiffre d'affaires pour leur activité logicielle (certains groupes ont des profils diversifiés comme les Français Sopra ou GFI).
Croissance amputée de moitié par les rachats
"Cette nouvelle édition est marquée par le rachat de sociétés par des groupes américains, mieux armés pour résister en période difficile. Retraitée des acquisitions de sociétés européennes par des éditeurs américains, la croissance aurait été presque 2 fois plus importante", commente Bernard-Louis Roques, directeur général et co-fondateur de Truffle Capital. Un phénomène qui a amputé le Top 100 européen d'environ 500 millions d'euros.
Si ce phénomène de concentration semble s'être ralenti depuis quelques mois, Bernard-Louis Roques anticipe une reprise de ces opérations dans les prochains mois : "Tous les paramètres sont là. Le marché boursier est fermé pour les entrepreneurs européens et les grands leaders américains disposent d'énormes réserves de liquidités. En plus, le marché européen constitue pour eux une voie de diversification, qui réagit différemment aux crises comme l'ont montré les derniers mois, avec, qui plus est, une devise forte".
2008 : déjà un comportement de crise
In fine, avec 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires cumulé, l'activité des 100 premiers éditeurs européens progresse de 3 % en un an. Un rythme à comparer aux 10,3 % de progression de l'année dernière. Certainement, pour partie, l'effet de la crise qui a rattrapé le logiciel en fin d'année dernière. Même si, pour 2009, les éditeurs restent globalement confiants, estimant à 76 % que leur chiffre d'affaires augmentera au cours de cette année. Tandis que le quart restant s'attend à une stagnation.
Si le chiffre d'affaires du Top 100 stagne un tantinet, les bénéfices, eux, continuent à s'envoler, passant de 3,2 milliards d'euros en 2007 à 3,6 milliards. Soit 11 % de mieux. "Même moins touchés que d'autres industries, le logiciel a eu dès 2008 un comportement de crise", note le co-fondateur de Truffle. Un serrage de vis qui touche les budgets R&D, en recul de 3 % sur un an (à 3,6 milliards d'euros). Sans toutefois affecter les effectifs dédiés à la recherche, qui restent en croissance. Un paradoxe apparent qui peut s'expliquer par le recours à des développements offshore (ce qui fait baisser le coût unitaire d'un ingénieur spécialisé dans la R&D) et par la réutilisation de composants Open Source, permettant d'abaisser les budgets dédiés à la recherche.
En 2008, les 100 premiers éditeurs européens employaient 212 000 employés, dont 52 000 personnes spécialisées sur la R&D.
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Comme l'explique Viviane Reding, commissaire européenne en charge de la société de l’information, dans l'édition 2009 du Truffle 100, le Small Business Act, qui, sur le modèle américain, permet de réserver une partie des marchés publics aux PME du logiciel, a été approuvé par le Conseil de l'Europe en décembre dernier. "Mais il ne s'agit que d'un cadre général, estime Bernard-Louis Roques, directeur général et co-fondateur de Truffle Capital. Chaque pays doit, sur cette base, définir son propre texte. Et, en France, il n'existe pour l'heure aucune volonté politique de le faire". |