Tech@Work 2010 : HP mise sur les lames pour sa nouvelle génération de serveurs Unix

A l'occasion de sa conférence Technology@Work qui se tient à Francfort, HP a annoncé la disponibilité de ses nouveaux serveurs d'entrée de gamme Unix à base de puces Itanium 9300 "Tukwila". Une génération de machines qui s'appuie sur l'architecture de châssis lames BladeSystem et promet des performances en hausse à des tarifs jusqu'à 40% inférieurs à ceux de la génération antérieure. Le produit d'un intense travail de réduction des coûts mais aussi une réaction à l'agressivité tarifaire d'IBM et à la menace représentée par les serveurs à base de puces Xeon 7500.

 bladesystem c7000unix
Les nouveaux serveurs itanium d'HP s'insèrent dans les châssis
BladeSystem existants (ici le BladeSystem c7000)

Trois mois à peine après le lancement par Intel des processeurs Itanium 9300 «Tukwila» à quatre coeurs, HP a profité de l’ouverture de sa conférence utilisateur Technology@Work à Francfort pour dévoiler sa nouvelle gamme de serveurs Unix utilisant ces processeurs. Et pour cette nouvelle génération, HP, a comme prévu, misé sur une architecture 100% basée sur des lames. En fait, le constructeur a dévoilé deux architectures de serveurs lames Itanium différentes lors de Tech@Work. L’une, d’entrée de gamme, basée sur l’actuel châssis  BladeSystem c7000, accueille indifféremment des lames x86 et Itanium. Tandis que l'autre, très haut de gamme, s'appuie sur un tout nouveau châssis, le c9000, conçu pour accueillir les lames constitutives du nouveau fleuron de la gamme, le SuperDome 2. Dans cet article, nous nous concentrerons sur l’entrée de gamme, avant de traiter plus avant le cas du SuperDome 2 dans un second article.


Une nouvelle offre d’entrée de gamme entièrement modulaire


HP l’avait laissé entendre et le constructeur a tenu parole. A l’exception d’un unique modèle rack 2U bi-socket, le rx2800, sa nouvelle offre d’entrée et de milieu de gamme Unix s’appuie sur une architecture modulaire à base de lames. Et plutôt que de réinventer la poudre, HP a choisi de réutiliser ses châssis éprouvés, les BladeSystem c3000 et c7000. Résultat, les serveurs actuels au format 4U (rx3600) et 7U (rx6600) sont remplacés par des configurations à 6U et 10U, mais offrant une densité bien supérieure (jusqu’à 64 coeurs processeurs dans une enveloppe de 10U et 32 coeurs dans 6U contre un maximum de 8 précédemment dans les 7U occupés par le serveur quadri-sockets Integrity rx6600).

Côté lames, HP annonce 3 configurations différentes baptisées BL860c i2, BL870c i2 et BL890c i2. Mais dans la pratique, l'intégralité de l'offre s'appuie sur une unique lame pleine hauteur, la BL860c i2 - un châssis BladeSystem c7000 peut contenir 8 lames pleine hauteur ou 18 lames demi-hauteur. La lame BL860c i2 accueille deux processeurs Itanium 9300 «Tukwila» et jusqu’à 96 Go de RAM (le serveur dispose de 24 slots pour DIMM DDR3 et accepte les DIMM 8Go, donc HP a introduit une limitation qui reste à expliquer). La partie entrées/sorties est gérée par la puce Intel 7500, un «chipset» qui fournit notamment 32 voies PCI-express (sans doute réparties en 1x16 voies et 2x8 voies). S’inspirant des designs d’IBM avec ses lames Opteron, Xeon HX5 et Power7, HP a conçu un système ingénieux, le Blade Link, qui permet d’agréger deux ou quatre lames ensemble afin de constituer des systèmes SMP de plus grande capacité (d'où la présence au catalogue de deux configurations, l'une à deux noeuds et l'autre à 4 noeuds, respectivement baptisées BL870c i2 et BL890c i2).

 

lame i2 bl860c

Une lame BL860c i2 avec en face avant le connecteur permettant de jumeler plusieurs lames via le Blade-Link.


