Logiciel de paie Louvois : "un désastre", selon Le Drian
Le logiciel de paie des militaires continue à générer des erreurs. Même si le plan d'action mis en place permet de pallier les difficultés des soldats et de leur famille, le ministère travaille à une solution plus définitive. L'abandon de Louvois ?
En début de semaine, à l'occasion d'une visite du centre d’expertise des ressources humaines et de la solde (CERHS) de Nancy, Jean-Yves Le Drian n'a pas mâché ses mots concernant Louvois, un logiciel gérant la paie des militaires (Louvois signifie Logiciel unique à vocation interarmées de la solde) dont les bogues à répétition empoisonnent la vie des ministres de la Défense successifs. L'actuel détenteur du portefeuille a qualifié ce projet fleuve (Louvois a démarré... à la fin des années 90), visant à rationaliser la paie des militaires au sein d'un système unique, de "désastre".
Le ministre a toutefois loué les efforts du centre de Nancy et ceux de la cellule d'appels de Rambouillet, travaillant en coordination pour pallier les errements de Louvois et remédier aux situations d'urgence que le logiciel crée chez les militaires et leurs familles. Rappelons que le ministère de la Défense a mis sur pied un numéro vert et débloqué un fonds de 30 M€ pour faire face aux situations difficiles créées par le logiciel. Selon le ministre, le taux de réponse aux questions atteint désormais 98 % alors qu'il n'était que de 20 % lors du lancement du plan d'action ministériel. Autre motif de satisfaction : la diminution du nombre de dossiers à régulariser - il n'en resterait que 387 contre plusieurs dizaines de milliers au lancement des actions correctives.
"Un puits sans fond"
Bref, le ministère semble avoir réussi à mettre en place un plan d'urgence. Reste la question centrale : le progiciel pourra-t-il être réparé pour ne plus générer d'erreurs ? Le système "n’est pas encore fiabilisé. Il faut à chaque mois vérifier les flux et les anomalies de flux, et au fur et à mesure des expertises, on aboutit à régler les problèmes les uns après les autres", a reconnu le ministre. Pour Jean-Yves Le Drian, Louvois s'apparente donc à "un puit sans fonds". "Demain, vous allez avoir à régler la mission de retour des trop-versés", a ajouté le ministre. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le DRH de la Défense, Jacques Feytis, a en effet expliqué que les dérapages de Louvois avaient conduit à verser 106 millions d’euros en trop aux militaires. Sommes qui vont devoir être récupérées, tout en gérant l'impact de ces trop-perçus sur l'imposition des personnels concernés.
Dans un audit remis en janvier dernier au ministre, Christian Piotre, le chef du Contrôle général des armées, a ouvert la porte à un abandon pur et simple de Louvois, préconisant "un retour provisoire à (…) l’ancien calculateur". Un rétro-pédalage qui nécessiterait entre dix et quatorze mois de travail, selon le Contrôleur général des armées. "Il y aura une fin. Et le plus vite possible", a promis le ministre aux personnels du CERHS, sans toutefois préciser à quoi ressemblerait cette fin et si elle se traduirait par l'abandon du logiciel maudit.
Le retour à l'ancien calculateur permettrait à la Défense d’attendre le raccordement au SI-Paye de l’Opérateur national de paie (ONP), une mutualisation de la paie des 1,3 million de fonctionnaires que compte le pays qui prévoit la prise en charge des personnels du ministère (militaires inclus) en octobre 2016. Sauf que le projet ONP est lui aussi mal embarqué...