Diplômés, certifiés, embauchés : la mécanique bien huilée de formation aux métiers des réseaux

Depuis 2001, près de 100 000 personnes en France ont été formées aux arcanes des réseaux, du routage, de la commutation, via le dispositif CNA déployé par Cisco. Un exemple de partenariat avec l'enseignement supérieur et les lycées, mais aussi avec le monde de la formation de reconversion. Dont le résultat se mesure aux débouchés métiers qu'il assure.

Au campus de Luminy de l'université d'Aix-Marseille, à l'été prochain, plus d'une centaine d'étudiants de cursus réseaux et télécoms (de bac+2 à l'IUT, à bac+5 à l'UFR Sciences) sortiront diplômés et certifiés techniciens ou administrateurs réseaux. Entendez : reconnus capables de déployer, programmer, maintenir, dépanner et sécuriser des réseaux d'entreprise. Tous potentiellement embauchés dès l'automne, si l'on en croit le suivi statistique des enseignants. « Au niveau master, 100 % sont placés dans les six mois ; et pour les licences pro entre 70% et 100% – selon les promos – dans les douze mois », constate Roland Depeyre, maître de conférence associé. Compte tenu des 110 étudiants du département réseaux de l'IUT, dont une large majorité poursuit les études, ce sont quelques 200 étudiants qui, cette année encore, ont profité du programme de cours (280 heures officiellement, dont 60 h de travaux pratiques) relevant du partenariat public-privé conçu et entretenu par Cisco sous l'intitulé de Cisco Networking Academy (CNA). 

Le même scénario se répète depuis 2001 sur le campus de Luminy, pionnier du CNA en France. Qui, grâce à ce partenariat, et du fait de son statut de relais national au sein du dispositif de Cisco (académie régionale), a accueilli la formation de formateurs (d'autres universités, lycées ou écoles d'ingénieurs) mais aussi étoffé son offre de formation continue. Avec pour personnels formés, notamment, ceux de la Régie des transports de Marseille, de France Télécom, de Spie ou des collectivités locales (via un partenariat avec le conseil général des Bouches-du-Rhône). 

Un contenu pédagogique adaptable 

Là est précisément la force du dispositif déployé par Cisco : un même contenu pédagogique, formant aux arcanes théoriques et pratiques des réseaux, du routage, de la commutation. Accessible – même – à des lycéens. « A l'origine, les cours ciblaient plutôt le niveau technicien supérieur, bac+2 minimum. Nous le proposons maintenant aux élèves de seconde ou de première de filières professionnelles. De même, le programme accompagne l'évolution des besoins du marché avec un volet de spécialisation sécurité », commente Christophe Dolinsek, responsable, depuis les débuts, en 2000, du CNA en France. Un contenu d'autant plus adaptable à divers publics (en formation initiale ou continue), que sa mise en pratique est certes facilitée par la mise à disposition de matériel Cisco, mais peut aussi s'appliquer au matériel d'autres constructeurs. Et surtout, il est laissé large liberté pédagogique aux enseignants/formateurs. Ce qui lève, du même coup, les possibles objections à une ingérence trop appuyée d'un fournisseur dans l'organisation des cursus. 

Un programme ni cadenassé : « Ce n'est pas une formation produit », assène-t-on de toutes parts. Ni figé : «Depuis 2001, à chaque nouvelle version, le contenu a évolué vers plus d'interactivité », témoigne Tin Nguyen, maître de conférences à l'IUT d'Aix-Marseille (département réseaux et télécom) et coordinateur de l'académie régionale CNA. Du e-learning hybride, donc, car encadré et laissant autant de place à l'assimilation des concepts de base qu'à la simulation et manipulation du matériel et logiciel en contexte réel. « Nous y veillons, quelque soit le public formé », insiste l'enseignant. Pas question – assure-t-il – de valider une préparation à la certification (les 4 niveaux d'initiation aux concepts de base de la réseautique, CCNA) sans ce passage obligé par la pratique. 

