IMPACT 2013 : avec MessageSight, IBM pousse l'internet des objets dans les entreprises
A l’occasion de l’édition 2013 de sa conférence IMPACT, IBM a présenté son appliance MessageSight, dont la particularité est de permettre aux entreprises d’orchestrer tous les messages générés par les objets connectés ainsi que par les terminaux mobiles. Une première implémentation hardware du protocole MQTT.
Dans le contexte ultra-connecté de l'Internet des objets et des terminaux mobiles, comment peut-on relier toutes ces connexions, s'est interrogé Robert Leblanc, le senior vice-président du middleware d'IBM, en ouverture d'Impact 2013, alors qu'apparaissait sur scène la Ford Fusion, un "data center roulant" motorisé par 16 millions de lignes de code et des centaines de capteurs.
A droite, Robert Leblanc, vice président du middleware chez IBM. A gauche, Vijay Sakaran, directeur du développement d'applications chez Ford, au côté de la Ford Fusion, ce "datacenter roulant"[/caption] Cette mise en scène, assez théâtrale, est une illustration parfaite des intentions d'IBM en matière de gestion des données et informations générées par les milliards d’objets connectés qui nous entourent.
La solution, telle que la voit IBM est qu'il a présenté lors d' Impact 2013 a pour nom MessageSight, une appliance dont la vocation est de donner la possibilité aux entreprises de gérer les déferlantes d'échanges et de messages entre objets, entre terminaux, de capteurs à capteurs, et de les digérer sous forme de services utiles. Un cerveau pour le M2M en somme, empaqueté dans une boite, qui doit, outre accélérer le traitement des données de l'Internet de l'objet, permettre de faciliter l’intégration des traitements dans les processus des entreprises - étendre les outils de messaging existants.
Au coeur de cette appliance, figure une implémentation du protocole MQTT (Message Queuing Telemetry Transport), une technologie développée par IBM et l'Italien Eurotech - et fraîchement élevée au rang de standard auprès de l'Oasis. Sa mission : orchestrer les mécanismes propres au M2M et à l'Internet des objets. Surtout, ce protocole se distingue par sa prise en compte des spécificités même de ce secteur très tendance : les messages en volume, leur échange en temps réel et leur dimension bi-directionnelle.
Avec ce nouveau standard, MessageSight est capable de gérer 1 million d'objets ou de capteurs en simultané, et d'absorber jusqu'à 13 millions de messages par seconde, nous explique IBM. Vous avez dit Big Data ? Cette appliance, au format 2U, repose certes sur des standards matériels, mais « pour optimiser les performances nécessaires, nous avons également du y ajouter des composants matériels propriétaires, pour augmenter les performances », résume James Macnair, qui s'occupe des ventes dans la division webSphere, présent à Impact 2013. Le stockage repose sur une technologie SSD.
Côté connectivité, MessageSight propose ainsi 8 ports à 1 Gbe et 4 ports 40 Gbe. Les SSD, chiffrés, ont notamment été intégrés pour conserver les messages si l’appliance devait être redémarrée ou arrêtée.
Accent sur la sécurité
L'appliance messageSight a été conçue logiquement pour être insérée directement dans la DMZ d’une entreprise, et donc exposée et connectée à Internet - Internet des objets oblige. L’accent a donc été mis sur la sécurité.
« Vous pouvez la placer directement dans la DMZ, car elle ne peut pas être modifiée. MessageSight peut certes être administrée par une console, mais nous utilisons un hardware et des SSD chiffrés ainsi qu’un OS particulier, sans accès possible des utilisateurs. Le système de fichiers ne peut également pas être modifié », explique John Samuel en charge de la gestion du programme bêta de MessageSight, un autre responsable croisé à Impact 2013.
En clair, MessageSight peut être placée dans la zone la moins sécurisée du réseau de l’entreprise. Le firmware est également chiffré et signé par IBM. De plus, « l’appliance ne traite jamais les messages, elle ne les ouvre pas. Elle se contente d’automatiser et orchestrer leurs traitements », insiste encore John Samuel.
Remplacer HTTP dans le M2M
Mais surtout, ce que vient proposer IBM avec MessageSight, c’est également une façon de ré-architecturer l’Internet des objets. Grâce à sa conception sous forme d’appliance, Messagesight permet aux entreprises de se doter et de déployer rapidement le protocole MQTT dans leur système de messaging existant. Et de baser enfin leurs systèmes M2M sur une technologie adaptée, MQTT, et non plus HTTP.
«HTTP n'a jamais été conçu pour cela. Ce protocole est ancré dans une génération. Avec MQTT et cette appliance, vous pouvez communiquer en permanence tout en conservant l'autonomie de la batterie», explique John Samuel. «Gérer cette quantité d'informations n'est pas possible avec HTTP. Combien de serveurs devrais-je mettre en place ? HTTP est certes un bon standard, mais ce protocole ne peut pas faire autre chose que ce qu'il sait faire aujourd'hui», renchérit plus tard James Macnair. Une douzaine d’entreprises ont participé au programme bêta, nous a apprend John Samuel. Si globalement, MessageSight est une appliance «cross-industries», les cas d’usage souvent mentionnés restent essentiellement dans les secteurs de l’énergie, des transports ou encore de la santé.
«Toutes les entreprises qui doivent composer avec un grand volume d'objets dans un environnement difficilement contrôlable », souligne-t-il. « L’environnement, par exemple, ou les entreprises du secteur de l'énergie, l'industrie pétrochimique, de gestion des pipelines…Les entreprises spécialisées dans l'éclairage, dans le transport ferroviaire pour la mise en place de système d'affichage et d'information en temps réel, ou dans la logistique pour la gestion d’une flotte de camions. »
Les scénarii sont nombreux. Un test sur le suivi de véhicules a par exemple été réalisé à Manhattan. Il s’agissait de suivre des milliers d'automobiles dans le quartier, de les connecter à une unique appliance, pour mettre en place des services de gestion de trafic associés à de la géolocalisation ainsi que des services de détection d'accidents. «Les constructeurs automobiles sont très intéréssés. Imaginez un service qui permette de débloquer votre voiture à distance si vous avez perdu vos clés!», ajoute encore James Macnair.