 
Le principe est d'une simplicité biblique. En théorie, le bus QuickPath des puces Itanium permet de concevoir des systèmes octoprocesseurs sans avoir à développer de chipset spécifique (une propriété similaire à celle du bus hypertransport des Opteron). Pour exploiter cette capacité, les lames BL860c i2 disposent d’un système de connecteurs en face avant sur lequel on peut clipser un système d’assemblage, qui assure l’interconnexion de 2 à 4 lames via le bus point à point QuickPath. En assemblant jusqu'à 4 lames, ce système permet de réaliser un serveur comprenant jusqu’à 8 processeurs Itanium et 384 Go de RAM. Notons par ailleurs que le fait de s'appuyer sur les châssis BladeSystem existants permet aux nouvelles lames i2 de supporter l’ensemble de l’infrastructure réseau fournie cette fois-ci sur l'arrière par le châssis BladeSystem, et notamment la technologie Virtual Connect Flex-10 pour la mutualisation et la virtualisation des entrées/sorties réseaux ainsi que toute l’infrastructure existante de cartes mezzanine (cartes Ethernet, cartes FC, cartes Raid) et de commutateurs.

 

Integrity i2 BL860c Blade-Link

Vision en éclaté d'une lame BL870c i2, avec en facade l'attache Blade-Link permettant de jumeler les deux
lames BL860c i2 qui, une fois réunies, donnent naissance au BL870c i2


Des serveurs annoncés comme plus rapides, mais sans plus de précisions


Selon HP, les nouveaux serveurs Integrity i2 sont jusqu’à neuf fois plus rapides que les systèmes qu’ils remplacent. Un chiffre à prendre toutefois avec des pincettes puisque HP n’a fourni aucun élément sur les spécifications des serveurs utlisés pour parvenir à ce chiffre. De mémoire de journaliste, c’est d’ailleurs la première fois en dix ans qu’HP lance des systèmes Unix sans fournir aucune indication précise sur leurs performances. Le constructeur n’a ainsi publié aucun résultat de benchmarks lors de l’annonce, se contentant de mentionner le résultat de tests internes conduits en février. Gageons toutefois que cette position ne pourra être tenue longtemps et qu'HP publiera tôt ou tard des résultats de benchmarks. On saura alors comment les nouveaux venus se comparent aux derniers serveurs rack et lames Power7 de Big Blue mais aussi aux derniers serveurs x86 à base de Xeon 7500 et d'Opteron 6100.

Des lames Xeon 7500 réutilisant le Blade-Link ?
Le système de Blade-Link pourrait ne pas rester confiner aux seules lames Itanium. Même si HP s’est refusé à le confirmer de façon ferme, Martin Fink, le patron des serveurs critiques d’HP a confirmé qu’un tel système fonctionnerait aussi avec des lames à base de Xeon 7500. Reste que pour l’instant, HP est l’un des rares constructeurs, avec Oracle, à n’avoir pas dévoilé officiellement de systèmes à base de cette puce.
Les systèmes Xeon 7500 d'HP sont pourtant prêts. Une session sous NDA - accord de confidentialité - animée par Jeff Kyle, d’HP, était ainsi au programme de technology@Work hier avec au menu les futurs serveurs x86 à 8 sockets d’HP. Mais nous avions déjà quitté la conférence. Gageons que la firme ne voulait sans doute pas que les Xeon 7500 volent la vedette aux serveurs Itanium. Il ne serait donc pas étonnant que l’on assiste à un lancement de serveurs lames Xeon 7500 réutilisant le concept du Blade-Link d'ici à l'été, en plus des habituels serveurs rack.
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A n’en pas douter, les nouvelles machines devraient apporter un bol d’air bienvenu à des systèmes Itanium qui commençaient à pâtir de leur âge. Seul l’avenir permettra toutefois de dire si cela suffira pour endiguer la montée en puissance des architectures x86 et pour contrer les systèmes Power7 lancés récemment par Big Blue ainsi que les futurs systèmes UltraSparc T3 attendus chez Oracle à l’automne. Notons à propos de ce dernier que, tout en chantant les louanges du partenariat avec Oracle, les différents interlocuteurs d’HP avec lesquels nous avons pu discuter à Tech@Work évoquaient les serveurs Unix d’Oracle comme s’ils étaient morts et enterrés, ce qui est sans doute vendre la peau de l’ours un peu tôt...

Les lames i2 sont disponibles immédiatement à la vente et HP devrait commercialiser les lames BL860c i2 à partir de 6 490$. Le serveur BL870c i2 à deux lames jumelées et un Blade Link à deux connexions sera commercialisé à partir de 13 970 $, tandis que le BL890c i2 (quatre lames et un Blade-Link à 4 connexion) sera proposé à partir de 30 935$. A titre de comparaison, l’actuel rx 6600 quadri-sockets est proposé à partir de 43 000 $. Côté système d’exploitation, les nouvelles machines supportent bien sûr HP-UX 11i v3, mais aussi OpenVMS v8.4, Suse Linux et Microsoft Windows Server 2008 pour Itanium.


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