Une évidence pour Alexandre Jouffroy, 31 ans, dont la reconversion, après une courte carrière de militaire, est passée par la préparation d'un BTS maintenance et support informatique au Cesi (centre de formation en alternance) d'Arras, assortie de la formation Cisco (CCNA) répartie sur quatre semestres. Ce qui l'a mené, deux ans plus tard, après un licenciement économique et un passage test en statut d'informaticien solo, à faire valoir les compétences acquises et certifiées, pour retrouver un emploi. Et si, dans son emploi actuel chez Scasicomp, intégrateur de solutions de stockage, sauvegarde et archivage, son activité de support client l'amène plus particulièrement à travailler sur la partie stockage, l'acquis des heures passées sur « le packet tracer » de Cisco (simulateur d'infrastructure réseau) reste un bagage utile. 

Une communauté de pratiques

De plus, si pour les établissements partenaires et leurs étudiants, l'accès au contenu CNA est gratuit, c'est néanmoins au travers d'un partenariat bien cadré, incluant le suivi qualité des formateurs. Soit, au total, un programme menant à une certification professionnelle (sans obligation de passer l'examen de certification) qui sert de référence à la sphère des « pro » du réseau (les constructeurs concurrents inclus), et constitue, de ce fait, un véritable visa pour l'emploi. 

D'autant plus que, selon Christophe Dolinsek, l'évolution du dispositif inclut désormais les partenaires revendeurs et les entreprises susceptibles d'embaucher des spécialistes réseaux. Des employeurs qui, en toute logique, sont motivés par le fait qu'ils y trouvent un vivier formé, sans qu'ils aient eu à débourser les quelques milliers d'euros que peut coûter la préparation d'un technicien ou ingénieur réseau à une certification. « Nous avons cherché à reboucler le tout sur les débouchés », explique le responsable. Journées de « speed dating » de recrutement, site d'emplois spécialisé (rubrique « jobs » du portail netacadadvantage.com) servant de plus de support media pour des échanges à l'international : tous les moyens sont bons pour entretenir l'effet « communauté de pratiques ». Y compris pour les enseignants. « Cisco fournit l'infrastructure. L'épine dorsale, ce sont les formateurs et les utilisateurs du CNA qui ont permis d'améliorer le tout au fil des ans», reconnaît Christophe Dolinsek. 

26 000 personnes formées en 2011 

Le large déploiement du programme en atteste par ailleurs. Avec cette année encore, de nouveaux ralliements de partenaires « plutôt du côté de la formation continue », précise le responsable. Depuis 2001, date de son lancement effectif en France, quatre ans après les Etats-Unis, la quasi-totalité des IUT concernés (départements réseaux) ont rejoint le dispositif, ainsi que 90% des cursus universitaires relevant de cette spécialité, 75 lycées professionnels, une quinzaine d'écoles d'ingénieurs, une dizaine d'écoles dépendant des Chambres de commerce et d'industrie, l'école d'officiers de l'armée de l'air et, plus récemment, celle de l'armée de terre, et 53 centres du réseau de formation professionnelle Afpa. L'équipe Cisco, dont Christophe Dolinsek, ayant participé à la concertation pour la refonte du BTS SIO (Services informatiques aux organisations) bouclée en 2011, 100% de ces cursus bac+2 dispensent désormais les formations CNA. Au total, quelques 500 enseignants et formateurs, répartis dans 317 établissements, sont dans le circuit. Qui ont relayé le programme auprès de 26 000 « apprenants » en 2011, un effectif en augmentation de 17% par rapport à 2010. Trois-quarts des étudiants, dont un sur deux est allé jusqu'à la certification, sont persuadés (d'après 73% des réponses à une étude Harris Interactive menée en juin-juillet dernier auprès de 1492 d'entre eux) que cette formation facilite (ou a facilité) leur insertion professionnelle.  

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