Syntec Informatique : Guy Mamou-Mani veut unir la voix du numérique
Après 7 ans de présidence de Jean Mounet, c'est Guy Mamou-Mani, le co-président de la SSII Groupe Open, qui prend les rênes du syndicat patronal. Avec pour programme d'unifier la voix des SSII, des éditeurs et des sociétés de conseil en technologies au sein d'un syndicat représentant tout le secteur du numérique. Sans oublier sa volonté de réformer le droit de travail pour l'adapter à ce qu'il présente comme des contraintes spécifiques des métiers IT.
En dénouement d'une campagne électorale animée, Guy Mamou-Mani, 53 ans, (en photo) a été élu ce matin président de Syntec Informatique, la chambre patronale des SSII et des éditeurs. Le co-président de Groupe Open a devancé, dans les votes des administrateurs de l'organisation, son rival Thierry Siouffi, DG de Logica France. Guy Mamou-Mani était déjà président de la commission Développement de l'organisation.
Après sept ans de règne de Jean Mounet, le vice-président de Sopra, Syntec Informatique a donc choisi celui qui apparaissait plutôt comme le challenger. Pour la première fois depuis longtemps, l'organisation a connu une campagne animée et incertaine. La semaine dernière, lors de l'assemblée générale de Syntec Informatique, chacun des deux candidats comptait ses soutiens en vue d'une scrutin rendu incertain par l'élection de nouveaux administrateurs lors de cette assemblée générale (11 postes sur 29 ont été renouvelés).
Créer un grand syndicat du numérique
Autre phénomène inédit : dans une organisation volontiers taiseuse sur son fonctionnement interne, Guy Mamou-Mani n'a pas hésité, par voie de blog, à rendre public son programme et à mener campagne à la sauce 2.0. Un pari finalement payant, son rival ayant lui fait le choix de réserver ses priorités aux membres de Syntec Informatique. Le programme du nouveau président de l'organisation a fixé comme priorité de mieux représenter les intérêts de toutes les composantes du secteur - notamment des éditeurs et des sociétés de conseil en technologies - afin d'unir la voix du secteur du numérique en France. "Au terme de ma campagne, je voudrais insister une dernière fois sur l’importance du mouvement fédérateur que je compte créer. Petites ou grandes SSII, régionales ou parisiennes, éditeurs, intégrateurs ou sociétés de conseil en technologies, français ou internationaux, nous avons tous un intérêt commun : affirmer le positionnement de l’innovation et des services dans notre pays", écrivait ainsi Guy Mamou-Mani sur son blog en début de semaine, parlant d'un grand syndicat du numérique. De facto, aujourd'hui, en plus de Syntec Informatique, la voix du logiciel en France est aussi portée par l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciels), créée en octobre 2005, justement parce que certains éditeurs trouvaient que leurs préoccupations n'étaient pas assez entendues par Syntec Informatique. Idem pour le Geicet (Groupement européen d'ingénierie et de conseil en technologies), créé en avril 2006 pour représenter les sociétés de conseil en technologies.
"Alors que les éditeurs représentent 30 % du marché, ils n’adhèrent pas suffisamment au Syntec Informatique," écrit le nouveau président dans son document programmatique lui aussi disponible en ligne. "Ce secteur, comme celui du conseil en technologies, en a tiré les conséquences en termes de non représentativité, tant en nombre d'adhérents qu'au sein du Conseil d'Administration. Du coup, sont apparus de nouveaux acteurs (référence à l'Afdel et au Geicet, NDLR). Si chaque secteur d’activité de notre profession crée sa propre structure syndicale, c’est la profession dans son ensemble qui en sortira affaiblie".
Le retour du contrat de mission ?
Guy Mamou-Mani a également fait du volet social un de ses chevaux de bataille. Et d'évoquer sans ambages une "modification du droit du travail à travers une législation ou des accords de branche spécifiques à nos métiers", ainsi qu'une "modernisation de la convention collective". Un volet du programme qui rappelle furieusement le "contrat de mission" qu'avait tenté de pousser Syntec Informatique voici quelques années, se heurtant à l'époque à un tir de barrage syndical. "Nous connaissons des périodes de forte demande, donc de recrutement massif, auxquelles succèdent des périodes de décroissance. Faute de flexibilité, la France, contrairement à d’autres pays, court le risque de voir les entreprises de notre secteur renoncer à recruter même en période de forte demande. Ce n’est certainement pas ce que souhaitent nos gouvernants. S’ils veulent que nous demeurions un des secteurs les plus dynamiques en terme de recrutement, qu’ils nous permettent d’adapter notre outil de production aux baisses cycliques et de disposer d’une soupape de sécurité quand le marché se retourne", écrit le nouveau président de Syntec Informatique dans son programme. Une vision qui pourrait bien annoncer une nouvelle épreuve de force avec les syndicats.
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