Mise à jour : les salariés d'Atos ont failli écrire à Sarkozy
Plus de 3 000 grévistes selon l'intersyndicale d'Atos-Origin. La mobilisation de ce 4 mars au sein de la SSII est le signe des tensions en interne sur la question du quasi-gel des salaires. Des tensions exacerbées par la rémunération du Pdg Thierry Breton. Même si l'intersyndicale, qui s'est organisée pour l'occasion, avance en ordre dispersé. Comme en témoigne l'affaire de la vraie-fausse lettre au Président Sarkozy.
Mise à jour le 5 mars à 15 h.
"Monsieur le Président, (...) Nous voudrions attirer votre attention sur la situation des salariés d'Atos Origin, entreprise de services en informatique dirigée par M. Breton que vous connaissez". Ainsi débutait la lettre ouverte publiée hier sur le site de l'intersyndicale d'Atos (CFDT, CGT, FO et Unsa), à l'occasion de la demie journée d'action au sein de la SSII - pour protester contre le gel des salaires chez Atos-Origin (ci-contre un logo créé à l'occasion de ce mouvement). Sauf que, selon le DRH groupe de la SSII Jean-Marie Simon, cette lettre n'a pas reçu l'approbation des quatre syndicats présents, la CFDT et FO n'ayant pas donné leur aval. Selon un délégué Unsa, cette centrale n'avait pas non plus validée la lettre. "Mais ce projet de lettre ouverte à Nicolas Sarkozy n'est pas abandonné", insiste-t-il.
De facto, la lettre ouverte, que nous avons téléchargée dans la journée du 4 mars, a été retirée du site de l'intersyndicale hier en fin d'après-midi. C'est la publication d'une première version de cet article qui a motivé l'appel de Jean-Marie Simon et de Philippe Mareine (secrétaire général d'Atos-Origin) à la rédaction, ces derniers demandant la dépublication de notre article (ce que nous avons refusé), puis une version mise à jour (ce que nous avons accepté après avoir vérifié leur version auprès de syndicalistes).
Polémique sur la rémunération de Thierry Breton
"Dès que nous avons vu ce document, nous avons alerté les organisations syndicales pour leur dire que cette lettre contenait des éléments diffamatoires", explique Jean-Marie Simon. "Thierry Breton (le Pdg d'Atos-Origin) ne touchera pas l'intégralité de sa rémunération variable en 2009 (soit 1,2 M€, ndlr). De même, affirmer que sa rémunération totale atteindra 4 M€ en 2009 est grotesque. Sa rémunération totale sera inférieure à celle de ses prédécesseurs, Philippe Germond et Bernard Bourigeaud, comme le montrera notre rapport annuel 2009".
Dans le fameux projet de lettre, les syndicats illustraient en effet le sentiment de deux poids deux mesures ressenti par les salariés avec ces chiffres portant sur les émoluments de Thierry Breton. "Atos Origin affiche de bons résultats. Les salariés n'en bénéficient pas. Visiblement, on ne peut à la fois assurer de super salaires aux dirigeants et appliquer une politique salariale équitable pour tous", est-il écrit dans ce document.
La direction fait un geste pour freiner le mouvement
Malgré ce couac, l'intersyndicale présente la journée de mobilisation du 4 comme un succès. Selon une déléguée syndicale CFDT, la mobilisation, touchant les différents sites de la SSII en France, est donc "réussie". Et d'annoncer plus de 400 grévistes à Grenoble, 300 à Seclin, 300 à La Défense, 170 à Blois, 200 à Bordeaux, 150 à Nanterre, etc. Sur son blog, l'intersyndicale estime que le nombre de grévistes dépassait les 3 000 (sur environ 15 000 salariés en France). La direction, elle, avance un chiffre de 2 230 grévistes déclarés.
Un total qui donne du poids aux revendications des syndicalistes dans un secteur des services informatiques où les mobilisations restent souvent très timides. Même si la direction est - semble-t-il - parvenue à désamorcer en partie le conflit en promettant, le 3 au soir, de porter l'augmentation salariale de 0,45 à 1 % au minimum. Le versement de cette enveloppe est toutefois conditionné à l'atteinte de critères économiques "non précisés pour l'instant", remarque la CFDT. Et ne s'appliquerait que début juillet, en fonction des résultats du groupe sur le début de l'année.
Les dirigeants d'Atos-Origin promettent aux salariés de nouvelles discussions au mois de juin sur la question des salaires. Et ont par ailleurs garanti aux personnels de Wordline, la filiale spécialisée dans les transactions électroniques, le maintien de leur prime d'intéressement et de leur statut spécifique, autres points cristallisant la grogne au sein de ce fleuron du groupe.
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