usedSoft et ses logiciels d’occasion s'installent en France
La société suisse usedSoft a ouvert en mars dernier une filiale en France. Ce spécialiste des logiciels d’occasion compte séduire les entreprises, les services publics, mais également les intégrateurs hexagonaux en agitant l’argument des économies de licences.
La société suisse usedSoft a ouvert en mars dernier une filiale en France. Ce spécialiste des logiciels d’occasion compte séduire les entreprises, les services publics, mais également les intégrateurs hexagonaux en agitant l’argument des économies de licences.
Sentant un marché en forte en progression, usedSoft, le spécialiste de la vente de logiciels de seconde main, a décidé en mars dernier de développer ses activités sur le sol français. A la clé, l’ouverture d’une filiale avec laquelle la société, née il y a 10 ans, entend attaquer un marché hexagonal, prêt pour la consommation de logiciels d’occasion.
usedSoft fait partie de ses sociétés dont le modèle économique repose sur le négoce de logiciels de seconde main. La société rachète aux entreprises les licences dont elles ne se servent plus, pour les revendre à d’autres entreprises à des prix plus bas qu’une licence neuve. Les versions revendues sont certes plus anciennes - jusqu’à n-2 - mais les entreprises ont la possibilité de réaliser des économies qui peuvent atteindre jusqu’à 70% du prix d’une licence neuve. Le calcul est le suivant : plus la version est ancienne, moins la licence est chère. Un point que nous avait expliqué le PDG de la société, Peter Schneider, lors d’un entretien avec la rédaction en mars 2010.
Ce marché toutefois ne s’est pas forgé sans encombre. Le parcours de usedSoft a en effet été semé d’embuches juridiques. La société a ainsi été trainée devant les tribunaux par des gros éditeurs, comme Oracle ou encore Adobe, voyant dans ce négoce, une menace pour leur précieux modèle.
Mais le contexte légal s’est éclairci à l’été dernier. En juillet 2012, la cour européenne de Justice a finalement tranché en faveur de usedSoft dans un procès intenté par Oracle. La cour a ainsi estimé que le droit d’épuisement - la base juridique du commerce de logiciels d’occasion - d’un logiciel était également valable pour les logiciels ayant été téléchargés sur Internet.
Mais ce n’est pas tout. Car début 2013, le dernier verrou juridique a explosé. La cour d'appel de Francfort sur le Main, dans le cadre d’un procès cette fois-ci intenté par Adobe, a considéré que «la revente de licences individuelles acquises dans le cadre d'un contrat de licence en volume ne permettait pas de conclure à une division illicite». La revente de licences, acquises à l’origine sous en contrat de volume, devient donc légale. De quoi ouvrir une voie royale à UsedSoft. «Depuis la décision de la Cour de Justice de juillet 2012, toutes les barrières juridiques sont levées. Il n’y a plus d’ambiguité et plus de procédures en cours. Nos clients ainsi que les vendeurs sont désormais rassurés, alors qu’en 2009, les réticences étaient encore nombreuses», explique François-Xavier Beauval, responsable commercial pour la France.
Plus de 200 clients en France
C’est donc dans ce climat juridique détendu que la société suisse débarque sur le marché français. «Cette filiale est la première dans un pays non-germanophone», indique François-Xavier Beauval. UsedSoft revendique en effet quelque 4 000 clients en Suisse et en Allemagne - son marché historique le plus important -, mais s’était déjà donné les moyens commerciaux d’étendre son réseau à la France depuis quelques années. Aujourd’hui, nous assure-t-il, l’hexagone est donc le second pays derrière l’Allemagne avec déjà plus de 200 clients dans tous les secteurs d’activités. La société n’a certes pas encore conquis les sociétés du CAC 40, qui «n’ont pas franchi le pas», mais compte à son portefeuille client des grosses ETI industrielles de province ainsi que des PME.
Autre client de la société, les administrations, comme les mairies, qui contraintes d’ajuster leurs budgets, réfléchissent à des alternatives aux modèles de licences classiques. usedSoft, dans ce cas, se positionne comme une alternative aux logiciels libres. Avec une présence officielle sur le sol français, UsedSoft pourra également être mieux positionné pour répondre aux appels d’offres publics. Le secteur public représente un vaste marché pour UsedSoft, confirme François-Xavier Beauval.
Des intégrateurs séduits
Enfin, et c’est un point clé pour entrer dans les parcs informatiques des entreprises en France, des intégrateurs - de taille moyenne et au niveau local - ont également intégré à leur panel de services des licences usedSoft pour les proposer à leurs clients. «Ils font face à des clients de plus en plus regardants par rapport aux budgets. Les logiciels de seconde main peuvent faire baisser les coûts d’un projet de l’ordre de 10 à 15%», lance François-Xavier Beauval. Aujourd’hui, en France, la demande du marché porte essentiellement sur des logiciels Microsoft, constate le responsable commercial, précisant que la notion de CAL (Client Access Licence) de l’éditeur de Redmond - licence qui donne le droit à un utilisateur d’accéder à un serveur Windows - «représente un coût phénoménal pour les sociétés».
Car si selon lui, les logiciels d’occasion permettent certes d’abaisser les coûts d’achats avec des licences moins chères - un bienfait dans un contexte de crise et de budgets restreints - , il apparait également que les entreprises deviennent de plus en plus dubitatives quant aux rythmes des mises à jour et des nouvelles versions imposées par les éditeurs. «Les entreprises se font moins d’illusions sur les nouvelles versions et leurs fonctionnalités. Leurs achats se justifient de moins en moins. Les DSI ont du mal à justifier l’achat de nouvelles licences tant d’un point de vue financier que d’un point de vue fonctionnel», explique-t-il. Soulignant ainsi un changement de structuration des budgets.
Aujourd’hui limité à un seul responsable commercial, Usedsoft entend étoffer son bureau français en recrutant des agents commerciaux qui auront pour mission la seule revente de licence. Le «sourcing», qui consiste à racheter les licences aux entreprises, sera effectué, quant à lui, à partir de l’Allemagne. Un dispositif avec lequel la société compte générer quelque 2 millions d’euros de CA en France. Avant d’étendre un peu plus ses ramifications au reste de l’Europe.